Culture & Révolution

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Journal de notre bord

Lettre n°4 (15 décembre 2000)

Bonjour à toutes et à tous,

Il ne reste pas beaucoup de jours pour voir le spectacle de
la Compagnie Jolie Môme qui interprète deux textes du
" Camarade Prévert ", " le Tableau des merveilles " et
" la Crosse en l'air ", au théâtre de l'Épée de bois
(Cartoucherie de Vincennes) et qui est joué jusqu'au 24
décembre (sauf le lundi). Si vous avez l'occasion d'être à
Paris, c'est un spectacle certainement décapant à voir sans
hésitation. (Pour réserver des places appeler le (33)
0148083974). Par la même occasion nous vous signalons une
interview intéressante du metteur en scène de ce spectacle,
Michel Roger, dans le numéro de " Rouge " (hebdomadaire de
la LCR) qui vient de sortir.

Pour rester dans la couleur rouge, nous vous recommandons
fortement la lecture du dernier numéro (numéro double 15/16)
de la revue " Carré Rouge ". Elle se situe sur le terrain du
marxisme révolutionnaire. Son comité de rédaction n'est en
rien replié sur lui-même. Il souhaite les débats, ils les
organisent et ce dernier numéro en est le reflet vivant. A
partir de quelques thèmes de réflexion et d'analyses des
luttes, " Carré Rouge " et ses amis sont lancés dans un
" projet de recherche et d'élaboration politiques, projet
éclairé par l'objectif de la transformation socialiste de la
société ". On trouvera également dans ce numéro deux
analyses, l'une sur la Palestine et Israël et l'autre sur
l'île de la Réunion. (Pour se procurer cette revue ou des
numéros antérieurs, vous pouvez écrire à Carré Rouge, 34 rue
de Trévise, 75009 Paris, ou vous reporter à notre rubrique
liens).

Parmi nos amis, certains nous ont recommandé fortement des
recueils de nouvelles ou des romans courts qui ont été
édités ou réédités depuis un an. Sans attendre d'en donner
une critique, nous vous en donnons les références et vous
nous ferez part de votre avis : " Buzie ou Le Cantique des
cantiques " de Sholem Aleichem, écrivain juif ukrainien mort
en 1916 (Calmann-Lévy, 118 pages), " Tu, mio " d'Erri De
Luca, écrivain napolitain né en 1950 (Rivages poche, 140
pages), tous les romans et récits de l'écrivain égyptien
Albert Cossery réédités aux éditions Joelle Losfeld ("
Mendiants et orgueilleux ", " Un complot de saltimbanques ",
" La maison de la mort certaine ", etc.), " Inconnu à cette
adresse " de l'américain Kressmann Taylor (Éditions
autrement, 60 pages), " Histoires " d'Arno Schmidt, écrivain
allemand mort en 1979 (Tristram, 174 pages) et enfin " Une
canne à pêche pour mon grand-père " de Gao Xingjian (Aube,
110 pages). Pour l'anecdote, cet écrivain vient de recevoir
le prix Nobel de littérature ce qui, comme toutes les
distinctions honorifiques et rémunératrices, n'enlève rien
ni n'ajoute rien à son talent.

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Système immunitaire
Escrocs jamais trop
Les affaires sont les affaires
Nice very nice
Deboeliou
Les aveux les plus doux
Pouvoirs de la poésie
Shakespeare, l'opéra et Goethe
Sport de pietinage
La nature vivante de Manet
Lubitsch
In situ
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SYSTÈME IMMUNITAIRE
Nous voudrions rajouter une minuscule contribution politique
à l'excellent dossier d'octobre de " Pour La Science "
consacré aux défenses de l'organisme.

Il est un être singulier qui dispose d'un système
immunitaire totalement efficace. Curieusement cet individu
qui est actuellement président de la république française en
souffre terriblement. C'est une blessure morale auprès de
laquelle la fracture sociale est une plaisanterie. Son
immunité le rend muet sur des affaires sur lesquelles il se
ferait un plaisir de s'exprimer. Dans ce cas il dirait tout,
à savoir qu'il n'a rien vu et qu'il ne savait rien. Son
éloge appuyé de son ami Roussin semble indiquer que lui
n'est pas vraiment immunisé et détiendrait bien des secrets.
Pourvu que Roussin ne transmette pas un jour une
vidéocassette à Fabius où il raconterait tout ce qu'il sait,
juste avant de partir rejoindre Sirven aux Philippines.
L'image de la Frrraance, mes chers concitoyens, tient
vraiment à peu de chose !

ESCROCS JAMAIS TROP
Il y aurait de quoi en faire un film qui s'appellerait
" Escrocs jamais trop ". En précisant que les personnages sont
fictifs, comme certains électeurs et certains emplois
grassement rémunérés. La traçabilité de la filière du fric
concernant les marchés publics de la ville de Paris et d'Île-
de-France se précise jour après jour. Les partis concernés
ont évidemment peur de la psychose qui pourrait s'emparer
des consommateurs, nous voulons dire des citoyens, dont
certains, les smicards, chômeurs, RMistes, jeunes précaires
et salariés qui tirent le diable par la queue ne sont déjà
que trop enclins à ne plus leur faire confiance. Ce sont des
citoyens de seconde zone qui comprennent de moins en moins
les discours politiciens sur la " citoyenneté ". Feront-ils
un effort pour comprendre que le RPR, le PR, le PS et le PC
sont des " institutions " respectables, des pierres
angulaires de la démocratie française ? Non, ces citoyens
" bas de gamme " (dont nous nous honorons de faire partie)
sont des cabochards.

Vont-ils un jour ébranler, voire briser, les plus belles
institutions, la police, l'armée, l'appareil judiciaire, le
conseil d'État, etc. qui défendent ce que les historiens
appelleront un jour " la démocratie fin de siècle ", " la
démocratie truquée ", " la démocratie de l'Ancien régime ",
celle des citoyens riches ? Oui, dès que possible.

Sauront-ils quoi mettre à la place ? Encore une fois, oui :
des institutions réellement démocratiques, créées à la base,
et un gouvernement des travailleurs contrôlé par eux et
agissant conformément aux besoins fondamentaux de la
collectivité humaine.

LES AFFAIRES SONT LES AFFAIRES
Les affaires qui font scandales pour consistantes qu'elles
soient ne sont que de petites affaires, de modestes pots de
vin pour services rendus aux grosses entreprises du
bâtiment, d'entretien et de maintenance. C'est si peu de
chose comparé à celles des gros profiteurs de Vivendi
Universal, Aventis, Axa, AGF, Lagardère, L'Oreal et autres
Totalfina Elf. La traçabilité de la filière entre
l'exploitation des uns et l'accumulation de profits des
autres est assez claire. Elle aide à préparer une prise de
conscience et des actions de grande envergure de la part des
travailleurs et des chômeurs. C'est la grande affaire de
l'avenir que d'en finir avec l'économie de profits et les
pouvoirs qui la protègent. Tout cela est à balayer car trop
toxique pour l'humanité.

NICE VERY NICE
Justement il y a eu du positif dans les rues de Nice pour
préparer l'avenir. Il faut bien distinguer deux sortes de
personnes descendues dans les rues. Il y a eu la poignée de
gens venus parader et se montrer comme les bureaucrates
syndicaux Thibault, Notat, Blondel ou l'ex-écologiste,
supporter de Jospin aux prochaines présidentielles, Cohn-
Bendit. Ces gens-là ont d'ailleurs été félicités par Jospin.
Comme ils sont raisonnables. Ils n'ont même pas appelé à une
manifestation contre le parlement français qui a adopté
l'élargissement du travail de nuit pour les femmes. Après
avoir laissé passer cette mesure réactionnaire, vous pensez
si ces comédiens pouvaient agir sérieusement pour que
l'Union européenne prennent des mesures de protection
sociale sérieuses !

Mais il y avait les dizaines de milliers de manifestants, de
jeunes, de travailleurs, venus de différents pays. Certains
n'ont voulu y voir qu'un symbole sympathique. Il faut être
plus confiant. Les débuts de la première Internationale
étaient bien timides et symboliques. Une force sociale
internationale n'émerge pas tout à coup, armée de pied en
cape. Mais elle est nécessaire pour coordonner les actions
contre le système capitaliste mondial. De ce point de vue,
un pas dans ce sens a été accompli à Nice.

DEUBOELIOU
Aux États-Unis le citizen W. s'apprête à occuper la place de
président. Il était plutôt approximatif de la part de Chirac
d'affirmer que W. a été élu " au suffrage universel " dans
le cas d'élections à deux degrés, avec en plus les fraudes
et gags en rafales qui ont suivi le scrutin. Chirac aurait
intérêt à se contenter de potasser les institutions
françaises. Quant à Bush junior, c'est tout de même
intrigant de s'appeler W., comme si on était X, Y ou Z. "W"
serait l'initiale de Walker. Les mauvais esprits
demanderont : " Johnny Walker ? ", eu égard au passé bien
imbibé de Junior. A notre avis cela signifie Wouaouh ! et le
43e président sera rugissant. Jugez-en. Dans sa première
déclaration il a affirmé qu'il fallait " mettre la politique
derrière nous. " Très courageux de la part d'un homme
politique. Imaginez un pianiste déclarant que désormais il
va tourner le dos à son piano. Que va-t-il lui rester à
faire ? Appliquer bien sagement les directives de son vice-
président Dick Cheney, déjà conseiller de son papa, en
priant bien fort pour que son cœur tienne le coup pendant
quatre ans.

LES AVEUX LES PLUS DOUX
Concernant la pratique de la torture pendant la guerre
d'Algérie, Jospin a estimé en substance que la vérité ne
pouvait pas être établie et reconnue par les députés. C'est
profondément juste. Comment des professionnels du mensonge
sur des problèmes d'actualité pourraient dire la vérité sur
le passé de leurs partis et de leurs leaders ? Donc Lionel
botte en touche vers les historiens. La Droite ne peut
qu'être sur la même longueur d'ondes. Son personnel d'alors
a mené la guerre de 1958 à 1962.

Pour les " affaires " actuelles, voyez la justice ; pour
celles du passé, voyez les historiens. Pratique non ?
Quelques historiens n'ont pas attendu Jospin et ont pris
leurs responsabilités pendant la guerre d'Algérie.

Mais aujourd'hui le problème n'est pas tant de chercher une
vérité cachée, ignorée. Il est de ne pas laisser dans
l'oubli une vérité qui gène tous les partis portant une
responsabilité dans la guerre d'Algérie. Une guerre
commencée en 1954 par Mitterrand au ministère de
l'Intérieur. Une guerre intensifiée par le socialiste Guy
Mollet en 1956 grâce aux pleins pouvoirs votés entre autres
par les députés du PCF. Une guerre à laquelle des jeunes
appelés, des épouses, des fiancées, des mères se sont
opposés par des actions directes, spontanées, en étant
lâchement abandonnés par les partis de gauche de l'époque et
par les centrales syndicales. Mais Jospin comme ses
semblables sont immunisés contre ces vérités-là.

POUVOIRS DE LA POÉSIE
Nous ne savons pas au juste à quel point nous avons besoin
de la poésie. Les poètes le savent peut-être pour nous,
quand nous les rencontrons. Nous sommes parfois en belle
compagnie, sans être séparés d'eux par l'écoulement du
temps, années ou siècles, quelle importance.

Prenez Walther von der Vogelweide dont le nom signifie
festin des oiseaux. Ce poète allemand, chanteur et vagabond,
est né en 1170 et mort on ne sait pas trop quand, après
1228. Il aimait la vie. Il eut parfois le " blues "
lorsqu'il fut pris dans les tourments et les vicissitudes
politiques de son époque (mensonges et trahisons des
puissants, retournements d'alliance...). C'était le Moyen
Age, une autre époque...

Mais laissons un peu chanter Walther von der Vogelweide :

" Hiver partout nous a grandement nui,
champs et forêt désormais sont jaunis
qui résonnaient jadis de tant de douces voix.
Que ne vois-je sur la route les filles encor se lancer
La balle ! Alors reviendrait le chant des oiseaux.
(...)"

Voici deux vers tirés d'un autre poème où il remet en cause
l'amour courtois :

" Femme toujours aux femmes sera le premier titre,
et fera plus d'honneur que " dame ", à ce que je sais. "

Un de ses plus beaux poèmes d'amour commence ainsi :

" Sous le tilleul
sur la lande
où fut notre couche à tous deux,
vous pourrez trouver,
joliment foulées,
et les fleurs et l'herbe.
(...)"

Si vous êtes curieux de connaître la suite, des plus
charmante, vous la trouverez page 31 dans l'Anthologie
bilingue de la poésie allemande (édition établie par Jean-
Pierre Lefebvre, bibliothèque de la Pléiade). Tous les
grands poètes de langue allemande s'y trouvent, ceux dont on
connaît parfois le nom de ce côté-ci du Rhin, sans toujours
les avoir beaucoup lus, comme Goethe, Schiller, Hölderlin,
Heine, Rilke ou Celan.

Mais il faut aussi porter à la connaissance des amateurs de
poésie, parmi bien d'autres, Hans Sachs le cordonnier maître
chanteur du 15e siècle, des poétesses, Catharina Regina von
Greiffenberg au 17e, Sophie Christiane Friederike Brun et
Karoline von Günderode au 18e siècle.

Citons enfin Erich Mühsam, poète, anarchiste et acteur dans
la Révolution allemande qui éclata à la fin de la Première
guerre mondiale. Son " Chant des soldats " (page 981 de
cette anthologie) se termine ainsi :

" Que plus jamais le lien des peuples
ne se rompe en guerre brutale.
Victoire à tous dans la bataille de chez lui !
Les frontières tomberont, et les pouvoirs aussi,
et le monde entier sera la patrie,
et le monde entier sera libre ! "

Mühsam est mort sous les coup des nazis au camp de
concentration d'Oranienburg en 1934.

SHAKESPEARE, L'OPÉRA ET GOETHE
Le " Magazine littéraire " de ce mois consacre un dossier
très intéressant à William Shakespeare. On n'en a jamais
fini et on n'en sait jamais trop sur un créateur comme lui.
Il est éternellement joué, éternellement commenté (parfois
de façon délirante) et toujours l'inspirateur d'eouvres
cinématographiques ou musicales. Puisqu'aucun article de ce
dossier n'aborde les opéras inspirés par des pièces de
Shakespeare, signalons que Verdi a écrit dans sa jeunesse un
" Macbeth " et composé plus tard un chef-d'oeuvre " Othello
". Avant de tirer sa révérence, le vieux Verdi écrivit un
ultime chef-d'eouvre " Falstaff " inspiré des " Joyeuses
Commères de Windsor " et de " Henri IV ". " Falstaff " se
termine par une fugue collective exubérante : " Hourrah !
Tout le monde est burlesque. (...) Nous sommes tous fous ! Et
chacun rit de la folie des autres.(...) "

Qu'en est-il au vingtième siècle ? A partir d'une nouvelle
de Leskov où cet écrivain du dix-neuvième siècle transposait
Macbeth dans un village russe, Chostakovitch a composé "
Lady Macbeth de Mzensk ", un opéra d'une moderne sauvagerie
qui mis Staline en fureur et provoqua la disgrâce momentanée
du compositeur. Benjamin Britten a présenté en 1960 un opéra
s'inspirant du " Songe d'une nuit d'été " (" A Midsummer
Night's Dream ") entièrement dans l'esprit de la pièce,
grave, fantastique et joyeusement moqueur. Pascal Dusapin,
compositeur contemporain, a écrit un opéra intitulé " Roméo
et Juliette " que nous n'avons pas eu l'occasion d'entendre.

Ce dossier aborde également la position (admirative) de
Goethe par rapport à Shakespeare au travers d'un texte de
Goethe lui-même et d'un article érudit de Lionel Richard.
Dommage qu'il n'y fasse pas allusion au grand roman de
formation de Goethe " Les Années d'apprentissage de Wilhelm
Meister " (Folio). Ce roman est plein de rebondissements et
d'une grande richesse thématique. Dans le livre V on y voit
le héros Wilhelm aux prises avec tous les problèmes de la
mise en texte et de la mise en scène du " Hamlet " de
Shakespeare.

SPORT DE PIETINAGE
De même qu'il y a des sports de glisse, ceux qui vous
mettent en scène et prouvent que vous avez tout à la fois la
santé, la jeunesse et le sens de la mode, il y a aussi, ce
qu'il faut bien appeler, le sport de piétinage. Il requiert
également des qualités physiques indéniables et un mental
d'acier. Cela consiste à piétiner une heure ou plus (pour
les " accros " de ce sport) dans une queue, pour accéder à
un temple parisien de la culture. Parmi les stations les
plus cotées et les plus couvertes médiatiquement, signalons
Beaubourg, le musée d'Orsay, le Grand Palais et bien sûr Le
Louvre. Ce sport de piétinage peut se pratiquer toute
l'année mais la meilleure période commence à la Toussaint et
se termine vers Pâques. Elle offre les plus grandes chances
de piétiner dans un vent glacé ou sous une pluie tenace,
l'un n'excluant pas l'autre. L'esprit sportif consiste à
garder constamment un visage impassible, même quand des
personnes s'introduisent dans la queue, devant vous, sous
prétexte de rejoindre des amis ou de la famille. Ayant
pénétré dans la station culturelle après avoir déposé
parapluie et grand sac (notion toute relative selon les
lieux), le piétinage se poursuit dans des conditions dignes
des tropiques. On regrette alors de ne pas avoir déposé son
manteau mais il est trop tard. (Autant retourner aux Sables
d'Olonne quand on a atteint les Canaries).

Pour voir les tableaux, les compétiteurs de taille moyenne
sont les plus défavorisés. Ceux de petite taille parviennent
toujours à se glisser au premier rang sans gêner les autres.
Ceux de grande taille peuvent rester poliment au dernier
rang et tout voir par-dessus l'épaule ou la tête des autres.
A la fin des fins tout le monde pourra dire à propos de
l'exposition visitée : " j'y étais ", à défaut de pouvoir
dire en toute sincérité : " je l'ai vue ".

Il arrive que ces compétitions de piétinage soient annulées
pour cause de grève du personnel. Permettez-nous d'en rire
d'avance et de soutenir sans réserve la lutte des salariés
qui doivent affronter quotidiennement la grande foule pour
un salaire minable. C'est le moment où vous devez penser
intensément que la même déconvenue vous serait peut-être
arrivée sur les pentes neigeuses avec des travailleurs
saisonniers excédés d'être payés au lance-pierre et d'être
logés dans des conditions scandaleuses

LA NATURE VIVANTE DE MANET
N'allez pas croire que ce qui précède vise à vous dissuader
d'aller voir les grandes expositions actuelles, notamment "
Méditerranée. De Courbet à Matisse " au Grand Palais, "
Manet, les natures mortes " au musée d'Orsay ou " Les chefs-
d'oeuvre de la Collection Rau de Fra Angelico à Bonnard " au
musée du Luxembourg. Nous n'en avons vues aucune mais nous
nous permettrons une remarque à propos de celle concernant
Manet après avoir feuilleté le catalogue dans une librairie.
Nous voyons un citron, une asperge, une botte d'asperges et
tout à coup un portrait de Berthe Morisot ! Elle porte un
bouquet de violettes. Elle serait donc simplement porteuse
d'une " nature morte " (un bouquet offert par Manet, pour
des raisons purement picturales ?). Des critiques
professionnels nous expliquent que la révolution esthétique
introduite par Manet a consisté à effacer progressivement
l'intérêt pour le " sujet ", hommes, femmes, fleurs,
légumes, fruits ou choses. Il nous semble plutôt qu'il a
fait passer la vie dans tout, à sa façon, si particulière
qu'elle défie les analyses trop rapides. Le parti pris d'une
exposition centrée sur ses " natures mortes " est un peu
artificiel. Avant de nous rallier à l'avis de Catherine
Firmin- Didot écrivant dans Télérama que " en peinture,
Manet se soucie des personnages comme d'une guigne ", nous
irons examiner de plus près le portrait de Berthe Morisot et
l'intensité de son regard.

A propos de Berthe Morisot, il faut dire qu'elle fut un
grand peintre d'une personnalité originale, aujourd'hui
encore sous-estimée en France, de même que son amie
américaine Mary Cassatt.

LUBITSCH
Ernst Lubitsch (1892-1947) est un cinéaste qui prenait tout
avec légèreté mais pas forcément à la légère. Pour qu'il n'y
ait pas de méprise entre nous, sachez que Lubitsch raconte
des histoires savoureuses, impertinentes et d'une moralité
très discutable. Mais dans un autre registre, n'était-ce pas
également le cas des Marx Brothers qui sévissaient à la même
époque que lui ? Si vous préférez consacrer votre temps à la
messe de minuit ou à des cérémonies de ce genre, vous vous
abstiendrez de voir les trois films de Lubitsch que nous
propose Arte, le 22 décembre à 23h 25, " Sérénade à trois ",
le 25 décembre à 20h 40 " Le ciel peut attendre " et à 22h
40 " Haute pègre ". Les titres en disent déjà long. Si
l'occasion se présente, ne manquez pas de voir ou de revoir
du même subtil Lubitsch, " To be or not to be " (encore
Hamlet !), " Cuny Brown " et " Ninotchka ". Il n'était pas
donné à tout le monde, même au cinéma, de faire éclater de
rire une apparatchik stalinienne au moment le plus
inattendu. Lubitsch y est parvenu dans Ninotchka grâce à
Ingrid Bergman.

IN SITU
Depuis notre dernière lettre, nous avons donné des points de
vue sur des films (" Ca ira mieux demain " et " Merci pour
le chocolat "), sur un roman (" Small World ") et sur un CD
de chansons (" Thank you Ferré " par Ann Gaytan).

Merci à l'équipe de Dogma d'avoir créé un lien avec
" Culture et Révolution ". Merci également à Freewarriors
(http://www.freewarriors.org) d'avoir créé un lien avec
notre site.

Nous espérons que vous allez passer de bons moments avec vos
amis et vos proches dans quelques jours.

Bien fraternellement à toutes et à tous

Samuel Holder
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