Saint Simon et les Saint-simoniens

Sommaire : Milieu familial et social - 1779-1783 - La Révolution française et l'Empire - 1814-1815 - 1816-1818 - Le « système industriel » - 1819 : Sa parabole - La question de l'éducation - 1823 - 1825 - Ses successeurs après sa mort - Les saint-simoniens - Face à la révolte des canuts - Prosper Enfantin - La fin des saint-simoniens - Comment Blanqui critique les saint-simoniens - Le milieu patronal saint-simonien - La position de Marx - Dans le mouvement ouvrier français de la fin du XIXe siècle - Dans le mouvement communiste français à ses débuts

Dans l'« après révolution française » les forces sociales ont continué à évoluer, les idées aussi et le militantisme a changé de visage.

Les parcours militants ne sont pas forcément liés à des luttes, ils se sont bien souvent tournés vers des directions qui se sont avérés des impasses mais ils ont à chaque fois nourri leurs successeurs. Les idées de Marx en particulier ne peuvent être assimilées si on ne prend pas en compte les rôles respectifs et différents de penseurs et militants tels Saint Simon, Fourier ou Comte. Voilà pourquoi il faut régulièrement parcours les textes de ces trois « proto-socialistes ».

Un aspect enrichissant de ces trois mouvements de pensées, c'est que, issus incontestablement des idées des Lumières et de la Révolution française ils ne reviennent pas inlassablement, comme pour se doper, sur le passé, aussi riche soit-il. En outre, aucun de ces trois penseurs ne perd de temps à annoncer une nouvelle Révolution imminente. Ils ont déjà fort à faire à mettre au clair leurs idées, qui sont si riches et novatrices par elles-mêmes, sans avoir besoin d'appeler à l'aide un avenir dont ils savent de toute façon qu'il ira dans le sens de l'émancipation de l'humanité.

Leur confiance dans les idées et dans l'Humanité est impressionnante. Un oeil sur le passé et un autre sur l'avenir, ils font des hypothèses toujours ambitieuses, et jamais répétitives. Ils ne s'arrêtent pas à un développement sous prétexte que le petit peuple ne le comprendrait pas. Ils ne cherchent pas non plus à tout prix l' « unité » avec d'autres penseurs ou d'autres mouvements. Ils ne cherchent pas non plus la polémique systématique. Et ils apparaissent avec leurs faiblesses, que Marx va mettre en évidence, et avec leur engagement et pour tout cela ils sont attachants, mais aussi précieux, tant leurs idées furent fécondes.

Milieu familial et social

Avec Saint Simon on n'est pas encore précisément dans le milieu militant du XIXe siècle. Sa famille prétendait descendre de Charlemagne, et lui-même affirmait que le même Charlemagne lui était un jour apparu ! Toujours est-il qu'il est né à Paris en 1760. Sa famille est noble, et lui-même a le titre de comte.

Il se fait remarquer très tôt, en refusant de faire sa première communion ! Du coup, son père le fait enfermer à Saint Lazare. Une fois libéré, il se tourne vers les livres de Rousseau et D'Alembert, qui l'enthousiasment. D'ailleurs D'Alembert aurait même été son précepteur.

1779-1783

Il part comme officier de marine en Amérique. Il participe à la Guerre américaine pour l'Indépendance. Mais c'est plus l'économie que la politique qui le fascine dans le Nouveau Monde. Aux États-Unis, en effet, il découvre l'essor de l'industrie naissante. Il découvre une société où la religion a dépéri, et où la morale est fondée sur de nouvelles bases, celles de l'entreprise. Dans ses voyages, il visite aussi la Hollande et l'Espagne.

La Révolution française et l'Empire

Il en est un témoin actif. À cette époque, il vit en Picardie. Il participe à la rédaction des cahiers de doléances dans sa région. Ensuite, il fait moins de politique et plutôt des affaires financières. Il devient suspect, car il a des membres de sa famille qui ont rejoint le camp contre-révolutionnaire. Cela lui vaut un séjour en prison. De la Révolution, il tire surtout l'expérience réussie de ses spéculations sur les biens nationaux. Mais il refuse d'émigrer et s'enthousiasme pour les changements dans toute la société.

Les changements économiques du début du XIXe siècle renforcent son envie de donner la priorité à l'esprit d'entreprise. Saint Simon est aussi témoin des événements qui suivent la Révolution française, les guerres dans toute l'Europe, sous le commandement de Bonaparte. Il le considère d'abord comme un grand homme, un prince éclairé, fils de la Révolution. De plus il se trouve que Napoléon fonde l'Académie des Sciences naturelles et d'autres Académies des sciences et des arts. Pour Saint Simon, cette démarche va dans le même sens que ce qu'il voit dans toute la société. Il approuve l'idée de donner le plus possible de pouvoir à la nouvelle élite, les savants. Mais quand il s'aperçoit que ce n'est pas le vrai dessein de Napoléon et que celui-ci d'ailleurs repousse ses avances, il finit par s'en éloigner.

Il se met à écrire véritablement à partir de 1814. Il a pour amis puis secrétaires le jeune historien Augustin Thierry puis le jeune philosophe Auguste Comte.

1814-1815

Et dès ces années, Saint-Simon montre non seulement de l'audace politique, mais en plus du courage personnel : que ce soit en 1814, pendant l'occupation des troupes alliées dans Paris, ou en 1815 pendant les Cent Jours ou après Waterloo, quand il proclame que l'union de la France, de l'Angleterre et de l'Allemagne est nécessaire, et que c'est la seule voie pour le développement et la paix en Europe.

En 1814 il fait paraître De la Réorganisation de la société européenne, ouvrage écrit avec Augustin Thierry. On y lit notamment : « Tout me dit que l'examen des grandes questions politiques sera le but des travaux de notre temps. La philosophie du siècle dernier a été révolutionnaire ; celle du XIXe siècle doit être organisatrice. » Il imagine ainsi, grâce à cette bonne organisation, rendre la politique « positive » : « L'âge d'or du genre humain n'est point derrière nous, il est au-devant, il est dans la perfection de l'ordre social ; nos pères ne l'ont point vu, nos enfants y arriveront un jour ; c'est à nous de leur en frayer la route. »

Saint Simon est conscient de vivre une époque pleine de possibilités. Malgré les guerres en Europe, il perçoit ce qui est porteur d'avenir, en particulier le développement des sciences, qui lui semblent annoncer un progrès des techniques sans précédent. Il veut alors faire la synthèse des sciences, dépasser les Lumières et ouvrir la voie à la « positivité ». L'homme et la société sont objets de connaissance. Saint Simon poursuit ici les recherches de Montesquieu en matière de sciences que nous appelons aujourd'hui sociales.

Mais c'est aussi une avancée dans la science de la politique et du socialisme, comme le salue Engel, qui écrit dans son Anti-Dürhing : « En 1816, [Saint Simon] proclame la politique science de la production et il prédit la résorption entière de la politique dans l'économie. Si l'idée que la situation économique est la base des institutions politiques n'apparaît ici qu'en germe, le passage du gouvernement politique des hommes à une administration des choses et à une direction des opérations de production, donc l'abolition de l'Etat, dont on a fiat dernièrement tant de bruit, se trouve déjà clairement énoncée ici.  »

1816-1818

C'est dans L'Industrie, le recueil collectif que Saint Simon signe avec, entre autres, Thierry et Comte, qui paraît dans ces années 1816-1818, qu'on peut lire ses phrases fameuses : « Tout par l'industrie, tout pour elle. », « L'économie politique est le véritable et unique fondement de la politique. », « La politique est donc, pour me résumer en deux mots, la science de la production. »

L'économie doit donc être supérieure à la politique. Saint Simon considère son époque comme une transition qui ouvre une possibilité de planifier rationnellement la société. Mais la morale doit jouer un rôle central. « Il faut refondre tout le système des idées morales ; il faut l'asseoir de nouvelles bases ; en en mot, il faut passer de la morale céleste à la morale terrestre. » Il faut balayer définitivement « l'espoir du paradis et la crainte de l'enfer », déjà critiqués par les Lumières et la révolution, mais encore vivaces.

Saint Simon donne pour principe premier que « L'homme doit travailler ». Son texte est à la fois un hymne à la technique et les prémisses des idées socialistes. Il écrit : « La société toute entière repose sur l'industrie. L'industrie est la seule garantie de son existence, la source unique de toutes les richesses.  »

Bien évidemment, l'« industrie » du début du XIXe siècle n'est pas l'industrie actuelle, ni même celle du milieu du XIXe siècle. Engels la décrit comme encore « immature », et Saint Simon y met un sens qui englobe tous les « gens utiles » du Tiers Etat.

Le « système industriel »

Saint Simon écrit plusieurs ouvrages pour édifier ce qu'il appelle son « système industriel ». Ce système est directement né de l'effondrement de la société d'Ancien régime. Dans cette société, du fait des guerres entre quelques uns, c'est l'obéissance de tous qui était exigée. Avec la société industrielle, c'est le règne de la production pour tous. Saint Simon étudie le « parti industriel », qui est composé des artistes, des banquiers, des artisans, des avocats. Il n'oublie pas la classe ouvrière, mais sans la considérer comme une force politique en tant que telle. D'ailleurs les termes de « classe ouvrière » et « prolétariat » ne peuvent recouvrir les mêmes réalités sociales qu'à l'époque de Marx. On voit surtout des classes pauvres, composées (hormis les mendiants) d'artisans, de paysans et de famille qui survivent à la fois par le travail en ville, parfois en usine, et par des revenus de la campagne.

1819 : Sa parabole

Saint Simon présente son idée fondamentale sur la société à travers une parabole célèbre qu'on retrouve dans son texte L'Organisateur. En voici le contenu.

Si la France perdait ses cinquante meilleurs physiciens, artistes, militaires et entrepreneurs, elle ne s'en remettrait pas.

« Comme ces hommes sont les Français les plus essentiellement producteurs, ceux qui donnent les produits les plus importants, ceux qui dirigent les travaux les plus utiles à la nation, et qui la rendent productive dans les sciences, les beaux-arts et les arts et métiers, ils sont réellement la fleur de la société française ; ils sont, de tous les Français, les plus utiles à leur pays, ceux qui lui procurent le plus de gloire, qui hâtent le plus sa civilisation ainsi que sa prospérité ; la nation deviendrait un corps sans âme à l'instant où elle les perdrait, elle tomberait immédiatement dans un état d'infériorité vis-à-vis des nations dont elle est aujourd'hui la rivale, et elle continuerait à rester subalterne à leur égard tant qu'elle n'aurait pas réparé cette perte, tant qu'il ne lui aurait pas repoussé une tête. »

Ensuite, « admettons que la France conserve tous les hommes de génie qu'elle possède dans les sciences, les beaux-arts et les arts et métiers, mais qu'elle ait le malheur de perdre, le même jour, Monsieur, frère du roi » la cour et toute la noblesse.

« Cet accident affligerait certainement les Français parce qu'ils sont bons, parce qu'ils ne sauraient voir avec indifférence la disparition subite d'un si grand nombre de leurs compatriotes. Mais cette perte de 30 000 individus, réputés les plus importants de l'État, ne les affligerait que sous un rapport sentimental, car il n'en résulterait aucun mal politique pour l'État.

D'abord, par la raison qu'il serait très facile de remplir les places qui seraient devenues vacantes : il existe un grand nombre de Français en état de remplir les fonctions de frère du roi aussi bien que Monsieur ; beaucoup sont capables d'occuper les places de princes tout aussi convenablement que Mgr le duc d'Angoulême, que Mgr le duc d'Orléans.

(...) Ces suppositions font voir que la société actuelle est véritablement un monde renversé (...) puisque (...) dans tous les genres d'occupation, ce sont des hommes incapables qui se trouvent chargés du soin de diriger les hommes capables, que ce sont, sous le rapport de la moralité, les hommes les plus immoraux qui sont appelés à former les citoyens à la vertu, et que, sous le rapport de la justice distributive, ce sont les grands coupables qui sont préposés pour punir les fautes des petits délinquants.  »

Le sens de la parabole est clair : la noblesse ne peut que nuire au progrès des sciences et de la société. De plus, Saint Simon souligne la primauté des forces économiques et des producteurs dans la société.

La question de l'éducation

À la fin de sa parabole, Saint Simon accorde une grande place à l'éducation. Le savoir est un produit direct du développement de la production. Saint Simon imagine une société fondée sur les sciences, avec un système éducatif centralisé et obligatoire. On retrouve là l'attachement pour les « lumières ». Sur l'éducation, il n'a pas écrit un livre particulier, mais c'est un thème récurent dans son oeuvre. Il fait la distinction entre l'éducation et l'instruction, préférant la première à le seconde. Ainsi, écrit-il « Le perfectionnement de l'éducation proprement dite est plus important pour l'accroissement du bien être social que celui de l'instruction. » En effet, « c'est l'éducation proprement dite qui forme les habitudes, qui développe les sentiments, qui épanouit la capacité en prévoyance générale, c'est elle qui apprend à chacun à faire application des principes et à s'en servir comme de guides certains pour diriger sa conduite.  » Pour Saint Simon des prolétaires français qui ne savent ni lire ni écrire mais qui ont reçu cette éducation, seront plus capables de travailler utilement que des paysans russes à qui leur riche propriétaire aura fait apprendre à lire et écrire. En effet, ces prolétaires français « sont en état de bien administrer une propriété ; ceux qui sont attachés à la culture sont capables de diriger des travaux de ce genre ; il en est de même pour ceux qui sont attachés à des travaux d'arts et métiers : tandis que les Russes, à qui on aura enseigné la lecture et l'écriture, n'auront reçu de leurs parents qu'une éducation semblable à celle que ceux-ci avaient reçue eux-mêmes, c'est–à-dire une éducation très mauvaise ; et si vous essayez de confier l'administration d'une propriété quelconque à ces Russes sachant lire et écrire, vous verrez ces propriétés dépérir dans leurs mains. » Bien sûr, ces idées ne sont plus de mise aujourd'hui, mais ce qui est important c'est ce goût pour la réforme qui vise en particulier les jeunes des milieux pauvres, qui sont placés en situation de donner un avenir à la société. Saint Simon a donc des idées nombreuses sur l'éducation et l'instruction publique.

Cette instruction doit viser la « propagation des connaissances  ». Le jeune doit apprendre à lire, compter, écrire, dessiner, faire de la musique. En tous les cas, il ne faut pas confier cette éducation à l'Église. Et Saint Simon est enthousiasmé par cette jeunesse populaire qui est « avide d'instruction bien plus que les oisifs de nos salons. » Et comme de nombreux révolutionnaires, Saint Simon s'intéresse de près à toute la jeunesse, qu'il divise entre trois groupes. Il y a l'enfant, de 0 à 7 ans ; puis vient l'adolescent de 7 à 14 ans, âge où les passions « s'enflamment dans l'individu, en même temps qu'il acquiert la faculté de produire son semblable » ; enfin, vient le jeune homme, de 14 à 21 ans.

1823

Ces idées ne font pas vivre Saint Simon. Celui-ci, qui perd au même moment l'amitié d'Auguste Comte, et qui a de gros problèmes d'argent, tente de se suicider. C'est un banquier qui lui vient en aide, et lui permet de trouver des fonds pour travailler sur son Nouveau Christianisme.

1825

C'est l'année de la parution du Nouveau Christianisme. Dans cet ouvrage, il expose son opinion sur la religion. Il s'agit d'un dialogue entre un conservateur et un novateur. Ce dernier croit en Dieu, mais il veut réformer la religion chrétienne. Le clergé ne représente pas la religion. De celle-ci il retient une pensée, « Les hommes doivent se conduire en frères à l'égard les uns des autres. ». Et derrière, il donne cette interprétation : il s'agit de tous les hommes, donc la priorité doit être l'amélioration de la vie de la classe la plus pauvre. Saint Simon n'a de cesse de s'en prendre au Vatican, quartier général des Jésuites qui dominent toute la société. « L'enseignement que le clergé catholique donne aux laïcs de sa communion est vicieux, il ne dirige point leur conduite dans la voie du christianisme. » En assénant des litanies et des propos mystiques, continue Saint Simon, le but du clergé est de persuader les laïcs « qu'ils ne sont point en état de se conduire par leurs propres lumières, et qu'ils doivent se laisser diriger par le clergé ». Il accuse le Pape « de se conduire en hérétique  », « de tenir une conduite gouvernementale, plus contraire aux intérêts moraux et physiques de la classe indigente de ses sujets temporels, que celle d'aucun prince laïc envers ses sujets pauvres. » On voit bien toute l'ambiguïté de Saint Simon qui veut trouver une nouvelle religion capable d'apporter le bonheur à tous. Pour lui, le clergé devrait dire : « L'immense majorité de la population pourrait jouir d'une existence morale et physique plus satisfaisante que celle dont elle a joui jusqu'à ce jour ; et (...) les riches, en accroissant le bonheur des pauvres, amélioreraient leur existence. »

Dans ce texte, il se prononce pour un socialisme, qui semble non démocratique mais plutôt technocratique, c'est-à-dire où le pouvoir serait entre les mains des chefs de l'industrie, mais pour le bien de tous, puisque la société devra être fondée sur le principe moral que tous les hommes doivent se conduire en frères. C'est le thème de ce dernier ouvrage, Le Nouveau Christianisme.

C'est en 1825 que Saint Simon meurt. Sa mort physiologique est d'une certaine manière accompagnée par la mort de ses conceptions en tant que telles. Après Saint Simon, les idées évoluent encore. Ce n'est guère étonnant : il en est de même pour d'autres domaines intellectuels, en particulier dans les sciences. Ainsi, au milieu des années 1820, les idées de Lamarck, souvent considéré comme l'auteur de la première théorie de l'évolution des êtres vivants, se répandent, non sans débat et opposition. En 1824, le physicien Joseph Fourier publie ses Remarques générales sur les températures du globe terrestre et des espaces planétaires, première théorie de l'effet de serre. Il en est de même dans le domaine de la préhistoire : en 1825, l'anglais Gideon Mantell est le premier à décrire le premier squelette d'iguanodon découvert en Angleterre. La science a depuis remis en question beaucoup de leurs conclusions, mais a utilisé toutes leurs recherches et leurs découvertes. C'est le même phénomène dans l'évolution des idées politiques. Cette période est donc fertile en avancées. Les idées de Saint Simon, déjà caduques en 1825, inspirent d'autres penseurs.

Ses successeurs après sa mort

Ils sont nombreux, et dans toute l'Europe. En Suède l'homme d'État Nils Nilsson se revendique de lui. En Russie le philosophe socialiste Herzen est marqué par son oeuvre, ainsi que l'économiste anglais Stuart Mill. En France, Saint Simon a beaucoup d'influence  chez les grands industriels, en particulier ceux du chemin de fer. La pensée de Saint Simon a aussi beaucoup d'influence chez les intellectuels, plus que chez les ouvriers. Les socialistes se reconnaissent davantage dans ses travaux économiques que dans ses idées politiques. Ils approuvent, avec les anarchistes d'ailleurs, sa vision de la démocratie du producteur.

Les saint-simoniens

Les principaux journaux saint-simoniens sont Le Producteur et L'Organisateur. Ils défendent trois préceptes fondamentaux : l'amélioration du sort des plus pauvres, l'abolition des privilèges de naissance, en particulier l'héritage, et enfin la devise « À chacun selon ses capacités, à chaque capacité selon ses oeuvres », devise qui montre bien qu'ils ne sont pas pour une société égalitaire, même si par ailleurs, les saint-simoniens continuent à s'opposer à la propriété des moyens de production. Ainsi pour que les « capacités » s'épanouissent véritablement, il faut que l'économie soit très organisée, notamment par un réseau bancaire très ramifié et contrôlé. Ils reprennent le slogan du « Maître » « Tout pour et par l'Industrie ! ».

Le saint-simonisme est d'abord parisien, mais ses adeptes essaiment dans de nombreuses villes de France, grâce à l'envoi de « missions ». Ils s'apparentent de plus en plus à des curés d'une nouvelle religion. On peut le constater en lisant cette phrase tirée de L'Organisateur du 15 mai 1830 : « Moïse a promis aux hommes la fraternité, Jésus Christ l'a préparée, Saint Simon la réalise. »

Beaucoup de saint-simoniens ont des comportements religieux, voire sectaires. C'est le cas du docteur Guépin, à Nantes, qui organise du travail pour les chômeurs et fonde des coopératives ouvrières. C'est un homme puritain, et son austérité le rapproche des saint-simoniens. On peut citer un autre « disciple », Bazard, qui fonde une société secrète, « La Charbonnerie ». Dans son Exposition de la doctrine de Saint Simon (1829), il écrit : « L'exploitation de l'homme par l'homme, voilà l'état des relations humaines dans le passé », signifiant qu'il faut rompre avec cet état.

Face à la révolte des canuts

En novembre 1831, les ouvriers de la soie à Lyon, les canuts, demandent la fixation d'un tarif pour leur travail. En fait ils veulent que les fabricants qui leur fournissent la matière première et qui ont le monopole de la commercialisation ne changent pas de prix d'achat ou de salaire. Devant le refus de ces patrons, qui au nom du libéralisme ne veulent aucune « rigidité » dans les « charges », les canuts se révoltent. Armés et bien organisés, ils gardent le pouvoir dans la ville pendant quelques jours. Cette révolte provoque un débat dans tout le pays. Le gouvernement de Louis-Philippe se sent sur le grill.

Une remarque au passage : le statut des canuts doit attirer notre attention sur sa « modernité ». Ils n'étaient pas directement les employés des « soyeux lyonnais », mais appartenaient à une sorte de société prestataire de service à durée déterminée, qui n'avait pas de contrat permanent avec les « soyeux ». Ce modèle est repris aujourd'hui dans de nombreux secteur de l'économie mondiale. Volkswagen s'est implanté au Brésil par des entreprises prestataires de service de ce genre. Mais revenons aux saint-simoniens.

Au moment de la révolte des canuts, la presse saint-simonienne considère que le mouvement est vraiment à l'avant garde du mouvement socialiste. Un avocat écrit dans Le Globe : « Au milieu des ruines que le libéralisme a faites, il ne reste plus de l'ancien édifice qu'une seule pierre, l'hérédité des biens, l'inégalité par droit de naissance. Ce dernier privilège doit périr. » Le responsable des saint-simoniens à Lyon, Peiffer, écrit à propos des patrons saint-simoniens : « Les fabricants se détournent de la doctrine devant l'intérêt que lui portent les ouvriers et les chefs d'atelier. » On rappelle les luttes des ouvriers lyonnais pendant la Révolution. Mais les saint-simoniens autour de Peiffer avouent eux-mêmes leur surprise d'assister à une telle révolte. Au début des événements Peiffer est paniqué, comme on le perçoit dans une lettre du 21 novembre. Mais le 26, la presse saint-simonienne parvient à se prononcer clairement pour approuver sans réserve la révolte des canuts. Le Globe, journal saint-simonien, publie la lettre d'un « original » (c'est-à-dire de quelqu'un qui n'est pas un saint-simonien) qui contient ce passage : « Si l'on reste persuadé que toute question politique était étrangère à ce funeste débat, si l'on considère la tendance toujours croissante aux émeutes chez la classe ouvrière tant en Angleterre qu'en France, il faut bien y reconnaître la manifestation d'un immense fait social résumé tout entier dans le mot de ralliement de l'émeute Vivre en travaillant ou mourir en combattant. » L'auteur de la lettre continue en rappelant que depuis la Révolution de 1789 et celle de 1830, les richesses sont allées dans les poches des mêmes et jamais dans celles des travailleurs, pour conclure par : « Le peuple français est las de liberté, il vous demande du bien être, gouvernants ! » Ce texte publié par les saint-simoniens, mais non rédigé par un saint-simonien montre la radicalisation du groupe, qui n'entend pas se cantonner à des revendications en matière de liberté politiques mais qui veut que les riches fassent des sacrifices.

C'est exactement la lecture que ces riches font de la révolte lyonnaise des canuts, avec une conclusion opposée évidemment. Dans le journal Le Temps du 26 novembre 1831, un porte-parole évident des possédants écrit : « Quand la propriété est menacée, il n'y a plus d'opinion politique, de nuance de ministérialistes et d'opposition. » Cette peur que les prolétaires se mettent à faire de la politique a encore plus de résonance chez certains propriétaires qui se sentent encore peu sûrs de la pérennité de leurs biens, acquis tout récemment pendant et à la faveur de la Révolution. D'autant que cette même classe privilégiée vient de voir les ouvriers se battre en juillet 1830, renverser le régime de la Restauration... et se faire retirer le fruit de leur révolution. En effet, en juillet 1830, c'est bien à l'initiative d'ouvriers typographes et d'étudiants que l'insurrection qui devait mettre fin au règne de Charles X a commencé. Et de nouveau, une partie du prolétariat semble se révolter l'année suivante : décidément la société est bien en train d'évoluer !

Toute une partie de la classe moyenne sous l'effet de la peur se met alors à afficher qu'elle n'est pas l'ennemie des « classes inférieures ». Le journal réformiste Le National écrit : « Les événements de Lyon viennent de prouver ce qui ressortait déjà de nos belles journées de Juillet, savoir que le peuple est désormais associé à toutes les idées de liberté, à tous les désirs de bien-être que la classe moyenne crut seule faire valoir contre le régime de la Restauration ; qu'entre les lumières, le courage, l'intelligence, les sentiments moraux de la classe moyenne, et ceux de la classe ouvrière, il y a peu de différence et, comme le nombre est de beaucoup en faveur de cette dernière, que si on ne lui fait pas équitablement sa part, elle voudra se la faire, et qu'elle peut y réussir. » Le National se met à parler de plus en plus d'« économie sociale », de l'honnêteté des ouvriers, de leur respect pour la propriété, histoire, en parlant de la classe ouvrière, de ne pas parler des révoltes des ouvriers.

Mais Le National reste très en avance par rapport à des fractions entières de la classe dirigeante. Le Président du conseil, le 17 décembre 1831, déclare au sujet de la révolte des canuts : « L'événement est resté étranger à toute pensée politique. » Et bien des conservateurs, qui se retrouvent dans le Journal des Débats, sont d'avis que la classe ouvrière de 1831 est très primitive, et en tout cas incapable de la moindre idée politique.

Dans la foulée de cette révolte, les saint-simoniens sont décidés, eux, à poursuivre plus que jamais leur propagande en faveur exclusivement de « la classe la plus nombreuse et la plus pauvre. » La situation est évidemment très dure, surtout à Lyon, où l'ordre bourgeois règne et où c'est plutôt les cercles philanthropiques qui se développent. Dans une lettre de Douai au Globe, datée de janvier 1832, un sympathisant s'adresse aux saint-simoniens en ces termes : « si vos doctrines retentissaient dans les masses, elles pourraient, contre votre gré, faire beaucoup de mal. » C'est qu'on est en train de prendre conscience que la rencontre des masses exploitées et des idées socialistes font un mélange révolutionnaire et représentent réellement un danger pour l'ordre établi. Le directeur du Globe, Michel Chevalier écrit : « Les événements de Lyon ont changé le sens du mot politique ; ils l'ont élargi. Les intérêts du travail sont décidément entrés dans le cercle politique et vont s'y étendre de plus en plus.  »

On a vu que la bourgeoisie ne croit pas que la classe ouvrière soit capable d'idée et de programme politique. Mais, idée proche des saint-simoniens (qu'on relise la lettre au Globe de l'« original »), elle ne passe pas sous silence la question de la révolte ouvrière. Pour les rédacteurs du Journal des Débats, il faut que les prolétaires accèdent à la propriété. En développant l'industrie, on fera disparaître la misère et on promouvra l'intégration par la propriété.

Le problème c'est qu'en 1834, les canuts de Lyon se révoltent à nouveau. Cette fois il n'y a plus de place à l'« intégration ». Leur révolte est écrasée dans le sang. Et la bourgeoisie continue à tenir ce refrain qui l'arrange : il faut développer l'industrie et « la propriété », discours repris notamment par Lamartine.

Prosper Enfantin

Il est le plus connu des « disciples » du « Maître ». Il écrit Mémoires d'un industriel de l'an 2240 en 1838. Ces « mémoires » sont soi-disant celles du fils d'un maître tisserand des soieries de Lyon. Enfantin décrit notamment l'éducation qu'a reçue ce jeune. Pour avoir un métier, l'apprenti doit être au fait des connaissances scientifiques de son époque et doit avoir de grandes valeurs morales et religieuses. Sa formation est payée par une banque, à laquelle sont affiliés les membres de la corporation des soieries. Et Enfantin décrit un système économique où toutes les banques sont chapeautées par une grande banque centrale, ce qui indique un certain niveau de planification. Dans cette société de 2240, il n'y pas plus de guerre, et l'Europe est dominée par une seule économie et une seule monnaie. Devenu adulte, le héros se marie et fonde une ville. La société selon Enfantin d'ailleurs est très dictatoriale : le saint-simonisme n'est pas le libéralisme.

La fin des saint-simoniens

Les révoltes de Lyon ont eu deux conséquences fâcheuses pour la bourgeoisie. D'une part, elles ont permis aux masses populaires, qui représentent la majorité de la population, de faire irruption dans le débat politique. D'autre part, elles ont eu le soutien des saint-simoniens, c'est-à-dire d'un courant socialiste, d'un courant d'opinion politique. À défaut de pouvoir éliminer les travailleurs, les bourgeois décident d'écarter les saint-simoniens. Toute une campagne est menée pour considérer comme immoral l'esprit de réforme politique. Enfantin et Michel Chevalier se voient intenter un procès pour « outrage à la morale publique » et « désobéissance aux lois qui régissent la propriété ». À l'issue de ce procès, la Société saint-simonienne est interdite. Cette mort judiciaire accompagne la mort politique d'un groupe qui n'a pas vraiment survécu à son créateur, mais dont l'esprit va féconder d'autres courants socialistes.

Comment Blanqui critique les saint-simoniens

Alors que la société industrielle donne naissance à grande vitesse à la classe ouvrière, les saint-simoniens se retrouvent comme dépassés par cette pression sociale et ils apparaissent vite désuets, voire réactionnaires. Blanqui les condamne, comme il condamne, au nom de son opposition à l'utopie, le fouriérisme et le positivisme, ces « nouvelles religions ». Les saint-simoniens, écrit Blanqui, veulent « greffer le germe d'une nouvelle société sur un trône vermoulu tombé en poussière.  » Pire, ils sont « les piliers de l'Empire » et du Capital. En outre, Blanqui regrette que Saint Simon, comme Fourier d'ailleurs, s'éloigne des idées des philosophes du XVIIIe siècle en accordant plus d'importance à l'économique qu'au politique. Blanqui pour sa part insiste beaucoup sur la place de l'État dans la société. De même, il fait un lien fort entre la République et le changement de société, la première étant gage du second, selon Blanqui. Il écrit par exemple : « Si, en effet, nous nous disons républicains, c'est que nous espérons de la République une refonte sociale que la France réclame impérieusement. » Dans une brochure écrite avec Hadot-Desages, le fondateur de la société secrète des Familles, il écrit : « Nous avons bien moins en vue un changement politique qu'une refonte sociale.  » On constate ainsi que Blanqui va bien plus loin que Saint Simon, mais sans encore voir le rôle historique des classes sociales, sans voir même réellement ces classes sociales. D'ailleurs, à ce niveau, il est encore assez proche de Saint Simon, puisque, au moment de la Monarchie de Juillet, il emploie l'expression « les hommes de l'atelier » pour parler tout ensemble des travailleurs, des usiniers et des patrons. Ces « hommes de l'atelier » sont, comme chez Saint Simon, opposés aux « oisifs ». D'ailleurs le même Blanqui écrit : « Selon l'idée socialiste (...) le profit de l'exploitant ne devrait pas dépasser celui d'un ouvrier. »

Le milieu patronal saint-simonien

Ferdinand de Lesseps, l'auteur entre autres du projet du canal de Suez, est proche des saint-simoniens. Et dans les années 1830, ces derniers se passionnent pour nombre de projets industriels, dont les projets ferroviaires. Beaucoup d'entrepreneurs partent du saint-simonisme pour évoluer vers le libéralisme. Ils s'écartent de contenu socialisant de leur précurseur pour ne garder que son enthousiasme pour l'industrie et le commerce. On les retrouve à la tête de grandes compagnies bancaires et commerciales, à la direction d'entreprises de chemins de fer ou de canaux. Partis de la formule de Saint Simon « Tout pour et par l'Industrie ! », ils sont arrivés logiquement à celle de Guizot : « Enrichissez-vous ! ».

La position de Marx

Marx et Engels sont eux aussi inspirés par l'école des socialistes dits utopistes. Dans ses Manuscrits de 1844, Marx se réfère à Saint Simon, Fourier, Pecqueur, Proudhon et Cabet.

C'est en particulier le cas pour leurs idées sur l'éducation. Marx se réfère beaucoup à Owen (du fait des expériences de celui-ci à New-Lanarck), à Saint Simon, à Morelly. C'est chez eux que Marx trouve les idées qui le convainquent que les enfants peuvent avoir un rôle social et travailler dès l'âge de 10 ans, idée qu'il développe avec Engels dans le Manifeste.

Mais Marx se dégage assez vite de nombre d'idées fausses de Saint Simon, et le présente notamment comme un doctrinaire et non un scientifique. C'est toute l'ambiguïté d'une période dans laquelle pourtant on prétend toujours avoir une démarche scientifique. Saint Simon croyait même être le fondateur d'une nouvelle science de la société industrielle.

L'analyse de Marx ne gagne pas aussitôt la conscience des travailleurs : ses critiques contre Saint Simon, mais aussi Proudhon et Blanqui ne convaincront qu'après la Commune de 1871. Cela montre dans quel contexte s'est forgée la pensée de Marx, à savoir dans un contexte de lutte idéologique implacable, dont il est certes ressorti avec une influence déterminante dans des couches importantes du mouvement socialiste, mais près de trente ans après avoir commencé à élaborer sa pensée et la défendre.

Dans le mouvement ouvrier français de la fin du XIXe siècle

Lafargue dans son texte Le Déterminisme économique, écrit : « Les socialistes utopistes étaient plutôt les représentants du collectivisme capitaliste que de l'émancipation ouvrière. Leur âge d'or n'était que l'âge de l'argent. » C'est être bien réducteur et s'éloigner d'ailleurs totalement de l'enthousiasme de Engels dans son Anti-Dühring.

Jules Guesde souligne d'avantage l'influence de Saint Simon, au même titre que Lassalle ou Robert Owen.

Dans le mouvement communiste français à ses débuts :

Le Parti communiste des années 1921-1922 accorde une place importante à la formation de ses militants, et dans cette formation il insiste sur l' « événement choc de la Révolution française », selon les mots d'Ernest Labrousse un des formateurs du parti. D'ailleurs le même militant raconte que dans les meetings, l'évocation de la Révolution française « provoquait toujours un frémissement ». Un autre formateur, Rappoport, fait remonter les connaissances de base des militants à Platon, et fait référence à Comte et Saint Simon, « qui fut le précurseur de Marx, le cofondateur du positivisme d'Auguste Comte  ». Les saint-simoniens, affirme-t-il, étaient « des marxistes empiriques avant la lettre, des marxistes pratiquants, des marxistes organisateurs de la production. » Et ces deux auteurs sont associés à d'autres courants de pensée, à toute une série de grands intellectuels. Le professeur Albert Mary assure une série de cinq cours consacrés à la biologie et à la sociologie comparée. Les futurs militants et cadres lisent des passages de Comte, Darwin et Fabre. De même, les éditions de la Librairie de L'Humanité publient des textes de science et de philosophie, des récits d'expédition scientifiques, des ouvrages sur l'évolution de l'humanité, des livres de Comte, Darwin, Kropotkine, Reclus, Jaurès (De la Réalité du monde sensible), Taine, Charcot, Tolstoï, Bergson.

Le 19 décembre 2002

André Lepic

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Sources bibliographiques

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Luchetta Claude « Ecole et précarité » Carré rouge, mai 1999
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