Journal de notre bordLettre n°17 (11 janvier 2002)Bonne année à toutes et à tous, Nos meilleurs voeux les plus doux pour 2002. Dans un monde très dur, la douceur est quelque chose de précieux que peuvent partager ceux qui préparent l'avenir. La douceur peut prendre un tour aussi subversif que la colère, la moquerie, tout l'arc-en-ciel des pensées et émotions personnelles et collectives. Il suffit que nos émotions, réflexions et actions soient toutes arrimées dans le sens du progrès de l'humanité, dans tous les domaines. Le mot progrès peut paraître désuet. La notion de progrès a été abondamment dénigrée par les anticommunistes de tout poil et par les tenants avoués ou honteux du désordre capitaliste. Ils nous ont asséné : " Si vous croyez au progrès, vous êtes idiots ou vous êtes d'affreux totalitaires ". Avec ce discours, leur but était d'intimider, de créer des réflexes de soumission et de défaitisme face aux injustices. Nous disons donc en ce début d'année : Vive le progrès à qui appartient l'avenir ! . D'abord celui de notre compréhension du monde dans lequel nous luttons. Ensuite le progrès des liens entre les salariés, les chômeurs et tous les opprimés ; sans tenir compte des frontières, des origines ou des générations. Ces progrès-là conditionnent largement les autres : le progrès de notre pouvoir d'achat, de nos conditions de travail, de nos conditions de santé et de notre environnement. Évidemment il est des forces qui se déchaînent contre nous et entraînent tout le corps social dans une régression générale. Ces forces sont mises en œuvre par les classes régnantes, classes réactionnaires tous azimuts, au nord, au sud, à l'ouest comme à l'est. Leur résister vaillamment constitue déjà un défi. Nous le relèverons ensemble en préparant le grand progrès fondamental : une civilisation mondiale fondée sur la satisfaction des besoins de tous les êtres humains. __________________________________________________ Zeuro pointé Laquais et courtisans Coeurs sensibles Justice sociale et Justice pénale Après l'Argentine, le Brésil, la Turquie... ? La Berlusconie Follement classiques Enluminures Un grand ami de la vie In situ __________________________________________________ ZEURO POINTÉ On ne regrette pas du tout le franc, le mark, la lire, etc. On applaudirait à la suppression des drapeaux et autres symboles nationaux. Mais nous ne parvenons pas à nous enthousiasmer pour une monnaie qui va surtout permettre à de grosses entreprises de faire plus de profits. Il aura fallu quarante ans de palabres pour que douze États européens parviennent à accorder leurs violons (très approximativement) sur des questions de fric (l'euro) et de flicage des populations (l'espace Schengen). Quel exploit ! Il aura fallu deux ans pour mettre au point le passage technique à l'euro, avec gros battage médiatique à l'appui. Résultats à chaud, pas mal de couacs. Une hausse des prix bien réelle, contrairement aux promesses que le passage à l'euro n'entraînerait aucune inflation. Des files interminables, en particulier pour les gens percevant leurs maigres revenus à la Poste. Beaucoup de fatigue supplémentaire pour les employés de la Poste et des banques, pour les convoyeurs de fonds, etc. Bref les banquiers et les chefs d'État étaient fin prêts ...à se payer notre tête en euros. L'inflation pourrait bien faire capoter leur opération et stimuler la combativité des travailleurs de la zone euro. À présent le passage aux euro-luttes s'impose. LAQUAIS ET COURTISANS Lors d'une des cérémonies des voeux à l'Élysée, un représentant de l'armée, la grande Muette, a donné de la voix. Chirac s'est pris dans les gencives un couplet revendicatif bien musclé. Il n'avait plus qu'à baliser comme un simple bidasse. C'était une façon pour la hiérarchie militaire de montrer aux laquais Chirac et Jospin qui sont les vrais maîtres dans l'État. Par la même occasion, un peu de démagogie à l'égard de " la base " a permis aux chefs de l'armée de reprendre de l'ascendant sur la troupe des soldats et des gendarmes, et de tenter d'obtenir encore plus d'argent pour leurs aventures guerrières. Autre jour, autre cérémonie des voeux à l'Élysée : cette fois, Chirac et Jospin, toujours unis dans la même hilarité complice, recevaient les représentants des centrales syndicales. Ces messieurs dames étaient tout sourires, humbles et mielleux devant sa majesté Chirac et son intendant Jospin. De vrais courtisans. Pas un murmure, pas une allusion à nos revendications ou à la colère du monde du travail. Nous ne sommes pas du même monde que ces syndicalistes d'opérette. COEURS SENSIBLES L'expression " quartiers sensibles " est tombée dans le langage commun. Mais personne ne parle encore des quartiers insensibles. C'est dommage. Ce sont de beaux quartiers habités par des gens riches, avec systèmes d'alarme sophistiqués et gardiens privés. Ils bénéficient parfois d'une police municipale sur la brèche 24h sur 24 pour protéger leur cadre de vie, comme on l'a vu dans un reportage d'Arte concernant le Vésinet, en région parisienne. Les candidats qui choisiront de faire leurs choux gras en brandissant le thème de " l'insécurité dans les quartiers sensibles " habitent dans ces beaux quartiers bien tranquilles. Ils vont tenter d'exploiter électoralement le désarroi de ceux qui habitent dans des quartiers invivables. Avec le culot des pyromanes qui se déguisent en pompiers. JUSTICE SOCIALE ET JUSTICE PÉNALE Quand une mère de famille qui n'a pas les moyens de payer remplit son caddie pour que ses enfants aient de la nourriture et des jouets, elle rétablit un peu de justice sociale. Mais à ce moment-là, la Justice pénale avec un grand J se sent " blessée ". Et elle condamne cette mère, coûte que coûte. Voilà pourquoi Agnès a été condamnée sur appel du parquet à une peine de prison avec sursis. Pour l'exemple et l'édification de toutes les mères de famille en difficulté. Ce qui devrait sûrement un jour leur donner à toutes l'envie d'imposer la justice sociale. APRES L'ARGENTINE, LE BRÉSIL, LA TURQUIE... ? Pour comprendre la situation actuelle en Argentine, il est fortement recommandé de lire les deux articles sur ce pays dans le n°19 de la revue " Carré rouge " (page 47 à 58). Ensuite il est assez divertissant de lire les contorsions de certains journalistes de la grande presse économique ou politique qui, bien que très inquiets, veulent garder le moral et noyer le poisson. Dans le dernier numéro de " Courrier international ", Alexandre Adler intitule son éditorial : " Ne désespérons pas de l'Argentine ". Il commence audacieusement ainsi : " Peu importe au fond qui est le principal coupable de la crise argentine. " Bien voyons ! Sauf qu'à nous et encore plus aux millions d'Argentins qui s'enfoncent dans la misère, cela importe beaucoup de connaître tous les coupables. Les coupables ne sont pas seulement les bourgeois locaux et le personnel politique argentin qui a gouverné et pillé ce pays ; et mis au frais 120 milliards de dollars dans différents paradis fiscaux. Les coupables ne sont pas seulement le FMI. Les banques et grosses entreprises françaises, espagnoles et américaines ont ponctionné les richesses et saigné à blanc les classes populaires argentines. Maintenant elles cherchent à se prémunir du choc en retour sur leurs profits que peuvent provoquer l'effondrement de l'économie argentine et l'explosion sociale qui l'accompagne. Le système capitaliste craque en Argentine mais il pourrait bientôt le faire également au Brésil, en Turquie et dans bien d'autres pays. Sur une large échelle, la lutte des classes va reprendre une impétuosité inouïe car toutes les économies sont connectées entre elles. Sites à consulter sur l'Argentine (en espagnol) : celui du Movimiento al socialismo (MAS) http://www.mas.org.ar/ et celui de la revue Herramienta http://www.herramienta.com.ar/ LA BERLUSCONIE " Les Inrockuptibles " de cette semaine présentent un dossier édifiant sur l'Italie de Berlusconi. La parole y est donné à des écrivains et artistes italiens tels que Antonio Tabucchi, Cristina Piccino, Erri De Luca, Asia Argento, etc. Ils sont consternés par ce qui arrive à l'Italie sur le plan culturel et politique depuis le retour au pouvoir en mai dernier du magnat Berlusconi. Certains mettent en cause la veulerie des politiciens de gauche. Ils mettent leurs espoirs dans une partie de la jeunesse qui s'est exprimée dans la rue à Gênes en juillet dernier contre le G8 et en novembre dernier à Assise contre la guerre en Afghanistan. FOLLEMENT CLASSIQUES Heureux les Nantais de souche, d'adoption ou de passage qui pourront assister à des concerts consacrés à Haydn ou Mozart les 25, 26 et 27 juillet prochains. Il y aura 120 concerts pour Haydn et 120 pour Mozart par les plus prestigieux interprètes, musiciens confirmés ou jeunes talents à découvrir. Pour ne pas rester à l'écart de cette " folle journée " qui en dure trois, nous vous recommandons de lire les dossiers consacrés ce mois-ci à Haydn et Mozart par " Le Monde de la musique " et par " Diapason ". Celui de " Diapason " nous a semblé plus vivant, mieux illustré et proposant une discographie convaincante de ces deux compositeurs. Ajoutons que ceux qui ne pourront aller à la Cité des congrès de Nantes se consoleront en assistant à une soirée en direct sur Arte le dimanche 27 juillet à 19h. Site à consulter : http://www.lafollejournee-nantes.com/ [Attention, cette adresse n'est plus valable (ndr du 13/12/2002)] ENLUMINURES Le musée Marmottan Monet à Paris présente une exposition magnifique de 320 enluminures de la collection Wildenstein jusqu'au 27 janvier. Elles ont été peintes pour la plupart en Italie ou en Flandre entre le XIIIe et le XVIe siècle. Par la même occasion, il serait dommage de ne pas aller au sous-sol pour admirer les tableaux de Monet et au premier étage pour admirer ceux de Berthe Morisot. Site à consulter : http://www.marmottan.com/ UN GRAND AMI DE LA VIE Le cinéaste américain Orson Welles ne laissait jamais passer une semaine sans lire quelques pages de Montaigne. Il disait : " J'ai de l'affection pour Montaigne. C'est un grand ami de la vie. " Les Essais de Montaigne viennent d'être réédités en un volume dans la collection Pochothèque du Livre de Poche. Pour vous donner l'envie de plonger dans cette oeuvre qui peut effectivement nous accompagner dans toutes les circonstances, nous avons mis en ligne le mois dernier une présentation de cet écrivain et de son époque. http://culture.revolution.free.fr/critiques/Montaigne-Les_Essais.html IN SITU Outre le texte sur Montaigne, nous avons mis en ligne, depuis la dernière lettre, un texte sur le musicien de jazz Chet Baker à l'occasion de la parution de ses souvenirs en collection 10/18, " Sur les ailes d'un ange ". Vous découvrirez également une note de lecture sur un des grands romans contemporains, " La leçon d'allemand " de Siegfried Lenz. Bien fraternellement à toutes et à tous Samuel Holder _______________________________________ Pour recevoir ou ne plus recevoir cette lettre, écrivez-nous: mél : Culture.Revolution@free.fr http://culture.revolution.free.fr/ _______________________________________ URL d'origine de cette page http://culture.revolution.free.fr/lettres/Lettre_017_11-01-2002.html |