Journal de notre bordLettre n°71 (le 18 août 2006)Bonsoir à toutes et à tous, L'État israélien, sous sa forme d'avant-poste des puissances impérialistes, vient de montrer à nouveau que sa fonction principale consiste à faire la guerre aux peuples de la région. Il fait la guerre de façon permanente depuis plus de soixante ans au peuple palestinien. Il a profité de ses bombardements sur les populations du Liban, pour intensifier ses agressions dans la bande de Gaza. Cette nouvelle guerre au Liban s'est déroulée avec la complicité voyante des dirigeants américains et britanniques, et la complicité hypocrite des dirigeants français et allemands qui réclament à présent d'être " dans le coup " par une présence militaire dans le Sud Liban. Le bellicisme effréné des gouvernants de Tel-Aviv frappe en retour les habitants d'Israël, une population constamment piégée, menacée, frappée et enrôlée physiquement et moralement dans de sales guerres à répétition. Les dirigeants israéliens viennent en plus de renforcer le prestige et l'emprise d'un parti islamiste réactionnaire, le Hezbollah, sur une bonne partie des populations arabes de la région. Ce qui n'est pas pour déplaire à Bush et aux autres chefs d'États occidentaux. Cela leur donne une justification à la lutte contre " le terrorisme ", avec son cortège de mesures policières et de dépenses militaires délirantes. Avec aussi une intervention militaire supplémentaire au Liban qui s'ajoute à celle en Afghanistan et en Irak et en prépare peut-être d'autres en Syrie ou en Iran. La fuite militaire en avant des grandes puissances et de leurs alliés est le pendant logique de leur course aux profits. Pour sécuriser leur pillage des sources de richesses, en premier lieu le pétrole, il leur faut des armées qui brisent toutes les résistances. Cassez le développement d'une telle spirale catastrophique ne sera pas facile pour les peuples et pour les travailleurs du monde entier. Mais il n'y a pas d'autre alternative. ____________________________________ La lutte anti-CPE Du plomb pour du fric Climat chargé Biodiversité peau de chagrin Dragonerie Luttes de femmes Winslow Homer Parfums du sud _____________________________________ LA LUTTE ANTI-CPE Des militantes et militants de Nancy impliqué(e)s dans le mouvement anti-CPE ont eu l'excellente idée de raconter en détails comment il s'est déroulé sur leur ville et quels problèmes il a soulevé. Les rédactrices et rédacteurs font partie de la CNT, de SUD, de Reso-antiK ou de rien du tout. Il faut espérer que d'autres participants sur d'autres villes auront envie de rédiger des textes du même ordre pour donner consistance à une réflexion indispensable sur le mouvement du printemps dernier. Cette brochure nancéenne, vivante et précise, s'intitule " Toi aussi, bloque ta fac ! ". Elle donne à la fin, sans sectarisme aucun, des pistes de lecture et des liens sur le web très utiles. Cette brochure est téléchargeable : http://nancy-luttes.net/anti-CPE/printemps2006.pdf DU PLOMB POUR DU FRIC Il nous faut constamment instruire à charge le procès du capitalisme si nous voulons nous en débarrasser. Un petit livre paru en France l'an dernier apporte sa contribution de façon efficace et imparable : " L'histoire secrète du plomb " de Jamie Lincoln Kitman (éditions Allia, 155 pages). Il y a environ quatre-vingts ans, de grosses firmes telles que Du Pont, General Motors et Standard Oil of New Jersey (connue aujourd'hui sous le nom d'Exxon) décidèrent d'ajouter un additif dangereux à base de plomb dans l'essence. Le prétexte était qu'il était un antidétonant efficace augmentant l'indice d'octane et luttant contre les " cliquetis " du moteur. L'additif au plomb étant breveté et s'imposant avec la complicité du gouvernement américain et de certains scientifiques à la solde de ces entreprises, des profits considérables furent réalisés grâce à lui. Pendant quarante ans la recherche scientifique sur les conséquences pour la santé et l'environnement était en fait entièrement contrôlée et financée par ces firmes. Toutes les objections les mieux fondées furent balayées selon le principe " dans le doute, on continue. " Le livre suit à la trace toutes les étapes de cette sinistre saga qui n'est pas terminée. Non seulement par les conséquences à long terme de cette pollution sur toute la planète. Mais aussi parce que, si les pays riches circulent depuis quelques années à l'essence sans plomb, le Tiers monde (en particulier l'Afrique et le Moyen-Orient) est toujours fourni en essence plombée. L'auteur emploie à juste titre l'expression de racisme écologique et affirme sans détours qu'on " ne peut pas faire confiance à l'industrie pour se réguler elle-même ". CLIMAT CHARGÉ Le numéro de " La Recherche " de cet été propose un dossier très riche sur l'état du climat et les hypothèses qu'on peut avancer quant à son évolution probable et les conséquences du réchauffement : montée des eaux, ralentissement du Gulf Stream, modification de l'aire de distribution des espèces, etc. Par delà le grand intérêt de plusieurs analyses, on est toujours sidéré par la cécité politique et sociale de certains scientifiques qui apportent par ailleurs des données très précieuses. Michel Dégué par exemple, qui dirige l'équipe Arpège-Climat à Météo-France, écrit que " nos comportements actuels ne changeront pas beaucoup dans les décennies à venir. A moins de cataclysmes mondiaux, ce que personne ne souhaite, le développement industriel se poursuivra au cours du siècle, et la concentration en gaz à effet de serre augmentera nécessairement. " Il me semble que dans ces conditions, le " cataclysme " d'une révolution mondiale, portant une conscience claire des intérêts de l'humanité et de son environnement serait éminemment souhaitable. Fichus pour fichus, préparons-nous partout à tenter cette entreprise de sauvetage. BIODIVERSITÉ PEAU DE CHAGRIN Dans le numéro du mois d'août de " Pour la Science ", Simon Tillier, professeur au Muséum d'Histoire naturelle à Paris et directeur de l'institut européen de taxonomie, écrit que " ...l'extinction de la moitié des espèces vivantes d'ici la fin du siècle est probable. " Il y a pire. " On ignore combien d'espèces et lesquelles sont nécessaire pour que l'humanité continue à se nourrir, à se reproduire et même à respirer. " Il ressort clairement que la connaissance actuelle de la biodiversité est dangereusement insuffisante. Pour mettre rapidement à la disposition de tous les chercheurs les données existantes dans les collections et les bibliothèques, il faudrait une organisation collective du travail à grande échelle et mettre au point une plate- forme informatique pour la cybertaxonomie. En conclusion, Simon Tillier égratigne en termes feutrés les effets d'annonce de Chirac sur la nécessaire connaissance de la biodiversité qui n'ont pas été suivis de décisions quant aux moyens à mettre en oeuvre. DRAGONERIE Des expositions temporaires de grande qualité ont déjà été présentées au sous-sol de la Grande galerie de l'évolution, au Muséum d'Histoire naturelle à Paris. Intrigué par le titre de l'exposition actuelle, " Dragons, entre science et fiction ", il nous fallait vérifier en quoi ce thème pouvait concerner un espace théoriquement consacré à la popularisation de travaux scientifiques. Sommes-nous au Muséum d'histoires surnaturelles ? Hélas, oui. On constate rapidement que la futilité l'emporte haut la main. On est en présence d'une mixture de toutes les mythologies traitées par-dessus la jambe. LUTTES DE FEMMES Le cinéaste japonais Mizoguchi Kenji est encore insuffisamment connu alors qu'il est un des plus grands réalisateurs de l'histoire du cinéma, pas seulement japonais. Ceux qui ont eu l'occasion de voir " Contes de la lune vague après la pluie ", " Rue de la honte ", " Les Amants crucifiés " ou " Cinq femmes autour d'Utamaro " n'ont pas besoin d'être convaincu. Que ses films se situent dans le Japon contemporain ou dans une période plus ancienne, ils dénoncent tous avec vigueur l'injustice de la condition des femmes. Mizoguchi (1898-1956) fut un des cinéastes les plus authentiquement féministe qui soit. La plupart de ses films gardent une beauté et une force émotionnelle stupéfiantes. " Flamme de mon amour ", réalisé en 1949 et qui passe actuellement dans deux salles parisiennes (MK2 Beaubourg et Champo, rue des Écoles), est délibérément un film militant s'inspirant de la vie de personnages réels. L'action se passe à l'époque de l'ère Meiji vers 1880. Le Parti libéral (on dirait aujourd'hui " de gauche ") s'oppose aux réactionnaires au pouvoir et suscite beaucoup d'espoir parmi les paysans pauvres et la jeunesse étudiante. Il les trahira par la suite. La jeune Hideko Kageyama qui s'est enfuie de sa famille aisée et a rejoint ce parti à Tokyo, luttera avec courage pour l'émancipation des femmes, y compris des ouvrières réduites en esclavage. Ce film percutant garde une actualité impressionnante quand on a à l'esprit ce qu'est encore aujourd'hui la condition épouvantable des femmes dans de nombreux pays. L'enquête parue dans " Libération " le 8 août dernier sur les ouvrières du textile au Bangladesh après leur révolte de mai-juin dernier est à cet égard très éloquente. WINSLOW HOMER Jusqu'au 24 septembre au Musée d'art Américain de Giverny, près de Vernon, se tient une exposition intitulée " Winslow Homer, poète des flots ". L'expression n'est pas fausse mais il est sans doute nécessaire de préciser que l'américain Winslow Homer était un peintre et un aquarelliste, parmi les plus grands de la deuxième moitié du XIXe siècle. On peut percevoir chez lui l'influence de Millet, de Courbet ou de l'école de Barbizon. Il est vrai que la mer, les lacs et les rivières constituent des thèmes fondamentaux qu'affectionnait cet homme qui s'est toujours tenu à l'écart des modes et des intrigues du monde de l'art. Par son tempérament sans concessions et son attachement profond à la nature sauvage, Winslow Homer fait songer à des écrivains comme Herman Melville, l'auteur de " Moby Dick " ou Henry David Thoreau, l'auteur de " Walden, la vie dans les bois ". Il donne aussi une sorte de noblesse sculpturale, sans aucune lourdeur académique, aux hommes et aux femmes du peuple qu'il met en scène, qu'il s'agisse de pêcheurs noirs des Bahamas, de femmes de marins en Angleterre ou sur la côte du Maine ou d'enfants pilotant un voilier ou contemplant la mer. PARFUMS DU SUD La jeune chanteuse Laura Lopez Castro d'origine espagnole se porte musicalement très bien si on en juge par son premier album enregistré à Stuttgart où elle a passé sa jeunesse : " Mi libro abierto " (CD Nesola). Ses chansons et son timbre de voix particulier s'imprègnent tour à tour et en douceur de trois parfums, celui du flamenco, du fado et de la bossa nova. Elle est entourée de musiciens discrets et raffinés, Don Philippe à la guitare, Sebastian Studnitzky à la trompette, David Drop au violon, Werner Klemm au violoncelle, etc. Bien fraternellement à toutes et à tous Samuel Holder _______________________________________ Pour recevoir ou ne plus recevoir cette lettre, écrivez-nous: mèl : Culture.Revolution@free.fr http://culture.revolution.free.fr/ _______________________________________ |
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