Nous ne savons pas au juste à quel point nous avons besoin de la poésie. Les
poètes le savent peut-être pour nous, quand nous les rencontrons. Nous sommes parfois en belle
compagnie, sans être séparés d'eux par l'écoulement du temps,
années ou siècles, quelle importance.
Prenez Walther von der Vogelweide dont le nom signifie festin des oiseaux. Ce poète allemand, chanteur
et vagabond, est né en 1170 et mort on ne sait pas trop quand, après 1228.
Il aimait la vie. Il eut parfois le « blues » lorsqu'il fut pris dans les tourments et les
vicissitudes politiques de son époque (mensonges et trahisons des puissants, retournements
d'alliance...). C'était le Moyen Age, une autre époque... Mais laissons un peu chanter
Walther von der Vogelweide :
« Hiver partout nous a grandement nui,
champs et forêt désormais sont jaunis
qui résonnaient jadis de tant de douces voix.
Que ne vois-je sur la route les filles encor se lancer
La balle ! Alors reviendrait le chant des oiseaux.
(...)»
Voici deux vers tirés d'un autre poème où il remet en cause l'amour courtois :
« Femme toujours aux femmes sera le premier titre,
et fera plus d'honneur que « dame », à ce que je sais. »
Un de ses plus beaux poèmes d'amour commence ainsi :
« Sous le tilleul
sur la lande
où fut notre couche à tous deux,
vous pourrez trouver,
joliment foulées,
et les fleurs et l'herbe.
(...)»
Si vous êtes curieux de connaître la suite, des plus charmante, vous la
trouverez page 31 dans l'Anthologie bilingue de la poésie allemande (édition établie
par Jean- Pierre Lefebvre, bibliothèque de la Pléiade). Tous les grands poètes de langue
allemande s'y trouvent, ceux dont on connaît parfois le nom de ce côté-ci du Rhin,
sans toujours les avoir beaucoup lus, comme Goethe, Schiller, Hölderlin, Heine, Rilke ou Celan. Mais il
faut aussi porter à la connaissance des amateurs de poésie, parmi bien d'autres, Hans Sachs
le cordonnier maître chanteur du 15e siècle, des poétesses, Catharina Regina
von Greiffenberg au 17e, Sophie Christiane Friederike Brun et Karoline von Günderode au
18e siècle.
Citons enfin Erich Mühsam, poète, anarchiste et acteur dans la Révolution allemande qui
éclata à la fin de la Première guerre mondiale. Son « Chant des soldats »
(page 981 de cette anthologie) se termine ainsi :
« Que plus jamais le lien des peuples
ne se rompe en guerre brutale.
Victoire à tous dans la bataille de chez lui !
Les frontières tomberont, et les pouvoirs aussi,
et le monde entier sera la patrie,
et le monde entier sera libre ! »
Mühsam est mort sous les coup des nazis au camp de concentration d'Oranienburg en 1934.
(extrait de la Lettre de notre bord du 15 décembre 2000)
Dans une lettre précédente, nous avions cité le poète germanique du Moyen Age, Walter von der Vogelweide. J'avais suggéré que son nom signifiait festin des oiseaux. Interprétation subjective et unilatérale. Merci à Richard G. de nous avoir transmis la note suivante sur Vogelweide :
« Le sens peut être multiple, selon le sens donné à Weid ou Weide :
- la chasse,
- Le saule ou l'osier,
- Le pacage, le pâturage, au sens propre, et au sens figuré : la pâture, la délectation ou le festin.»
(extrait de la Lettre de notre bord du 12 avril 2001)
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