Journal de notre bordLettre n°25 (le 17 septembre 2002)Bonjour à toutes et à tous La guerre contre l'Irak envahit progressivement l'actualité. Hier lundi, le secrétaire de la Défense américain, Donald Rumsfeld a annoncé la multiplication des attaques aériennes U.S. sur les installations de communication irakiennes. L'Arabie Saoudite a fait savoir qu'elle autoriserait le lancement d'une offensive contre l'Irak à partir de son territoire. L'état de guerre contre le peuple irakien n'a jamais cessé depuis 1991. Les raids des avions américains et britanniques se sont poursuivis presque quotidiennement à partir de bases installées en Turquie, dans l'indifférence médiatique la plus totale. Pire, les effets des destructions et tueries de la guerre du Golfe combinés à un embargo impitoyable ont entraîné la mort de centaines de milliers de personnes, avant tout des enfants. Mais une nouvelle guerre encore plus abominable que la précédente se prépare. Les raisons en sont claires et s'enchaînent entre elles. Pour survivre, le capitalisme au XXIe siècle ne peut plus être autre chose qu'une économie de guerre permanente contre l'humanité. Les États impérialistes pratiquent la fuite en avant militariste pour sauver les profits et consolider l'ordre inhumain qui les garantie. Par des budgets de guerre en progression inouïe, ces États renflouent de larges secteurs de l'industrie qui s'écrouleraient comme un château de cartes sans la perfusion massives de capitaux étatiques. Les guerres permettent aux armées des pays riches de prendre pied dans des régions stratégiques pour s'emparer de diverses richesses, avant tout pétrolières. Pour les groupes pétroliers américains par exemple, la perspective de prendre le contrôle des 115 milliards de barils de pétrole (les réserves de l'Irak) est plutôt alléchante. Pour que leurs objectifs soient atteints, il faut aussi que les impérialistes parviennent à une militarisation des esprits ou au minimum à tétaniser les esprits, à les effrayer au point de les rendre passifs, voire désespérés. C'est sur ce terrain que rien n'est gagné pour eux. Des millions et des millions de personnes sur cette planète ont envie de vivre heureux et en paix. Ils sont capables d'exprimer énergiquement, dans la rue et sur leurs lieux de travail, leur volonté de vivre en paix et leur capacité d'empêcher les fauteurs de guerre de commettre de nouveaux crimes de masses. Mais le rêve de paix perpétuelle du philosophe du XVIIIe siècle, Emmanuel Kant, ne deviendra demain réalité qu'en associant étroitement la lutte pour la paix à la lutte pour la destruction du capitalisme. La perpétuation de ce système implique la mort du genre humain et de son environnement. ________________________________ Paradisiaque L'autre Amérique Que se vayan todos ! Circus baobab Chansons Maurice In situ ________________________________ PARADISIAQUE Un an plus tard, George W. Bush et Oussama Ben Laden sont toujours vivants et ils sont toujours tous les deux multimilliardaires. Ils ont survécu, l'un à la faillite d'Enron et de Worldcom et l'autre à la guerre en Afghanistan. Le premier reste à la tête d'une superpuissance terroriste tandis que l'autre ne dirige toujours qu'une PME terroriste, qui a essayé de se pousser en avant sur le marché du crime le 11 septembre 2001. Par quelle miracle le réseau Al-Qaida dispose-t-il de tous ses capitaux, sauf dix millions de dollars qui auraient été gelés ? Les paradis financiers, bien sûr ! Dans ces centres offshore qui existent sur tous les continents, l'argent de diverses provenances est totalement protégé. Selon l'enquête du quotidien " La Tribune " du 11 septembre dernier, les paradis fiscaux et bancaires détiendraient 5 000 milliards d'actifs dont 1 000 milliards appartenant à des organisations de trafiquants de drogue. Le reste n'est pas détenu, comme on l'imagine, par des enfants de coeur. " Les fraudeurs du fisc, les corrompus et les corrupteurs, et surtout les entreprises multinationales ayant constitué d'énormes caisses noires se partagent les 4 000 milliards restants. ". L'expropriation à l'échelle internationale des multinationales et des grandes fortunes sera une mesure de salut public. L'AUTRE AMÉRIQUE Quelques plumes serviles parmi les commentateurs politiques voudraient taxer d'anti-américanisme primaire toutes celles et tous ceux qui dénoncent les exactions de la première puissance mondiale et qui s'y opposent. De son côté les idéologues de la bourgeoisie américaine voudraient embrigader la population des États-Unis au nom de la lutte contre " le terrorisme ". L'ouvrage intitulé " L'autre Amérique, les Américains contre l'état de guerre " (éditions Textuel, 238 pages, septembre 2002) tombe à point. Il bat en brèche l'idée que tous les Américains des USA auraient sombré dans le nationalisme et se seraient rangés bien docilement derrière Bush et sa bande. Il s'agit d'un recueil de textes d'intellectuels Américains qui refusent l'union sacrée patriotique et liberticide. Citons notamment Mike Davis, Noam Chomsky, Angela Davis, Arno Mayer, Edward Said, Gore Vidal ou Howard Zinn. On lira aussi dans le dernier numéro de l'Express du 12 septembre les contributions d'autres écrivains qui refusent le consensus réactionnaire, notamment Russell Banks, Paul Auster et Arthur Miller. Attirons enfin l'attention sur les milliers de travailleurs Américains qui viennent de se mettre en grève, les préposés au ménage de Boston, les ouvriers de chez Boeing ou ceux qui menacent de le faire, notamment les dockers de la côte Ouest. QUE SE VAYAN TODOS ! Les livres sur l'Argentine depuis les journées révolutionnaires des 19 et 20 décembre 2001 ne sont pas légion. À notre connaissance il n'en existe qu'un en français, et même si les auteurs sont deux amis de la revue " Carré Rouge ", nous n'hésitons pas à dire qu'il est excellent. Ce livre de François Chesnais et Jean-Philippe Divès s'intitule " Que se vayan todos ! Le peuple d'Argentine se soulève " (éditions Nautilus, août 2002, 232 pages, 13 euros). " Que se vayan todos ! " signifie " Qu'ils s'en aillent tous ! ", " ils ", c'est-à-dire ces politiciens et bourgeois corrompus qui ont réduit une grande partie de la population à la misère. La lecture de ce livre très clair est indispensable pour comprendre ce qui s'est passé depuis dix mois en Argentine, pour replacer ces événements dans une perspective historique et enfin pour en dégager les leçons politiques ici dans les pays d'Europe occidentales. En France par exemple, nous pouvons connaître un jour un écroulement politique, économique et social comparable à celui qui a frappé l'Argentine. CIRCUS BAOBAB Dans l'abondante édition de DVD, nous avons repéré un documentaire très réussi intitulé " Circus Baobab " (édition France2, 90 minutes, avec un making-of et une partie CD-rom). Le réalisateur Laurent Chevallier a suivi en mars 2000 l'aventure d'une troupe africaine, " Circus Baobab ", depuis Conakry, la capitale de la Guinée jusqu'aux coins les plus reculés de ce pays. Pierre Bidon, le fondateur de la compagnie Archaos a été un des maîtres d'oeuvre pour découvrir et former de jeunes talents sur place. Le Lieutenant Traoré dirige toute l'équipe, avec un mélange subtil d'autoritarisme et de générosité. Bus en panne, pluies diluviennes, négociations délicates avec les autorités locales, moyens matériels insuffisants, maladie, cohabitation parfois difficile entre les membres de la troupe, ce périple est à la fois drôle et poignant. Mais avant tout chaque soir, devant un public d'une ferveur inouï, les vieux musiciens et les jeunes à la fois mimes, danseurs et acrobates aériens créent un spectacle magique. CHANSONS Connaissez-vous Michèle Bernard, une femme qui est à la fois auteure, chanteuse et accordéoniste ? Son dernier disque vient de sortir et s'intitule " Une fois qu'on s'est tout dit " (CD EPM musique Universal) . L'Académie Charles Cros a eu un " coup de coeur " pour ce disque, ce qui prouve qu'elle n'a pas mauvais goût. La plupart des chansons et paroles ont été composées par Michèle Bernard. Deux d'entre elles sont en hommage à la communarde Louise Michel (" Au cimetière de Levallois ", " Sous les Niaoulis ") et une autre évoque la fin tragique d'un couple d'amoureux à Sarajevo en 1993, Bosco jeune Serbe et Admina jeune Musulmane. (" Pont suspendu "). Nous avons également le plaisir d'annoncer la création du site d'une autre auteure, compositrice et chanteuse de talent, bien que ne figurant pas dans les hits parades, Ann Gaytan : http://www.ann-gaytan.com/ MAURICE ROTHNEMER Ceux et celles d'entre vous qui ont lu attentivement les différentes notes de lecture de notre site auront sans doute remarqué celles de Maurice Roth (" Le cul de Judas " d'Antonio Lobo Antunes, " La leçon d'allemand " de Siegfried Lenz...). Notre ami Maurice vient de disparaître. Il était d'une générosité rare. Il s'est passionné pour les problèmes de l'humanité jusqu'au bout, avec des coups de colère bien ciblés contre tout ce qui est injuste, réactionnaire ou barbare. Maurice était particulièrement ouvert à l'art, à la littérature, à la philosophie...Il nous avait encouragé à poursuivre ce site et grâce à lui, nous y avons introduit le poète Henri Heine dont il appréciait particulièrement la verve irrespectueuse. Nous partageons la peine de sa famille, de ses proches et de ses amis de " Carré Rouge ". IN SITU Nous avons mis en ligne un point de vue sur le roman " Les Douze Chaises " d'Ilia Ilf et Eugene Petrov qui vient d'être réédité. Lorsque ce roman soviétique est sorti en 1928, le poète Ossip Mandelstam a écrit dans un journal de Kiev : " Les couches les plus vastes s'étouffent littéralement de rire à sa lecture. " Si vous êtes prêts à prendre le risque, vous voyez ce qui vous reste à faire. Bien fraternellement à toutes et à tous Samuel Holder _______________________________________ Pour recevoir ou ne plus recevoir cette lettre, écrivez-nous: mèl: Culture.Revolution@free.fr http://culture.revolution.free.fr/ _______________________________________ URL d'origine de cette page http://culture.revolution.free.fr/lettres/Lettre_025_17-09-2002.html |