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Journal de notre bord

Lettre no 175 (le 2 mai 2017)

Bonjour à toutes et à tous,

À présent, les chances pour Marine Le Pen de gagner les
élections présidentielles dimanche prochain ne sont pas
négligeables. L’heure n’est pas aux pronostics mais à une
réflexion sur ce qu’il convient de faire à court terme
et à moyen terme.

Trois hypothèses se présentent quant aux résultats du
Front National. Sa candidate peut gagner d’extrême justesse,
perdre à un très haut niveau (40 % ou plus), ou faire un
score décevant pour ses troupes se situant en-dessous de
30 %. Dans chaque cas de figure, les conséquences ne seront
pas les mêmes. Elles seront examinées plus loin.

Il faut d’abord regarder les éléments qui peuvent la faire
gagner. Le fameux « front républicain » est branlant, quasi
inexistant. La droite est divisée et affaiblie. Les Fillon,
Juppé et Sarkozy ne tiennent pas en main leurs troupes et
encore moins leur électorat. Une bonne partie des électeurs
de droite va voter Marine Le Pen. Entre deux maux, de leur
point de vue, ils vont écarter le pire, à savoir Macron que,
sur des questions sociétales et parce qu’il a fait partie du
gouvernement Hollande, ils considèrent comme un sale type de
gauche. On ne peut pas non plus écarter l’hypothèse que,
devant ce choix cornélien, un nombre important d’électeurs
de droite glisse un bulletin blanc dans l’urne. Cela ne peut
pas être capté par les radars des instituts de sondage,
lesquels ont d’ailleurs bien du mal à saisir les intentions
d’une bonne partie de l’électorat. Quant aux leaders de la
gauche gouvernementale et leurs supporters qui appellent à
voter Macron, c’est peu de dire qu’ils sont affaiblis et
discrédités. Le Parti socialiste s’est effondré. C’est la
rançon parfaitement méritée d’une politique détestable,
de droite, qui a été menée dans la continuité de celle de
Sarkozy.

Si on considère maintenant Macron, ses exploits contre les
travailleurs au sein du gouvernement Valls et les intentions
qu’il affiche de poursuivre une politique délibérément au
service du patronat, il est évident qu’on n’a pas envie de
voter pour un tel personnage et que, si on se résout à le
faire, ce ne peut être qu’avec un certain dégoût. C’est
parce qu’on prend en compte un grave problème qui dépasse
l’élection de ce fidèle serviteur des intérêts capitalistes
qui n’est pas du tout acquise.

La conséquence tout à fait compréhensible est qu’une bonne
partie des électeurs de gauche a envie de s’abstenir ou de
voter blanc. Reste à savoir si ce geste qui exprimerait un
ressentiment et une colère parfaitement fondée est juste et
porteur d’avenir. Je ne le pense pas et je vais expliquer
pourquoi. Ce qui augmente les chances de Marine Le Pen,
c’est qu’un certain nombre d’électeurs de Mélenchon, toute
honte bue, vont voter pour elle. On a observé un phénomène
semblable lors des élections aux États-Unis. Une proportion
non négligeable d’électeurs de Bernie Sanders a voté ensuite
pour Donald Trump.

Nous ne pouvons pas renvoyer dos à dos Marine Le Pen et
Emmanuel Macron en pensant que, de toute façon, d’autres
suffisamment nombreux, feront le sale boulot d’assurer la
victoire de Macron et qu’il n’y a pas de bile à se faire.
Celles et ceux qui choisiront de s’abstenir ou de voter
blanc doivent pleinement assumer la conséquence éventuelle
de leur choix : Marine Le Pen sera peut-être aux commandes
de l’appareil d’État dans les prochaines semaines. Même si
les sondages nous assuraient qu’elle va perdre, je crois
raisonnable de nous en méfier. L’exemple de l’élection
impromptue d’un sinistre guignol réactionnaire comme Trump,
contrairement à presque toutes les prévisions, me semble
suffisamment éloquente.

Nous ne pouvons pas dormir sur nos deux oreilles parce que
les sondages nous affirment que Macron va l’emporter avec 60 %
des voix, d’autant que les intentions de vote en sa faveur
s’effritent au fil des jours et peuvent beaucoup décliner
s’il étale sa vacuité et s’effondre dans la confrontation
télévisuelle avec Marine Le Pen. Nous ne pouvons pas nous
rassurer au prétexte que la bourgeoisie n’aurait pas envie
d’avoir Marine Le Pen comme présidente, avec l’argument
qu’elle « n’a pas besoin d’un régime fasciste ou fascisant».
La bourgeoisie n’est pas homogène et elle ne décide pas
de tout. Il arrive qu’elle se laisse déborder par la
démagogie efficace de certains des individus qui prospèrent
en son sein. Il est imprudent de baser nos analyses et nos
positions sur ce que pensent les capitalistes. Nous serions
peut-être mieux inspirés de demander aux migrants, aux
immigrés de fraîche date ou de longue date, à la population
de toutes les couleurs ce qu’ils et elles pensent de toute
cette affaire.

Sommes-nous capables de tenir compte de la très désagréable
surprise qui a été celle aux États-Unis de millions de
Noirs, d’immigrés latino-américains, d’hommes et femmes de
gauche, écologistes, féministes, homosexuels, scientifiques
honnêtes et progressistes sur un plan ou un autre, avec
l’arrivée de Trump et de son équipe de xénophobes, de
racistes, de climato-sceptiques et d’obscurantistes au
pouvoir ? Peut-on croire un seul instant que pour eux, Trump
ou Clinton, c’est du pareil au même ? Trouverait-on des
travailleurs sans papiers, mexicains ou autres, affirmant
qu’avec Trump, leur situation n’est pas plus grave qu’avec
Obama ? Ne voit-on pas déjà les dégâts spécifiques provoqués
par Trump et cie, en plus de ceux accomplis par les
présidents qui l’ont précédé ? Avant les élections, certains
militants américains, drapés dans les plis d’un marxisme
simpliste, pouvaient affirmer fièrement que Clinton et Trump
étaient identiques. Mais aujourd’hui ?

Bien sûr, on m’objectera que les États-Unis et la France
n’ont pas le même système électoral. Comment ne pas en
convenir ? Mais il y a cependant des points communs avec les
deux situations qui ont précédé les élections
présidentielles dans ces deux pays et malheureusement aussi,
les situations qui risquent d’exister après ces élections.
Le premier, c’est que les deux candidats qualifiés en fin de
parcours étaient (pour les USA) et sont (pour la France),
détestables. D’où la tentation compréhensible de les
renvoyer dos à dos. Le second point commun, c’est que le
succès ou la victoire du candidat le plus raciste, le plus
xénophobe, le plus anti-immigrés constitue un formidable
encouragement à s’en prendre aux catégories de la population
les plus fragiles, les moins en capacité de se défendre et
de rendre les coups.

Il me semble que les militants, les camarades et mes amis
qui envisagent de voter blanc dimanche n’ont pas imaginé les
conséquences de leur geste si Marine Le Pen gagne, et même
si elle parvient à obtenir 40 % des votes. Ce ne sont pas
eux qui seront visés en premier. Comme moi, ils et elles
sont français et blancs, avec des papiers en règle, avec
un casier judiciaire vierge, une situation matérielle certes
pas très brillante mais sans être pour autant en état de
grande précarité. Qu’à cela ne tienne pour le FN et ses
identitaires. Après s’être attaqués aux sans-papiers, aux
migrants, aux Roms, à toutes les personnes issues de
l’émigration et en particulier aux jeunes des banlieues de
toutes les couleurs, Le Pen et ses sbires identitaires
s’occuperont de notre cas, plus tard, repérant les Juifs,
les homosexuels, les athées, les anticapitalistes de toutes
nuances, les internationalistes, les gens qui n’agiteront
pas le drapeau tricolore en cadence, les gens qui sont
mariés à des Noirs ou à des Maghrébins, ou qui ont, comme
moi, des amis chers ou de bons voisins originaires d’Afrique
ou du Maghreb. Votez blanc risque d’avoir cette fâcheuse
connotation d’être le vote de blancs bien pensants de gauche
ou d’extrême gauche, campant sur des positions
anti-électoralistes aussi faibles et inconsistantes dans
certaines circonstances que l’électoralisme plein
d’illusions qui a fait bien des ravages dans d’autres
circonstances.

Il n’est pourtant pas difficile d’imaginer ce que le Front
National et ses alliés feraient s’ils se retrouvaient à la
tête des institutions étatiques. Nous en avons déjà des
échantillons très concrets avec la façon dont ils gèrent les
municipalités qu’ils ont gagnées : campagnes racistes et
anti-musulmanes permanentes, suppression d’aides sociales,
suppression de subventions à des associations cruciales pour
les plus démunis. Pour Jean-Luc Mélenchon, il ne s’agit sans
doute que de « nuances dans la cruauté sociale » comme il a
osé le dire en établissant une équivalence entre Macron et
Le Pen. J’ai du mal à croire que les victimes de la gestion
du Front National dans ces municipalités qu’ils tiennent
voient la réalité comme ce tribun, calculateur et infatué de
lui-même, qui ne réagit même pas quand Marine Le Pen le
félicite ou drague ses électeurs.

Si Marine Le Pen est élue, elle nommera des préfets encore
plus implacablement xénophobes. Elle encouragera les 50 % de
policiers et de gendarmes qui votent déjà pour elle à se
comporter de façon encore plus infâme et à commettre encore
plus de bavures. Quand Gilbert Collard sera garde des
Sceaux, Christine Boutin ministre de la famille et Bruno
Gollnisch, ministre de la recherche et de l’enseignement
supérieur, je suis persuadé que ceux et celles qui sont
actuellement dans une logique « bonnet blanc-blanc bonnet »,
saisiront la différence. Sauf qu’il sera un peu trop tard
pour se défendre efficacement. Car évidemment, comme Edwy
Plenel l’argumente très bien dans son texte « Dire non au
désastre », les libertés d’expression et d’organisation, et
le droit de grève seront sérieusement encadrées, voire
supprimées dans bien des cas. « Elles sont déjà mises à mal,
un peu plus, un peu moins, quelle importance » vont s’écrier
les militants ultra-gauche et les doctrinaires abstraits qui
ne distinguent pas la différence entre le gris et le noir,
et s’engagent en toute inconscience dans la politique du
pire.

C’est ici qu’il convient de dire ce qui ne va pas dans les
organisations d’extrême gauche, qu’elles soient anarchistes,
libertaires, conseillistes ou se réclamant du trotskysme
comme LO et le NPA. Premier problème : elles ont très peu de
militants et de sympathisants d’origine africaine ou
maghrébine. Je n’ai pas remarqué qu’elles aient des
porte-parole ou des figures connues ayant une de ces
origines. Dans leur composition sociale, elles ne sont pas à
l’image de ce pays ni du prolétariat de ce pays. Et ce ne
sont pas les jeunes des banlieues populaires militant dans
leurs rangs qui risquent de les ramener sur terre et de leur
remettre les yeux en face des trous, car ils et elles
brillent depuis quinze ans et plus par leur absence ou
comptent fort peu dans l’élaboration de leurs politiques.

Ceci dit, les militants d’extrême gauche et de la gauche
radicale constituent les forces essentielles qui soutiennent
les sans-papiers et mènent une propagande antiraciste et
anti-xénophobe. C’est tout à leur honneur, pas de problème
sous cet angle. Mais ces organisations n’ont pas été
accueillantes, de fait, à l’égard des jeunes et des
travailleurs issus de l’immigration, sinon cela se verrait
et aurait des effets positifs. Je fais simplement un constat
sur lequel il faudrait s’interroger.

Cela ne m’est pas agréable d’exprimer cette vérité criante,
d’autant plus que je me considère comme membre actif à part
entière et de longue date de l’extrême gauche
révolutionnaire, et qui plus est en sympathie avec celles et
ceux qui constituent la gauche radicale. Si cette
physionomie très blanche se perpétue, la gauche radicale et
les organisations qui se disent révolutionnaires ne
cesseront pas de stagner ou de s’affaiblir et elles ne
joueront qu’un rôle marginal dans les combats futurs.

Deuxième problème : il y a un beau principe qui,
théoriquement, unit toutes les organisations mentionnées
ci-dessus, qu’elles se réclament de l’anarchisme ou du
marxisme : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ».
Sauf qu’elles ne montrent guère l’exemple en offrant
toujours le spectacle de leur division, de leur indifférence
à l’égard des autres organisations ou de leurs guerres
picrocholines auxquelles le commun des mortels ne comprend
rien. Les divergences sont normales et même nécessaires, car
personne ne détient d’emblée la vérité (sinon qu’il
s’empresse d’en faire profiter les autres). Ce qui l’est
moins, c’est que ces organisations n’offrent jamais un
visage uni, avenant, fraternel, sur aucun problème où cela
pourrait couler de source. Les divers groupes se sont
habitués à ne pas débattre intelligemment entre eux.
Certains se sont délectés à affirmer leur fragile identité
politique en pratiquant des exclusions et des
stigmatisations grotesques et autodestructrices. Il est
grand temps de changer leurs pratiques internes et leurs
rapports avec le monde extérieur pour la bonne raison que
l’extrême droite prospère et s’unifie de façon extrêmement
dangereuse.

L’émiettement de l’extrême gauche et de la gauche radicale
et la routine de ses pratiques a depuis des années pour
effet d’avoir appauvri la qualité des analyses qu’elle
produit et de ne même pas pouvoir mobiliser utilement le
patrimoine politique propre à chaque organisation et
tendance. Il faut par exemple que ce soit Edwy Plenel qui
rappelle aux organisations trotskystes, dans la conclusion
de son texte, comment Trotsky posait le problème face au
danger de l’extrême droite !

Le problème auquel nous sommes confrontés ne peut pas être
réduit à une question de choix tactique. Où alors il s’agit
d’un choix tactique vital. Quand les bolcheviks ont décidé
de faire un front commun avec les partisans de Kerenski pour
se débarrasser en priorité de l’ennemi le plus dangereux, à
savoir le général Kornilov, ils l’ont fait pour sauver les
chances de renverser Kerenski et de permettre ainsi aux
ouvriers, soldats et paysans de déployer leur démocratie
soviétique. Imaginez un instant qu’ils aient adopté une
autre tactique : « Ni Kerenski, ni Kornilov. L’un et l’autre
sont des ennemis de la révolution. Attendons de voir.
Campons fermement sur nos principes en refusant de nous
compromettre dans un front avec Kerenski... » Illustrons la
question par un petit interlude imagé. Pris dans les phares
d’une auto lancée à toute vitesse, le lapin gauchiste
réfléchit à la tactique à adopter. « Même pas peur. Mes
principes anti-électoralistes m’interdisent de faire un
geste, un pas de côté pour sauver ma peau. Après tout, il y
a une deuxième voiture derrière celle-là presque aussi
dangereuse et rapide. Autant que je me fasse écraser tout de
suite ».

Il me semble que cela ne relève pas de la dialectique la
plus sophistiquée que de comprendre que face à deux ennemis
dangereux, si on en a encore la possibilité, il faut écarter
celui qui est le plus immédiatement dangereux pour s’occuper
ensuite du suivant. Le raisonnement qui renvoie dos à dos le
néolibéralisme de Macron et le souverainisme d’extrême
droite de Le Pen ne fait qu’ajouter à la confusion des
esprits. Il relève d’un radicalisme sans contenu qui ne se
soucie pas de ce qu’entraînerait de très spécifique une
victoire électorale de Le Pen. Aux attaques contre les
migrants, les Roms, les citoyens d’origine africaine et
maghrébine, s’ajouteraient deux effets particulièrement
désastreux. Les conditions de la lutte seraient plus
difficiles. On ne peut pas se réjouir de la multiplication
des luttes des salariés et des mobilisations pour défendre
l’environnement sans prendre en compte les conditions
politiques dans lesquelles elles risquent de se dérouler. Si
Le Pen fait un très bon score, sans gagner, le président
Macron en tiendra compte dans un sens répressif,
réactionnaire. Si Le Pen gagne, le pire est à craindre. Les
appels à la lutte d’ensemble, à la grève générale, les
proclamations tonitruantes sur « l’insurrection qui vient »
résonneront alors de façon assez lugubre.

Ma dernière remarque sur les conséquences prévisibles d’un
succès important ou éclatant du FN découle de mon point de
vue internationaliste qui, celui-là je l’espère, est partagé
par mes amis et camarades peu ou prou libertaires,
conseillistes ou trotskystes. La victoire relative ou totale
de Marine Le Pen serait un formidable encouragement pour
toutes les forces d’extrême droite non seulement en Europe,
mais aussi dans des pays comme les États-Unis, la Russie ou
le Japon. Elles auront le vent en poupe. Le Pen serait reçue
triomphalement par les chefs d’État de ces pays, de même
qu’en Pologne, en Slovaquie et en Hongrie, pays où certes
les régimes ne sont pas fascistes mais suffisamment
autoritaires et réactionnaires pour que les droits des
femmes, la vie des migrants, des Tsiganes et de tous les
citoyens épris de démocratie et de progrès social soient
déjà terriblement mis en cause.

Nous sommes pris dans une nasse qui nous oblige à faire
quelque chose d’infiniment désagréable quel que soit notre
choix. S’abstenir ou voter blanc ? Cela ne sera pas agréable
à vivre et à défendre. Même ceux qui se réfugient dans leur
petite tour d’ivoire prendront soin, tout de même, de
regarder les résultats à la télévision dimanche à 20 heures.
Dans leur for intérieur, celles et ceux qui se seront
abstenus ou qui auront voté blanc, seront soulagés si Le Pen
n’est pas élue et seront effarés si elle l’est. Mais ils
auront l’autosatisfaction d’avoir préservé leur saint Graal
révolutionnaire (« Ne jamais voter ! » pour les uns.
« Préserver son indépendance de classe ! » pour d’autres).
Le problème, c’est qu’ils n’auront rien proposé dans la
situation d’urgence où nous sommes pour que ni Macron, ni
Le Pen ne soient élus. La grève générale ? Une grande
bourrasque sociale de la classe ouvrière ? Un nouveau Mai 68 ?
Une insurrection ? Je n’en vois pas les prémisses, sinon
cela me conviendrait tout à fait.

Je suis pris dans la nasse comme tout le monde. Je vais
faire quelque chose d’infiniment désagréable, qui n’est
qu’un petit coup de canif pour la trouer, geste peu efficace
si trop peu de gens s’y résolvent : je vais voter Macron,
contre Le Pen et contre Macron qui ne perd rien pour
attendre, qu’il faut combattre dès maintenant et surtout dès
lundi prochain s’il est élu.

Certains pensent que, après tout tant pis, advienne que
pourra, si Le Pen est élue en 2017, c’est peut-être pas plus
mal plutôt que d’attendre 2022 où elle le sera à coup sûr.
Leur logique est qu’il vaut mieux une fin effroyable tout de
suite qu’un effroi sans fin. Je pense au contraire que nous
devons tenter de nous donner un délai.

Dans les années qui viennent, nous aurons encore de sérieux
atouts pour renverser la situation en notre faveur. Nos
faiblesses sont criantes. Qui aurait cru qu’un jour Marine
Le Pen pourrait impunément se rendre sur un piquet de grève
et se faire acclamer par un groupe de salariés en lutte,
sans que d’autres, à Whirpool et ailleurs ne réagissent
vigoureusement en la chassant manu militari ? Le mouvement
ouvrier, porteur de valeurs de solidarité et d’émancipation
sociale, a essuyé une défaite morale et il risque de ne plus
exister du tout un jour si ses acteurs ne s’en rendent pas
compte et ne réagissent pas, comme il se doit, face à cette
ennemie mortelle des travailleurs.

D’un autre côté, quand on considère la combativité des
salariés, l’importance des défilés du 1er mai, quand on
additionne les voix de Mélenchon, de Hamon, de Philippe
Poutou et de Nathalie Arthaud, on constate qu’il y a des
forces potentielles importantes pour redresser la barre,
pour casser la progression de l’extrême droite et pour
combattre efficacement tous les mercenaires du capitalisme
comme Macron. Un front uni et diversifié, antiraciste,
écologiste, féministe, anticapitaliste et révolutionnaire
peut se former et relever les défis.

Il paraît que nous sommes contre toutes les frontières.
Prouvons-le. Faisons tomber les frontières qui divisent les
composantes d’un tel front potentiel. Même si nous adoptons
une position différente face à ce deuxième tour, cela ne
devra pas donner matière à de nouvelles rancœurs ou
divisions. C’est notre avenir commun qui est en jeu. 

Bien fraternellement à toutes et à tous,

José Chatroussat

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