Cela se passe au cours d'un été dans les années
cinquante, sur une île du sud de l'Italie, non loin de celle de Capri. La bourgade
habitée par des pêcheurs est envahie à la belle saison par des jeunes
Napolitains de familles aisées et par des touristes étrangers.
Les pêcheurs, économes de leurs paroles, ratissent la mer, posant les lignes la nuit,
extirpant les poissons le jour. La pêche a ses bonnes fortunes, elle a aussi ses dangers avec
les tempêtes, les rascasses aux épines venimeuses et parfois dans les filets, une
murène à la mâchoire terrifiante. Le narrateur est un jeune napolitain en
vacances. Il a seize ans mais il aime davantage pêcher avec les adultes que se distraire avec
ceux de son âge. Il n'est plus un adolescent, il n'est pas encore un jeune homme.
C'est le moment d'une liberté nouvelle où l'on est à la recherche
de soi-même et des autres, souvent avec pudeur et brusquerie.
Sa sensibilité est aux aguets, troublée par les secrets des adultes. Ce garçon
veut savoir ce que chacun a fait il y a peu d'années au cours de la Deuxième
guerre mondiale. Comme après toutes les guerres, la plupart voudraient tourner la page,
oublier ce qu'ils ont vu ou fait. Certains voudraient étouffer la honte de n'avoir
pas agi contre la barbarie fasciste. La guerre, c'est déjà le passé et on
ne peut rien y changer. Facile à dire, difficile à vivre. Car les soldats
américains « n'en finissaient plus avec la Libération. Dans le reste de
l'Italie, il n'existait pas d'autre ville occupée par les Américains.
Naples était devenue capitale de guerre de la Méditerranée. » Autre
question pour le jeune narrateur : ces touristes allemands qui prennent du bon temps sur
l'île, qu'ont-ils fait pendant la guerre ?
Dans le groupe des jeunes vacanciers, Caia, si vivante, si séduisante, cache son origine
juive et porte en elle toute l'horreur d'une guerre qui décidément n'est
pas terminée.
Un récit rapide, nuancé et d'une belle intensité.
Le 12 janvier 2001
Samuel Holder
ou 
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