Small World

de Martin Suter

Éditions Points Seuil
360 pages

C'est l'histoire d'une double enquête originale, sans flics et sans flaque de sang. Elle concerne à la fois des secrets de famille et les secrets d'un homme atteint par la maladie d'Alzheimer. Tout se passe au cœur ou autour d'une famille de la haute bourgeoisie suisse. Les entreprises Koch n'ont cessé de prospérer et de se diversifier depuis des décennies jusqu'à nos jours, sans anicroches. La Seconde guerre mondiale n'a fait qu'offrir des opportunités supplémentaires. La famille Koch doit sa réussite éclatante avant tout à sa doyenne, Elvira, qui a toujours suivi la marche des affaires du groupe avec une vigilance sans faille. A l'âge de quatre-vingts ans, elle veut bien faire mine de s'effacer, sans décrocher pour autant.

Mais le personnage central autour duquel se construit toute l'intrigue est Conrad Lang, soixante-ans, « le fils naturel d'une employée de maison des Koch ». Il a été pendant longtemps le compagnon de jeux, d'études ou de voyages de Thomas Koch, le fils d'Elvira. Conrad, qui n'en demeurait pas moins un serviteur, finit par rompre avec Thomas.

Au moment où une vie sereine aux côtés d'une femme aimante s'ouvre devant lui, les premiers symptômes de la maladie d'Alzheimer se manifestent. Sa mémoire défaille sans prévenir. Paradoxalement Elvira, qui traite tous les problèmes avec froideur et maîtrise d'elle-même, commence à s'inquiéter : « Ca la rendait nerveuse que Conrad – au moment précisément où il semblait perdre tout contrôle sur lui-même – fût soustrait à son influence. »

Les facultés de Conrad se dégradent de façon irréversible mais pas de façon régulière et prévisible. Des souvenirs très lointains refont surface sans crier gare...

Martin Suter s'est solidement documenté sur tous les aspects de cette maladie qui fait davantage souffrir l'entourage que les personnes qui en sont atteintes. Les attitudes diverses des soignants sont bien campées. L'auteur a un coup d'œil acéré sur quelques membres des milieux fortunés suisses. En définitive un certain humour se dégage de cette histoire déconcertante.

Le 17 novembre 2000

Samuel Holder

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