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Journal de notre bord

Lettre n° 117 (lundi 10 mai 2010)

Nous vivons un vilain conte pour enfants que l'on cherche à
effrayer et à tétaniser. Nous serions donc cernés par des
puissances malfaisantes, insatiables et fragiles
psychologiquement qui rôdent et cherchent à nous frapper et
à nous dévorer : les Marchés, la Dette, le Déficit, la
Crise. Heureusement il y a les chefs d'État qui sont
capables de calmer les Marchés, de les rassurer, de les
cajoler. Comment ? En effectuant une vaste ponction dans les
poches des classes populaires et en taillant largement dans
toutes ces dépenses publiques inutiles pour les groupes
financiers qui concernent l'éducation, la recherche, la
santé, la culture, les services sociaux, l'emploi, le
salaire et la retraite des salariés de la fonction publique, etc.
Pour annoncer le lancement du grand racket en France,
Sarkozy le téméraire a repassé la patate brûlante à son
Premier ministre : « Courage, Fillon » en quelque sorte.
Mais la magie de l'annonce de ce racket n'a pas opéré. Les
Marchés ont continué à grogner et à ne pas être rassurés.

Les principaux gouvernements de la zone euro avec la Banque
Centrale Européenne et la pression des États-Unis ont donc
fini par se mettre à plat ventre cette nuit devant les
exigences des spéculateurs, c'est-à-dire des banques et
autres groupes financiers. L'idée d'un fonds de 750
milliards d'euros a été lancée pour garantir à court terme
la poursuite de leurs spéculations. A la dette déjà
conséquente de tous les États européens, les gouvernants
viennent d'ajouter une nouvelle dette pour sécuriser les
profits financiers. La bulle de l'endettement des États a
donc été gonflée encore plus, avec des risques d'éclatement
plus importants mais pour plus tard. C'est le risque de
défaut de paiement immédiat qui est toujours le plus gros
souci pour les banques. Tant pis si cela ne fait qu'aggraver
la situation ultérieure.

Le plus gros danger pour les peuples en Europe serait de se
laisser impressionner, de sombrer dans le fatalisme et une
sorte d'aveuglement volontaire. Pour y voir clair et agir en
conséquence, il faut d'abord considérer que ce sont les
États qui sont endettés. Notre endettement individuel,
personne ne le prend en charge !

L'expression « dette publique » est radicalement fausse. Ce
n'est pas le public en Grèce, en France, en Allemagne, etc.,
qui a réclamé qu'on privatise et qu'on brade les entreprises
publiques ou les entreprises d'État. Le public n'a pas
demandé que des sommes folles soient consacrées à l'armement
ou au renflouement des grands groupes capitalistes depuis
trente ans et plus.

Ne serait-ce que dans la tête de chacun de nous, nous devons
commencer par refuser la dette de l'État et la considérer
comme nulle et non avenue selon des critères sociaux et
humains de bon sens. N'ayant aucune responsabilité dans les
déficits et les dettes des États, les salariés, retraités,
chômeurs et petits travailleurs indépendants ont un intérêt
vital à en rejeter toute la responsabilité sur les classes
dirigeantes. Par voie de conséquence ils devront à l'avenir
se mettre en état de sécession avec ces classes qui
détruisent l'environnement et les bases de la vie sociale.
Dans l'immédiat nous ne devons accepter aucun sacrifice pour
sauver leur machine économique pourrie à faire des profits.
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Bonne gestion
Saisons de la digne rage
Au bord du fleuve
Howard Zinn
Huit fois debout
Mammuth
New York, I love you
Vingt millions sur le clavier
Haendel au piano
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BONNE GESTION
Qui a bien pu déclarer un jour dans une interview : « Ce
qu'on appelle spéculation n'est que de la bonne gestion. » ?
Cette pensée profonde devrait être gravée dans le marbre au
fronton des quartiers généraux de toutes les grandes
banques, fonds de placement, compagnies d'assurances et
grandes entreprises industrielles et commerciales. Alors qui
a dit cela ? Christine Lagarde, Pascal Lamy, Warren Buffet,
Bolloré, Madoff, Murdoch, Dominique Strauss-Kahn, Lagardère,
Paulson, Pinault ou Arnault ? Vous hésitez et c'est bien
normal.

Pour vous aider à trouver et pour saisir toute la cohérence
de cette déclaration reproduite dans le journal Le Monde
daté du 14 juin 2008, il faut la replacer dans son contexte,
en citant les phrases qui la précèdent et celle qui la suit :
« Certains critiquent le fait que pétrole et matières
premières soient devenus des placements comme les autres,
fluctuant en sens inverse des actions par exemple. Or les
gestionnaires de fonds arbitrent entre les différents
placements pour équilibrer les gains. Ce que l'on appelle
spéculation n'est que de la bonne gestion. La seule réponse
à la hausse des prix du brut passe par celle de la
production, et nécessite d'exploiter de nouveaux champs
pétrolifères. »

Alors qui est le placide louangeur de cette « bonne gestion »,
abusivement appelé spéculation, qui contribue
généreusement à une pollution en grand des océans et de
l'atmosphère et qui plus est, au pillage des ressources du
sol et du sous-sol conduisant à la ruine et à la misère des
peuples entiers notamment en Afrique, en Asie et en Amérique
latine ? Eh oui, c'est DSK, directeur général du FMI et
membre éminent de la section française de l'Internationale
socialiste. Pour qui s'imaginerait que nous plaisantons et
douterait de la pérennité de cette organisation unissant les
sociaux-démocrates de tous les pays, il convient de visiter
le site www.internationalesocialiste.org. La IIe
Internationale n'a donc pas fait faillite, financièrement
parlant. La jet social-démocratie organise pour ses membres
des rencontres qui doivent être sans aucun doute
convaincantes sur le plan culinaire et sur le plan
œnologique.


SAISONS DE LA DIGNE RAGE
A l'inverse de ces gens-là, parlons de ceux qui luttent et
qui se situent « en bas, à gauche » comme le dit le
sous-commandant Marcos. Sous le titre « Saisons de la digne
rage », plusieurs de ses développements faits de vive voix
en 2007 et 2009 viennent d'être publiés avec une
présentation et une chronologie très intéressantes du
mouvement zapatiste dans la région du Chiapas au Mexique par
Jérôme Baschet (éd Climats, 276 pages).

C'est plus que jamais le moment de s'intéresser à ce
mouvement et à ses porte-parole qui ne suscitent plus cette
curiosité un peu complaisante pour ce qui est trop
facilement catalogué comme folklorique, pour passer
rapidement à autre chose.

Les « quelques thèses sur la lutte antisystémique » (page 62)
indiquent clairement comment le mouvement zapatiste se
situe et voit les choses, comme une des composantes ouverte
sur le monde et accueillante, visant à la destruction du
système capitaliste, mais refusant de se présenter comme une
avant-garde qu'il suffirait de suivre ou d'imiter.

Marcos est féroce de façon jubilatoire avec les politiciens
mexicains de droite comme avec ceux de gauche qui ont fait
l'inverse de ce qu'ils avaient promis. Il est moqueur avec
certaines féministes universitaires venant délivrer la bonne
parole aux femmes indiennes sans les écouter et aussi à
l'égard des « théoriciens » détachés des réalités de la vie
et d'une lutte collective très difficile et souvent
sanglante qui dure depuis plus de quinze ans. On apprend
beaucoup sur les exigences de fonctionnement démocratique
qui sont une des grandes et authentiques préoccupations des
zapatistes. Il est rafraîchissant et rare qu'un porte-parole
politique fasse preuve d'autant d'humour bien ciblé et
d'autodérision. A côté de la chouette de la philosophie de
Hegel, on découvrira un autre volatile, le Hibou qui regarde
des revues avec des femmes en sous-vêtements ! On est
éventuellement déconcerté par ces contes parfois étranges
(pour un lecteur occidental) qui émaillent les propos de
Marcos. C'est une façon ne nous faire savoir qu'il y a
d'autres imaginaires que le nôtre et qu'un mouvement a
toujours ses singularités et ne se donne pas à comprendre
rapidement et superficiellement.


AU BORD DU FLEUVE
L'écrivain Emmanuel Dongala qui écrit en français depuis
toujours a dû quitter le Congo-Brazzaville dans les années
90. Il a tenté d'obtenir un visa pour la France mais les
autorités françaises dans toute leur rigueur républicaine
(et de compréhension pour les régimes africains corrompus et
pour les dictateurs chassés de leur pays) lui ont opposé un
refus. Heureusement l'écrivain américain Philip Roth s'est
démené pour qu'il puisse résider aux États-Unis où il
enseigne la chimie et la littérature francophone.

Son dernier livre, « Photo de groupe au bord du fleuve »
(Actes Sud, 334 pages) est davantage qu'un simple roman.
Celles et ceux qui ne sont guère attirés par la littérature
mais veulent mieux comprendre ce qui se passe actuellement
dans une bonne partie de l'Afrique noire le liront avec
intérêt.

Dans un style franc du collier, très accessible, Dongala
nous fait partager l'histoire d'une quinzaine de femmes qui
cassent des pierres pour remplir des sacs de gravier toute
la journée sous le soleil et au bord du fleuve Congo. Le
chantier pour construire un nouvel aéroport a un besoin
pressant de ce gravier. Méréana, l'une des femmes qui a
entendu à la radio à quel prix exorbitant les intermédiaires
vendaient leurs sacs, va convaincre facilement ses collègues
d'exiger le doublement du prix de leurs sacs. Ces casseuses
de pierres ont toutes connu des épreuves difficiles ou
extrêmement dramatiques du fait des guerres avec ses soldats
violeurs et assassins, du sida, de la maltraitance des
hommes de leur famille ou de leur belle famille, des
accusations de sorcellerie, de la rouerie des politiciens
véreux...

Un des aspects palpitants de ce récit est la façon dont ces
femmes mènent démocratiquement leur lutte en mobilisant
l'ingéniosité de chacune pour contrer les mauvais coups et
les ruses des gens de pouvoir pour briser leur mouvement. La
revendication d'un meilleur revenu exprime fondamentalement
leur exigence de dignité, au péril de leur vie mais aussi
pour rêver à d'autres projets de vie, à un autre destin.


HOWARD ZINN
La parole est à présent à notre amie Nadine pour nous parler
d'Howard Zinn : « C'est grâce aux éditions Agone que nous
avons en France, enfin, la possibilité de lire Howard Zinn,
cet intellectuel-militant américain. Il est mort comme il a
vécu, le 28 janvier de cette année : son cœur l'a lâché
alors qu'il quittait un meeting pour se rendre à une
manifestation. Lecture édifiante pour ceux qui auraient
tendance à avoir une vision schématique des États-Unis,
comme pays champion de la Liberté, comme pays du capitalisme
triomphant où la seule règle aurait été pour tous de
s'enrichir. Howard Zinn remet les choses en place. Dans son
Histoire populaire des États-Unis, publiée en 1980 (mais
traduite en France 20 ans plus tard !) ce ne sont bien sûr
pas les milliardaires mythiques qui l'intéressent, ni les
présidents, ni les acteurs d'Hollywood, mais ceux « d'en bas »,
Indiens, esclaves noirs, paysans, ouvriers,
syndicalistes, militants pour l'égalité. Certains auront
peut-être alors découvert grâce à lui que la « lutte des
classes » a toujours existé aux États-Unis.

Dans son dernier livre publié en février 2010 chez Agone
(550 pages) « Désobéissance civile et Démocratie » (traduit
par Frédéric Cotton), il nous livre une réflexion
personnelle lucide et engagée sur la guerre, la justice, la
liberté d'expression. Il a eu cet immense mérite de ne pas
rester figé dans un système de pensée et de savoir
accueillir d'autres idéologies. Lui qui s'est engagé comme
bombardier pendant la seconde guerre mondiale au nom des
idéaux antifascistes, reconnaît ensuite s'être trompé sur
l'engagement de son pays à mener une guerre « morale » et
affirme que « l'une des pires conséquences de la Seconde
Guerre mondiale est sans doute d'avoir confirmé l'idée
qu'une guerre pouvait être juste ».

Considéré comme un historien marxiste, il n'a jamais
considéré le socialisme soviétique comme modèle et reconnaît
avoir été séduit à partir des années 60 par la philosophie
anarchiste et son rejet de « toutes formes d'autorité qui
s'imposeraient par intimidation - l'autorité de l'État, de
l'Église ou celle du patron ». Profondément pacifiste, il
est persuadé qu'on peut avoir « la justice sans la violence »
et qu'on peut résister de bien des manières aux agressions
de toutes sortes. La désobéissance civile en est une. Cette
non-violence qu'il prône, ne doit pas être vue, nous dit-il,
comme passive : « la non-violence ne signifie pas «
résignation » mais « résistance » - non pas « patience »
mais « passage à l'acte ». Il cite en exemple la grève, le
boycott, le refus de coopérer, la manifestation de masse et
le sabotage... On peut bien évidemment avoir des divergences
avec lui, mais nous retiendrons surtout qu'il nous donne, à
la fin de son livre, une leçon d'optimiste qui fait du bien
en ces temps moroses de crise.

Écoutons-le nous dire qu'il y a « le désir de survie de six
milliards d'êtres humains ». Il y a « les artistes et les
musiciens, les poètes et les acteurs qui, dans tous les
pays, sont prêts [...] à créer un monde plein de musique et de
poésie, un monde meilleur pour tous ». Il y a « des
professeurs dans le monde entier qui voudraient pouvoir
parler de paix et de solidarité entre les peuples », il y a
« des scientifiques qui brûlent de mettre leur savoir au
service de la vie et non de la mort ». Il y a « des gens qui
ont des métiers ordinaires et qui aimeraient participer à
quelque chose d'extraordinaire, au mouvement pour embellir
leur ville, leur pays et le monde dans son ensemble », il y
a « des mères et des pères qui veulent voir leurs enfants
vivre dans un monde décent [...] ».


HUIT FOIS DEBOUT
L'inspiration des cinéastes français fait vraiment le grand
écart. Avec « Le mariage à trois » de Jacques Doillon, on
pouvait espérer que le titre était ironique, un peu
distancié, or il n'en est rien. Toute référence même
lointaine au grand écrivain du XVIIIe siècle, Marivaux, est
malvenue. A l'actif de ce film il y a une belle lumière
d'été captée dans une résidence champêtre par une excellente
chef opératrice. Sinon le réalisateur étale des fantasmes de
séducteur vieillissant mais toujours gagnant par l'entremise
de son personnage principal, au demeurant très bien
interprété par Pascal Greggory. Il s'agit d'un dramaturge
caractériel d'une misogynie assez poisseuse, ce qui semble
avoir échappé à la plupart des critiques de cinéma.

Le premier film de Xabi Molia, « 8 fois debout » (103 min),
tranche d'autant plus par la pertinence de son propos et la
densité de son scénario. Elsa (Julie Gayet) est une jeune
mère qui a perdu la garde de son fils au moment de son
divorce. Elle est abonnée aux petits boulots et aux
entretiens d'embauche qui tournent systématiquement au
fiasco. Son voisin de palier Mathieu (Denis Podalydès)
godille dans le même genre de galère qui prend l'eau et vous
conduit un jour à la rue. Quand il avance en toute sincérité
à un agent recruteur que sa principale qualité est le doute,
on imagine que ses chances d'être embauché comme salarié
performant sont réduites à zéro.

Le film se développe dans un climat de subversion pointue et
tranquille. Même si les héros se retrouvent en grande
difficulté, perdent parfois les pédales, leur logique
consistant à rêver et à prendre leur temps est celle qui
tourne le dos à la logique dominante, celle qui vise à
formater tous les gens à la recherche d'un emploi. Tout un
chacun est censé se vendre sur le marché du travail en ayant
un projet crédible. D'où cette jolie maxime de Mathieu :
« Atteindre le but, c'est louper tout le reste ».


MAMMUTH
Après le désopilant « Louise-Michel », Gustave Kerven et
Benoît Delépine nous prennent à contre-pied avec « Mammuth ».
Ils ne cherchent pas du tout à faire monter la mayonnaise
pour nous faire rire aux éclats. D'entrée de jeu le film
commence par une scène d'une tristesse consternante avec le
pot de départ en retraite de Serge Pilardosse (Gérard
Depardieu), équarrisseur dans un abattoir. Il a beau avoir
travaillé non stop depuis l'âge de 16 ans, il lui manque des
points pour toucher sa retraite car plusieurs de ses
employeurs se sont bien gardés de le déclarer. A défaut
d'être débrouillard, Serge a une femme déterminée (Yolande
Moreau) qui lui donne l'énergie de partir récupérer « la
paperasse » nécessaire sur sa moto Münch Mammuth modèle
1972. Le souvenir d'un premier amour tué dans un accident
(Isabelle Adjani) lui sert aussi d'ange gardien
encourageant. Il se prend d'une tendresse compréhensive pour
une nièce artiste border line (Miss Ming).

Sur un rythme un peu relâché, avec une pellicule où les
images sont mal définies et une bande son qui ne permet pas
de saisir toutes les répliques, les réalisateurs ont
finalement conduit leur barque de façon originale et
attachante, avec des acteurs qui sont d'une sereine et
totale évidence.


NEW YORK, I LOVE YOU
Encore New York au cinéma ! Eh bien on ne s'en lasse pas d'y
retourner dans la Grosse Pomme avec « New York, I love you »
(103 min). Onze réalisateurs de différents pays ont réalisé
chacun une petite histoire d'amour ou de désamour. Elles se
passent pour la plupart la nuit dans celle ville cosmopolite
qui ne dort jamais. Le résultat est extrêmement plaisant et
fluide, avec une bande musicale en phase, de l'émotion et
des situations agréablement surprenantes.


VINGT MILLIONS SUR LE CLAVIER
Il y aurait actuellement en Chine plus de vingt millions de
jeunes pianistes. La passion pour le piano dans ce pays a
deux faces, une soif d'expression artistique qui est
touchante et une soif de réussite sociale voulue d'abord par
les parents, les professeurs et les autorités locales. Les
différentes dimensions du phénomène piano en Chine sont bien
mises en évidence dans le film de Barbara Willis Sweete qui
trace le portrait de l'un d'entre eux Yundi Li qui a
remporté le concours Chopin de Varsovie en 2000 à l'âge de
18 ans (The Young Romantic, A portrait of Yundi, DVD
EuroArts).

A côté des centaines d'ouvriers et d'ouvrières qui
fabriquent des pianos à cadence rapide dans une usine de
Shenzhen, un long travelling sur une multitude de gamins
faisant des gammes dans des boxes évoque terriblement des
volailles élevées en batterie. Yunli parle lui-même des
méthodes musclées de son premier professeur donnant des
coups de baguette sur les doigts fautifs. Sa propre mère
n'est pas trop gênée d'avouer qu'elle lui donnait aussi des
coups d'aiguilles à tricoter.

Les jeunes qui résistent à ce traitement et qui ont du
talent peuvent espérer accéder au statut de star comme Lang
Lang ou comme Yundi. On entre alors dans le grand jeu de la
marchandisation et de l'adulation des foules. Yundi qui a 25
ans au moment du tournage de ce film semble pour l'instant
avoir résisté à toute cette folie avec une certaine
simplicité et une concentration avant tout sur la qualité de
ses interprétations comme on le voit au cours des
répétitions à la Philharmonie de Berlin du deuxième concerto
pour piano de Prokofiev avec le chef d'orchestre japonais
Seiji Ozawa.

On croise les doigts pour que la sensibilité et la
virtuosité de Yundi ne soient pas étouffées ou brisées par
son statut de star et le rythme dément des concerts et des
enregistrements. Pour l'instant on peut apprécier ses
qualités dans le bonus le montrant à la Roque d'Anthéron
dans son interprétation des quatre Scherzos de Chopin et La
Campanella de Liszt.


HAENDEL AU PIANO
Continuons encore un peu le tour du monde du piano. Racha
Arodaky est une pianiste née à Damas en Syrie. Après une
formation au Conservatoire de Paris avec Daniel Merlet, un
pianiste trop peu connu, elle a passé trois ans à Moscou
pour découvrir l'école de piano russe. Ensuite elle a suivi
l'enseignement d'un autre grand interprète, le grand
pianiste américain Murray Perahia.

Racha Arodaky vient d'enregistrer des suites pour clavier du
compositeur allemand Georg Friedrich Haendel (1685-1759),
lequel fut grandement influencé par la musique italienne de
son temps et résida une bonne partie de sa vie à Londres.

Elle prend tout son temps pour enregistrer et laisse mûrir
ses interprétations puisque ce CD Haendel (air note,
consulter www.rachaarodaky.fr et www.pianobleu.com) est son
quatrième depuis 2001. L'aventure est belle à tous égards
puisque cet album a été auto-produit grâce à une
souscription sur internet et à un groupe d'amis et de
personnes de confiance. Cela a permis à l'interprète
d'échapper à toutes les contraintes et options habituelles
de la production des grands labels qui laissent peu de temps
et abusent du montage. Le choix du piano plutôt que du piano
forte ou du clavecin apporte un charme particulier à ces
suites.

La prise de son réalisée par Cécile Lenoir est superbe. La
pianiste nous fait découvrir un Haendel subtile, délicat,
d'une poésie tour à tour enjouée, lumineuse ou embuée. Dès
l'introduction avec un menuet en sol mineur, on est conquis
et on le reste pendant 70 minutes.


Bien fraternellement à toutes et à tous

Samuel Holder
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