Plus de deux ans de lutte des riverains et militants écologistes, des
dizaines de pétitions, de procès, de manifestations, de violentes agressions contre
les opposants au projet, l'incarcération de jeunes sympathisants à la cause des
habitants de Khimki, un meeting-concert massivement applaudi au centre de Moscou : il aura fallu
tout cela et plus encore pour obtenir que le pouvoir fédéral accepte de prêter
l'oreille aux revendications des citoyens. Le 26 août dernier le président Dmitri
Medvedev a demandé son gouvernement de suspendre le chantier qui ravage la forêt de
Khimki, dans la banlieue de Moscou, pour permettre la construction d'une autoroute reliant Moscou
et Saint-Pétersbourg.
" C'est une grande victoire de la société civile, commente la décision du chef
de l'État Evguenia Tchirikova, leader du mouvement de défense de la forêt de
Khimki. Mais ça ne règle pas tous les problèmes, notre combat ne doit pas
s'arrêter là-dessus. Il faut restaurer la forêt et, point important, obtenir la
libération des militants injustement emprisonnés pour avoir soutenu notre cause
".
Car en marge des projecteurs, deux jeunes militants sympathisant du mouvement antifasciste, Alexey
Gaskarov et Maxim Solopov sont incarcérés depuis plus d'un mois, soi-disant pour
avoir organisé le "pogrom" (sic) de la Mairie de Khimki. Rappelons les faits. Le 28 juillet,
alors que les militants écologistes et les riverains, qui essaient de freiner les abattages
dans la forêt de Khimki, sont attaqués par de jeunes voyous et embarqués par la
police, de nombreux jeunes militants des mouvements antifascistes, anarchistes et autres informels
de gauche se rendaient à leur secours. Passant devant la Mairie de Khimki, l'émotion
et l'indignation montant, les premières pierres sont parties, suivies de bouteilles et de
fumigènes. Les murs ont été recouverts de graffitis dont le slogan
était " Sauvons les forêts de Russie ! ". La police, occupée à
neutraliser les militants écologistes, est arrivée avec un grand retard, les jeunes
s'étaient déjà dispersés.
Plus de 200 jeunes ont participé à cette action. La police a arrêté les
plus connus d'entre eux, Alexey Gaskarov et Maxim Solopov, connus comme porte-parole des mouvements
informels et anarchisant. La campagne pour la libération de ceux qui sont devenus " les
otages de Khimki " est menée par un large comité d'associations et mouvements
politiques divers. Des actions unitaires de lutte pour leur libération sont prévues
dans des dizaines de villes de Russie du 17 au 20 septembre. Un appel à la solidarité
internationale a été lancé.
Quant aux militants écologistes ils ont déjà planté les premiers arbres
destinés à restaurer la forêt de Khimki. Le mouvement de Khimki, devenu symbole
de la renaissance des mobilisations sociales, continue donc à prendre de l'ampleur.
le 3 septembre 2010
Carine Clément
Le 28 juillet 2010 plus de 200 personnes, jeunes antifascistes et anarchistes ont
mené une manifestation spontanée devant la mairie de Khimki (la banlieue nord de
Moscou), à la défense de la forêt de cette ville qui a été abattu
au profit du grand business. L'action lors de laquelle plusieurs vitres ont été
brisées, a trouvé un large écho. De leur côté, les
autorités y ont répondu par des répressions. Au lendemain de l'action deux
militants des mouvements sociaux connus, Alekseï Gaskarov et Maxime Solopov ont
été arrêtés. Ils sont menacés de 7 ans de prison pour vandalisme
bien qu'il n'y ait pas de preuves de leur complicité à des actes illégaux.
D'autres militants, surtout des antifascistes, subissent des poursuites policières.
La lutte pour la conservation de la forêt de Khimki dure déjà depuis trois ans.
D'après les projets des autorités, c'est à travers de cette forêt que
doit être construite l'autoroute à péage Moscou-St-Petersbourg, la
première de tel type en Russie; ce qui mènera à une dégradation de la
situation écologique locale et privera les moscovites et les banlieusards d'une zone de
recréation en plus. Malgré l'existence des plans alternatifs pour l'autoroute qui
permettraient de se passer d'une déforestation et au dépit des protestations actives
des écologistes et de la population locale, les autorités ont refusé d'y
prêter l'oreille. Au contraire, elles ont fait plusieurs démarches visées
à imposer le silence aux contestateurs.
Plus d'une fois les autorités de Khimki (en concertation avec la compagnie de bâtiment
chargée des travaux) ont recouru à la violence contre les défenseurs de la
forêt de la ville: en négligeant l'opinion publique, en refusant de permettre des
actions de protestation, en appelant les nationalistes à disperser les piquets des
écologistes et des habitants de la ville, en arrêtant illégalement et en
attaquant les journalistes. Les " personnes inconnues " ont mutilé le rédacteur en
chef du journal local " Khimkinskaïa Pravda " Mikhaïl Beketov qui avait âprement
critiqué les autorités, et ils ont assassiné le metteur en pages d'un autre
journal d'opposition, Sergueï Protazanov.
Après l'action du 28 juillet 2010 la police russe et les services secrets ont
déclenché une chasse aux antifascistes sans précédents. Les personnes
une fois signalées à l'attention du Centre anti-extrémiste et du Service
fédéral de sûreté (l'ex-KGB) en tant qu'antifascistes, sont
amenées de force aux interrogatoires, les visites à domicile illégales se
tiennent chez eux; il y a des cas des pressions physiques atroces pour arracher des
dépositions dont l'instruction a besoin.
Ayant peur d'une vague montante des protestations contre la déforestation, les
autorités ont enfin reculé en exprimant la volonté de réviser le projet
de l'autoroute. Mais il n'y a pas lieu de crier victoire. Alekseï Gaskarov et Maxime Solopov
sont toujours en prison sans droit, pris en otage par les autorités.
À la fin septembre se tiendra la prochaine audience pénale qui devra prononcer sur
une mise en liberté d'Alekseï et de Maxime dans l'attente du jugement. Tous ceux qui
s'inquiètent de leur sort, doivent faire tout leur possible pour les arracher de la prison.
La Campagne pour la mise en liberté des otages de Khimki appelle à des
Journées d'action internationales les 17-20 septembre 2010 pour mettre de la pression sur
les autorités russes en vue d'obtenir la libération d'Alekseï et de Maxime.
Nous appelons à organiser des manifestations devant les ambassades, les consulats, les
missions économiques et culturelles de la Fédération de Russie, aux
événements publics et culturels qui ont des rapports à la Russie, tout comme
d'envoyer des télécopies et des lettres au tribunal, au Parquet et au gouvernement
russes (la journée principale de la campagne fax sera lundi le 20 septembre). Les adresses
nécessaires et les détails supplémentaires sur les répressions en
Russie seront bientôt communiqués. Vous pouvez les trouver aussi sur notre site web:
http://khimkibattle.org en anglais, allemand, français et russe.
Unissez-vous à l'action !
Campagne pour la mise en liberté des otages de Khimki
Tel.: +7 (915) 053-59-12
http://khimkibattle.org
info@khimkibattle.org
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