Dennis Lehane est connu pour ses romans policiers qui ont été
adapté à l'écran, « Mystic River » ou « Shutter
Island ». Avec «Un pays à l'aube», il
signe un volumineux ouvrage sur les années 1918 et 1919 à Boston.
C'est une véritable fresque sociale et politique particulièrement bien
documentée et diablement intéressante qu'il nous fait revivre sur ces années
au tournant de la guerre et de la révolution au travers de deux personnages, Luther, ouvrier
noir licencié, du fait du retour du front des soldats blancs puis gangster et domestique, et
Danny policier de base et animateur de la grève de la police de cette ville en 1919. Dans ce
livre où les pogroms raciaux alternent avec la violence de la lutte de classe et les
émeutes sociales, l'auteur convoque sur la scène les personnages de John Reed, Emma
Goldmann, Big Bill Haywood, les IWW ou l'AFL, comme les anarchistes ou les bolcheviks sur fond de
révolution russe et bouleversements en Europe.
Tous ceux qui ont aimé « Le talon de fer » de Jack London ou qui ont
été intéressés par l'« Histoire populaire des
États-Unis » d'Howard Zinn, ou encore par le film « Gang of New-York
» de Martin Scorcese, retrouveront dans « Un pays à l'aube » le
caractère épique, apocalyptique de ces œuvres et la vitalité
révolutionnaire du prolétariat américain à son aube.
A l'heure où il n'est guère de « bon ton » de parler de révolution même
dans les organisations qui en font profession, Dennis Lehane plonge avec fureur des deux pieds et
des deux mains dans le bouillonnement révolutionnaire de ces années, ce qui nous
permet d'imaginer ce que les prolétaires de Gurgaon ou de Canton doivent vivre
aujourd'hui.
Le 5 janvier 2011
Jacques Chastaing
URL d'origine de cette page http://culture.revolution.free.fr/critiques/Dennis_Lehane-Un_pays_a_l_aube.html