Trailerpark

de Russell Banks

Éditions Babel (Actes Sud 1998)
Roman, 318 pages

Dans l'État du New Hampshire au nord de New York, il existe de petites villes industrielles qui déclinent depuis cinquante ans. Catamount est l'une d'elles. Les pauvres y sont plus nombreux chaque année. Après étude du marché local, la " Société de développement immobilier Granite State " a décidé d'investir dans un parc de caravanes (trailerpark en américain) plutôt que dans un lotissement de maisons individuelles qui n'auraient pas trouvé preneurs.

Marcelle est la gérante des douze caravanes. C'est une mère de famille pleine d'énergie qui a connu bien des déboires. Elle laisse chacun vivre à sa guise mais pas question qu'un locataire crée des ennuis à qui que ce soit. Peu importe si Bruce, un étudiant hippie s'adonne à la marijuana ou si Terry, un jeune noir vivant de petits boulots fait un peu trop de raffut, certains soirs, lorsqu'il est en colère contre sa sœur Carol qui est infirmière.

Mais comment réagir face à cette ancienne employée de l'armée de l'air qui élève à grande échelle des cochons d'Inde dans son mobile home ? Certes cela pose un problème sanitaire, mais sinon ? Qui n'a pas ses attachements bizarres face aux difficultés de la vie ? Après tout " un pauvre fou entouré de gens pauvres et raisonnables reste un pauvre fou et ne cause que rarement des ennuis. "

Mais dans une société implacable avec les faibles, cela va vite pour que les couples et les familles se déchirent, pour que des gens isolés sombrent dans la déchéance. Certains se raccrochent à la religion et d'autres à leur bouteille de whisky.

Dans ce coin d'Amérique, aussi pauvre et malheureux soit-on, on ne démord pas de cette idée fixe qu'on vit dans un pays libre où chacun a sa chance. On ne remet pas facilement en cause la dictature de l'argent, ne serait-ce que dans sa tête. C'est pourquoi Merle King, charpentier à la retraite, apparaît particulièrement étrange et même irresponsable aux yeux des autres résidents. Il a gagné à la loterie mais il s'en moque, comme il se moque un peu de tout le monde. Un paquet de dollars est de peu d'intérêt pour lui puisque sa passion, c'est de pêcher sous la glace pendant les mois d'hiver, à l'abris de son ingénieuse cabane mobile.

Russell Banks suit avec une sympathie profonde et communicative le destin des différents habitants de ce trailerpark...

Le 6 mars 2001

Samuel Holder

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