Journal de notre bordLettre n°64 (le 8 janvier 2006)Bonsoir à toutes et à tous, Nous vous souhaitons une excellente année 2006. Que tous vos voeux se réalisent, y compris les plus modestes qui apportent soulagement ou joies inattendues. Par exemple ne plus avoir d'incidents fâcheux avec son ordinateur et son antivirus. Ce dernier point nous tient particulièrement à coeur. Notre voeu est que, pour votre plaisir comme pour le nôtre, vous restiez en notre compagnie pour faire de belles et intéressantes découvertes dans différents domaines de la culture et de la critique sociale. ________________________________ Émancipation Le détail qui tue Le vagabond du monde Et vous trouvez ça drôle ? Volée de bois vert De bric et de baroque In situ _________________________________ ÉMANCIPATION La question de l'émancipation des travailleurs par eux-mêmes se pose avec une acuité renouvelée en ce début de 21e siècle. Les dangers que le capitalisme fait courir à l'humanité et à la nature sont de plus en plus perceptibles. Tous les efforts conséquents pour comprendre les processus à l'oeuvre et pour préparer les luttes à venir doivent être signalés. C'est pourquoi nous attirons l'attention de tout le monde sur les journées de travail à Paris les 14 et 15 janvier prochains organisées par plusieurs collectifs : A Contre Courant, Carré Rouge, L'Émancipation Sociale, et des militants liés à la revue/site À l'Encontre (Suisse). Nous invitons celles et ceux qui le peuvent à participer à ces journées et, dans tous les cas, à consulter le site rénové de Carré Rouge où l'on pourra lire le texte de présentation et le programme de ces journées ainsi que plusieurs contributions préparatoires. Voir le site http://www.carre-rouge.org/ LE DÉTAIL QUI TUE L'émission Ushuaia de Nicolas Hulot est une des rares qui soit regardable sur TF1 sans avoir l'impression immédiate d'être entraîné de façon flagrante ou insidieuse dans un malstrom d'abrutissement. Toutefois il faut prendre quelques dispositions pour apprécier les vues splendides de la nature qui nous sont montrées. Baisser le son ou le couper permet de s'épargner le prêchi-prêcha écolo-moraliste du célèbre aventurier télévisuel. On aimerait parfois que la télécommande permette un floutage, voire un zappage de Nicolas Hulot pour mieux admirer les paysages et les espèces animales. On n'insistera pas sur la recherche de sensationnel destinée à faire tenir les téléspectateurs jusqu'à la première césure publicitaire puis la seconde. Là où la volonté de montrer de l'inédit et du jamais vu a pris un tour consternant, c'est lors de la dernière émission en Éthiopie. Vers la fin, Nicolas Hulot s'est livré à une séquence d'ethnologie de bazar. On nous a montré l'épreuve d'initiation d'un jeune homme dans un village de la vallée de l'Omo, foyer supposé de l'origine de l'humanité. Le commentaire laissait entendre que ces hommes et ces femmes avaient gardé des coutumes ancestrales rudes mais authentiques. Il nous incitait à respecter la diversité des cultures. Dire cela sur TF1, ça participe déjà du gag involontaire. Et puis patatras. Une négligence de coupure au montage nous a permis de voir plusieurs hommes en parures rituelles portant fièrement à l'épaule... une Kalachnikov ! LE VAGABOND DU MONDE En 1991 les éditions Plein Chant avaient édités des textes politiques et littéraires rares de Panaït Istrati (1884- 1935) sous le titre " Le Vagabond du Monde ". Le grand écrivain roumain est de retour grâce aux éditions Phébus et au travail de l'écrivain Linda Lê. En trois volumes, tous les récits et l'essentiel des textes politiques de Panaït Istrati seront réédités. Le premier tome déjà disponible comprend de magnifiques récits tels que Kyra Kyralina, Oncle Anghel Présentation des haïdoucs et Codine. Ce sont des histoires émouvantes et sauvages, liées à l'enfance et à la jeunesse de cet écrivain révolté, épris jusqu'au désespoir de justice et d'amitié. Sa mère était blanchisseuse à Braïla, port danubien. Son père contrebandier d'origine grec mourut quelques mois après sa naissance. Panaït Istrati fut un vagabond engagé auprès des opprimés. Il était rebelle à toute forme d'asservissement. Il avait participé avec fougue aux débuts du mouvement ouvrier roumain et admirait Christian Rakovsky qu'il avait connu de près. Il devint un écrivain grâce aux encouragements de Romain Rolland. Ce dernier rompit misérablement avec lui parce que Panaït Istrati dénonça courageusement la trahison et les infamies du régime stalinien dans Vers l'autre flamme (1929), au retour d'un voyage en URSS. Il fit campagne en faveur de Victor Serge et de ses proches persécutés par Staline. Dès lors il fut calomnié, vécut dans le dénuement et mourut de la tuberculose en 1935. Voilà de fortes raisons pour découvrir ou redécouvrir la vie et l'oeuvre de Panaït Istrati. ET VOUS TROUVEZ ÇA DRÔLE ? Le recueil d'histoires dont nous allons vous entretenir s'intitule " Le Plombier kidnappé " (éditions le dilettante). Il porte en quatrième de couverture une citation de Groucho Marx (une autorité en matière de rire) : " Stephen Leacock est un des types les plus drôles que je connaisse... Une fois qu'on a commencé à le lire, on ne peut plus s'arrêter. " Chacun sait que les arguments d'autorité sont dénués de valeur. Ce qui n'a jamais empêché personne d'en tenir compte, à bon escient évidemment. Le trait d'union entre l'écrivain canadien Stephen Leacock (1869- 1944) et l'acteur Groucho Marx est un goût prononcé pour la loufoquerie débridée. Leacock s'est engagé dans cette voie après la mort de Mark Twain, sans doute pour se divertir de son ennuyeuse carrière d'éminent professeur d'économie dénué d'originalité. Il se plait ici à pasticher différents genres littéraires. Pour rester dans une ambiance festive, le mieux est peut- être de commencer par la dernière histoire " Le Noël de Caroline, Une bonne vieille histoire d'amour filial ". Le lecteur qui ne rira pas une seule fois sera remboursé par nos soins. Mais comme dirait Stephen Leacock, " cette offre n'est valable que pour la durée de sa validité. " VOLÉE DE BOIS VERT Le charlatanisme a largement de quoi s'épanouir dans les médias, qu'il s'agisse de considérations sur les méthodes de lecture ou en paléontologie. Dans un bref article en page 7, la revue Pour la Science de janvier s'en prend avec vigueur et à juste titre à la chaîne Arte qui a donné du relief un samedi, en première partie de soirée " aux élucubrations de Madame Dambricourt Malassé ". Selon " cette soi-disant paléoanthropologue " signale cette revue, " la fabrique de l'homme fut décidée voici plusieurs millions d'années et " mise en mémoire dans notre patrimoine héréditaire " (sic) ". On se souvient que la célèbre astrologue d'un non moins célèbre président de la République a obtenu un doctorat de sociologie pour son " travail " dans sa " spécialité ", avec en prime tous les prolongements médiatiques sur sa performance charlatanesque. Et pendant ce temps-là, la recherche scientifique sérieuse se poursuit souvent dans la discrétion. Elle se porte mal faute de crédit et faute de reconnaître comme chercheurs à part entière des " thésards ", des doctorants qui constituent selon Jasmin Buco, président de la Confédération des jeunes chercheurs, " une main d'oeuvre économique et malléable pour " faire tourner les labos "" (lettre en page 9 de Pour la Science). DE BRIC ET DE BAROQUE Il est bien difficile de définir ce qu'est la musique baroque qui se situe entre celle de la Renaissance et le classicisme de Haydn et Mozart. Le musicologue Philippe Beaussant qui est un grand spécialiste de la question le reconnaît avec un humour irrité : " Le baroque (quel emplâtre que ce mot dont on ne peut pas se débarrasser et dont on ne peut pas se passer non plus !) est fait de plusieurs périodes qui s'enchaînent, qui sont filles les unes des autres et qui ne se ressemblent pas. " Pour ne rien simplifier, Jean-Sébastien Bach fait figure d'exception dans toute la constellation des musiciens baroques. Philippe Beaussant se confronte à nouveau avec entrain et subtilité à la difficile définition de la musique baroque dans le dossier consacré à l'Europe baroque dans le numéro de janvier du " Monde de la musique ". Pour sa part Patrick Szersnovicz tente de cerner la spécificité de Bach et évoque sa réception par les compositeurs jusqu'à notre époque. La parution de ce dossier est liée à l'événement annuel à Nantes de " La folle journée " qui dure d'ailleurs cinq jours du 25 au 29 janvier. Les plus chanceux assisteront à des concerts en direct d'oeuvres de Bach, Vivaldi, Haendel, Scarlatti, Purcell, Couperin, Rameau, mais aussi de moins connus comme les compositeurs portugais Carlos Seixas et Antonio de Almelda ou les compositeurs espagnols Antonio Soler et Manuel Blasco de Nebra. Les moins chanceux peuvent tout de même suivre bien des concerts retransmis sur France Musique et sur Arte. IN SITU Nous mettrons en ligne dans quelques jours un point de vue sur un très bon roman américain paru en 1920, " Pauvre Blanc" de Sherwood Anderson, réédité aux éditions La Découverte. Bien fraternellement à toutes et à tous Samuel Holder _______________________________________ Pour recevoir ou ne plus recevoir cette lettre, écrivez-nous: mèl : Culture.Revolution@free.fr http://culture.revolution.free.fr/ _______________________________________ |
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