L'Afghanistan au XXe siècle

Nous nous proposons de fournir quelques éléments sur l'histoire de l'Afghanistan au XXe siècle pour aider à la compréhension des derniers événements dans cette région.

Table des matières
La vague révolutionnaire et le Congrès de Bakou
L'Afghanistan tourné vers une certaine modernisation
Une influence grandissante de l'URSS stalinienne
La fin de l'Empire britannique
L'Afghanistan pendant la guerre froide
Vers une ‘modernité' pilotée par l'appareil stalinien
La déroute militaire des soviétiques
Le choix de mettre les talibans au pouvoir
L'Afghanistan au début du troisième millénaire.
Le redéploiement américain
La misère actuelle nourrit les futures guerres
Afganistan
Collage, sans titre (Hélène Dujardin, janvier 2002)

L'Afghanistan est une ancienne région de compétition entre puissances impérialistes. Au XVIIIe siècle déjà, les rivalités entre l'Angleterre et la France y sont considérables, en particulier en Inde. Les compagnies, mais aussi les forces politiques, sont en concurrence. De nombreux conflits militaires déchirent la région. En Inde en particulier, à la rivalité entre les deux puissances européennes s'ajoutent les nombreuses rivalités entre princes et confédérations, celles des Sikhs, des Radjpoutes, des Mahrattes, etc. Mais il faut encore ajouter les interventions sur le sol indien des Perses et des Afghans. De toute cette situation compliquée et conflictuelle, la France sort vaincue. Elle capitule en 1760, et suite à un accord avec la Grande Bretagne, elle ne garde dans la région que cinq comptoirs en Inde, en échange du Canada et de la Louisiane, qu'elle abandonne. Dans la région d'Asie centrale la puissance britannique prévaut1.

Elle s'affronte à la puissance russe, mais aussi au peuple afghan lui-même. En 1839, la totalité de ses 16 000 soldats sont défaits lors d'une révolte populaire à Kaboul. En 1879, c'est l'ambassadeur et tout son personnel qui sont massacrés. A partir de cette date, la diplomatie britannique se fait plus prudente sur le terrain2... L'Afghanistan reste un territoire tampon qui freine les visées de la Russie vers le sud. Quant à la population, elle vit dans un statut quo de pauvreté.

Les frontières du pays sont dressées, de 1880 à 1893, de manière à mettre les peuples, qui constituent les différentes « nationalités », des deux côtés des frontières. C'est la constitution de la ligne Durand. Cette ligne par exemple coupe arbitrairement les Pachtounes en deux : à la frontière sud du pays, côté afghan, les Pachtounes, au-delà de la frontière, côté indien, les Pathans. Ce « charcutage » des frontières est encore renforcé avec la constitution du corridor de Wakhan, en 1896, qui constitue un « no man's land » entre l'empire britannique des Indes et l'empire tsariste.

La vague révolutionnaire et le Congrès de Bakou

Les révolutionnaires communistes d'après la révolution russe de 1917 sont les premiers à mettre en avant dans la région le mot d'ordre d'émancipation de tous les peuples. Ils conçoivent cette émancipation dans la perspective de la révolution mondiale. En 1919, devant la vague révolutionnaire, la Grande-Bretagne met fin à son protectorat sur l'Afghanistan, pour se replier plus au sud, derrière la ligne dite Durand, territoire qui deviendra plus tard le Pakistan.

Les bolcheviks au pouvoir lancent les appels aux peuples de la région pour étendre la révolution au-delà des frontières russes. Dans les régions arriérées d'Asie centrale, la politique des bolcheviks cherche à développer le progrès social pour tous, malgré les conditions de la guerre civile. Un décret de 1919 rend l'école obligatoire pour les garçons et les filles de 8 à 15 ans. Cette école dans les régions reculées peut se tenir dans les langues maternelles des enfants. Des « yourtes rouges » sont mis à la disposition des nomades4.

Par ailleurs, le Deuxième Congrès de l'Internationale communiste, en 1920, proclame : « L'Internationale communiste rompt pour tout jamais avec la tradition de la IIe internationale pour laquelle n'existaient en fait que les peuples de race blanche. L'Internationale communiste fraternise avec les hommes de race blanche, jaune, noire, les travailleurs de toute la terre. » La même année, le Manifeste de l'Internationale communiste au prolétariat du monde entier affirme : « L'émancipation des colonies n'est possible qu'en relation avec l'émancipation de la classe ouvrière de métropole. Les travailleurs et les paysans, pas seulement en Annam, en Algérie ou dans le Bengale, mais aussi ceux de Perse et d'Arménie ne parviendront à une existence indépendante que lorsque les travailleurs d'Angleterre et de France auront renversé Lloyd George et Clemenceau, et pris le pouvoir d'État dans leurs propres mains.5 »

L'Internationale décide d'organiser en septembre 1920 à Bakou, en Azerbaïdjan soviétique, un congrès pour réunir des militants venus de pays colonisés et organiser cette perspective révolutionnaire. L'invitation aux masses opprimées de Perse, Arménie et Turquie dit entre autres : « N'épargnez aucun effort pour venir à Bakou le 1er septembre le plus nombreux possible. Chaque année, vous faites un pèlerinage et pour cela vous traversez des déserts pour arriver aux lieux saints. Aujourd'hui traversez les déserts, les montagnes et les rivières pour vous rencontrer, afin que, tous ensemble, vous réfléchissiez pour savoir comment vous libérer des chaînes de la servitude, comment vous réunir fraternellement et vivre en hommes libres et égaux. »

Le Congrès a lieu. 32 nationalités sont représentées par 1891 délégués (dont trois Afghans), parmi lesquels 55 femmes. Ce sont des délégués venus de régions encore très marquées par la religion. Zinoviev emploie d'ailleurs le terme de « jihad/guerre sacrée » en se prononçant « pour une guerre sacrée contre les capitalistes anglais et français ». Les délégués montrent une volonté certaine de ne pas se laisser dicter leur politique par les dirigeants de Moscou aveuglément. Un délégué du Turkestan prévient que les musulmans ne se sépareront pas des soviets si ces derniers reconnaissent les particularités des peuples de l'Orient. Pour cela, il dénonce les « colonisateurs soviétiques » qui se cachent derrière le masque du communisme. C'est à ce Congrès de Bakou que se constitue le Parti communiste perse. Son but est de « se battre avec la Russie soviétique contre le capitalisme mondial, et être en Perse du côté de tous ceux qui luttent contre les Anglais et le gouvernement du shah.6»

Bien sûr, les bolcheviks russes, accompagnés de militants occidentaux, tels le Français Alfred Rosmer et l'Américain John Reed, savent que la situation en Orient est différente de ce qu'ils connaissent. Ce Congrès est le premier vrai contact avec des représentants des peuples opprimés d'Orient. Tous d'ailleurs ne se revendiquent pas de l'internationalisme. A ceux qui, comme le dirigeant nationaliste turc Enver Pacha, présent à Bakou, se battent contre l'impérialisme, mais au nom du nationalisme, Zinoviev déclare : « Nous soutenons avec patience les groupes qui ne sont pas encore avec nous et qui sont même, dans certains cas, contre nous. » Il s'agit pour les communistes russes de privilégier les sentiments anti-colonialistes des masses. Il s'agit aussi de s'appuyer partout où c'est possible sur la classe ouvrière : à Bakou même, ville de 300 000 habitants, l'extraction du pétrole a entraîné la création d'une classe ouvrière combative 7.

Quant aux régions où il n'existe pas de classe ouvrière industrielle, voici ce qu'en dit Zinoviev : « Nous sommes arrivés à la conclusion qu'on peut créer des soviets même là où il n'y a pas d'ouvriers. Dans ce cas, nous pouvons constituer des États de soviets de travailleurs des campagnes. » 8

Et puis il y a la question religieuse. Dans son discours, Zinoviev déclare : « Nous respectons l'esprit religieux des masses et nous savons leur donner une autre éducation. Cela demande de longues années de travail. Nous abordons avec prudence et circonspection les croyances religieuses des masses laborieuses de l'Orient et des autres pays.  » Mais le discours reste sans aucune concession : « Le panislamisme et les autres tendances nationalistes ne sont pas les nôtres. »9

À la propagande, la Russie révolutionnaire joint le geste. Elle tente par exemple d'apporter son aide matérielle à un certain nombre de pays voisins, comme la Turquie, la Perse et l'Afghanistan. En 1921, suite à un accord de coopération entre ce dernier pays et l'URSS, une ligne télégraphique est installée. Les envoyés soviétiques exercent une certaine influence sur les sphères dirigeantes de l'Afghanistan 10.

L'Afghanistan tourné vers une certaine modernisation

Débarrassé de la puissance britannique, le roi Amanullah lance son pays dans une certaine modernisation : il déclare l'indépendance de l'Afghanistan (1921) et abolit le servage. Il interdit la barbe et les cheveux longs, ainsi que le port du costume traditionnel à Kaboul. Son désir de toucher un tant soit peu au statut de la femme provoque des levées de boucliers dans les couches des privilégiés, et devant le mécontentement, il doit reculer. En outre, il se préoccupe peu de l'arriération qui règne dans les campagnes11 et ses méthodes sont brutales et bureaucratiques. Rien à voir avec le mouvement d'émancipation des femmes tel qu'il se construit en particulier lors du Congrès des femmes de Transcaucasie de 1922. Les 262 déléguées s'y prononcent pour l'abolition du mariage précoce, du voile et de la polygamie12.

Une influence grandissante de l'URSS stalinienne

Avec la stalinisation de l'Internationale, dès le milieu des années 20, la politique de l'URSS s'apparente très vite à une nouvelle forme de colonialisme, tout aussi brutal que celui des impérialistes. Mais la situation en Afghanistan est particulière : ce pays a lui-même des visées sur d'autres régions, en l'occurrence des régions plus ou moins « indépendantes » d'Inde. Elle se trouve de fait en concurrence avec la Grande-Bretagne. Mais plutôt que de s'affronter à elle, l'Afghanistan préfère proposer un marchandage : elle demande à la Grande-Bretagne de lui fournir des armements pour aider à maintenir son indépendance et servir de zone tampon entre la Russie des soviets et l'Inde. En 1928, le dirigeant afghan Amanullah propose en même temps aux responsables staliniens de jouer ce rôle tampon et il se rend directement en URSS pour cette négociation. Le gouvernement russe lui rend les honneurs, ce qui est très mal vu par nombre de travailleurs russes, qui n'acceptent pas que leur pays rende un tel accueil à un monarque aristocrate. En Afghanistan même Amanullah est accusé par de larges parties de son peuple de brader les frontières 13.

Dans le pays, le mécontentement va jusqu'à la révolte. Les insurgés prennent Kaboul. A leur tête se trouve Batcha-Sakkau qui décrète la suppression des dettes des paysans et le début de l'expropriation des terres des plus riches. Au printemps 1929, l'URSS décide d'intervenir pour rétablir Amanullah. L'intervention des Russes se fait de manière déguisée (800 hommes sont habillés en Afghans) et brutale : on compte 3 000 morts à Mazar-I-Sharif. Les troupes venues d'URSS sont victorieuses, sauf qu'entre temps Amanullah s'est enfui en Inde. Batcha-Sakkau reste le seul et vrai maître du pays. Il est soutenu par les autorités religieuses, les mollahs. Mais les Russes se préparent à leur revanche, et finalement grâce à l'URSS Batcha-Sakkau est renversé par Nadir, un ancien ambassadeur afghan à Paris 14.

L'Afghanistan est donc un satellite de l'URSS, dès les années 30. Nadir au pouvoir en Afghanistan est assassiné, son fils Zaher devient roi en 1933. Les conseillers soviétiques sont de plus en plus nombreux à Kaboul15.

Ce n'est pas encore le début de la décolonisation dans la région. Pourtant les positions des impérialistes sont en train d'évoluer. Au moment où les armées fascistes sont lancées ou se préparent à se lancer dans de nouvelles conquêtes, les USA cherchent à affaiblir les positions des grandes puissances coloniales. En 1934, ils décident de donner l'indépendance aux Philippines, indépendance effective plus de dix ans plus tard. En 1941, les États-Unis et leur allié britannique signent la charte de l'Atlantique, dont le troisième point stipule qu'ils « respectent le droit qu'a chaque peuple de choisir la forme de gouvernement sous laquelle il doit vivre. Ils décident que soient rendus les droits souverains et le libre exercice du gouvernement à ceux qui en ont été privés par la force. » Dès l'année suivante, Churchill fait quelques pas en retrait et précise que ce texte ne s'applique qu'aux pays d'Europe soumis à la tyrannie nazie. Roosevelt, lui, garde sa position initiale : le texte de la charte s'applique bien à tous les pays du monde. La politique américaine est celle de la « porte ouverte »… pour le commerce et les capitaux bien sûr. La liberté politique se conjugue avec la « liberté économique ». Très vite, la situation se dégrade avec l'URSS et dans les colonies qui se révoltent. Les USA se donnent le beau rôle de vouloir résoudre les conflits coloniaux. Ils préfèrent que l'Indonésie, la Malaisie, l'Indochine obtiennent très vite leur ‘indépendance' et ne s'enfoncent pas dans des guerres longues et propices à l'émergence des idées communistes16. Cela leur permet aussi de se constituer des États alliés soumis à leurs intérêts politiques et économiques.

La fin de l'Empire britannique

Parmi les situations de plus en plus tendues, il y a l'Inde. En 1942, en Inde, des émeutes populaires attaquent des chemins de fer, des gares, des postes, des commissariats. D'autres Indiens préfèrent la « non coopération non violente ». Tous subissent la répression. Les leaders du parti du Congrès sont arrêtés, les villages sont bombardés. En 1943-1944, c'est la famine dans certaines régions d'Inde. Elle fait environ 2,5 millions de victimes, et l'Angleterre officielle se montre totalement indifférente. Mais ce n'est pas la révolte générale car Gandhi parvient à faire prévaloir les méthodes de la résistance passive. Néanmoins la situation ne s'améliore pas et le gouvernement britannique commence à la fin de la guerre à craindre l'enlisement et envisage de se retirer. En 1946, la situation s'envenime. Les partisans de la partition entre le Pakistan et l'Inde provoquent des émeutes dans le Bengale. Elles s'étendent à d'autres provinces. En 1947, les émeutes et la disette s'aggravent. Le leader musulman Jinnah défend avec virulence le projet d'un Pakistan coupé de l'Inde. Le Congrès s'oppose à lui sur un aspect de la question : il n'est pas contre la création du Pakistan, mais il souhaite que cela se fasse sans minorités non-musulmanes. A cela s'ajoutent les revendications des Sikhs, qui veulent leur propre état. Le plan britannique dit plan de Mountbatten est accepté par le Congrès et la Ligue musulmane de Jinnah : le Bengale et le Pendjab sont partagés en deux, avec d'un côté les musulmans, de l'autre les non-musulmans. En 1948, les deux Etats, Pakistan et Inde sont créés officiellement et restent dans le Commonwealth17. Et comme si cette division ne suffisait pas, l'impérialisme britannique laisse un Pakistan divisé en deux morceaux séparés l'un de l'autre d'une distance qui équivaut à la distance entre la France et la Grèce 18.

L'Afghanistan pendant la guerre froide

Après la Seconde Guerre mondiale, l'URSS se présente, selon les mots de Jdanov, haut responsable russe, comme « le seul vrai défenseur de la liberté et de l'indépendance de toutes les nations, un adversaire de l'oppression nationale et de l'exploitation coloniale sous toutes ces formes. » Il ne s'agit que de mots, car dans la réalité les Partis communistes luttent contre les mouvements d'indépendance nationale. Ainsi, en 1945 en France, le PC approuve le bombardement des révoltés algériens dans le Constantinois, présentés comme des « agents hitlériens ». En 1946, il vote la constitution et l'année suivante se prononce contre l'indépendance de l'Algérie. Le très nationaliste FLN ne peut que se retrouver sur sa gauche, et c'est ainsi que pendant la guerre d'Algérie le FLN accusera le PCF « d'avoir défendu des positions chauvines et d'avoir trahi les principes de l'internationalisme et du soutien inconditionnel de la lutte anti-impérialiste des peuples coloniaux. »19.

L'Afghanistan est dans la zone d'influence de l'URSS et, dans ces années 1940-50, la présence soviétique est la bienvenue pour un certain nombre de petits notables, de techniciens, de militaires. De fait, sous la houlette des soviétiques le régime se modernise quelque peu, des plans quinquennaux et septennaux sont mis en place. C'est surtout l'appareil militaire qui profite des conseillers militaires russes20.

Plus à l'Est en Asie, en revanche, les luttes pour l'indépendance font rage. Elles sont marquées par l'influence de la victoire des armées de Mao en 1949. Il y a la guerre de Corée en 1950. Cette même année 1950, le Parti communiste indochinois se reconstitue, cinq ans après sa dissolution. Il y a des guérillas dans la jungle de Malaisie, 3 000 rebelles ont pris le maquis en Birmanie. L'Inde officielle déclare se tourner vers une nouvelle politique, fondée sur l'expérience du mouvement de libération nationale en Chine21.

Le Pakistan, lui, choisit les États-Unis. A partir de 1953, ses gouvernements sont tous pro-occidentaux. Mais le peuple ne suit pas et face au risque de guerre avec l'Inde, face à la question du Cachemire, il ne souhaite pas être envoyé dans un nouveau front. D'ailleurs, aux élections législatives de mars 1954 le parti majoritaire est une coalition de quatre partis d'opposition favorable à la réconciliation avec l'Inde et hostile à toute action militaire avec les États-Unis. Mais le gouvernement, dirigé par Mohammad Ali, continue sa politique de rapprochement militaire avec les USA. En 1962-63, des discussions entre l'Inde et le Pakistan sur le Cachemire aboutissent à un échec. Finalement, tout en passant des accords militaires avec les États-Unis, le gouvernement pakistanais est alors plutôt tenté d'essayer d'apparaître neutre face à la guerre froide. Il signe des accords de coopération avec la Chine 22.

Mais cette hypothétique « troisième voie » n'est absolument pas une voie pour sortir de la misère et de l'oppression. 10 ans après les indépendances, en 1960, l'Inde comme le Pakistan connaissent des famines et des problèmes endémiques de malnutrition23. A cette époque, l'Inde consacre quasiment autant d'argent pour l'éducation qu'avant son indépendance. Et cette somme est proportionnellement 25 fois moins importante que ce que la France accorde à l'éducation au même moment24.

Vers une ‘modernité' pilotée par l'appareil stalinien

En Afghanistan, le premier ministre, le prince Mohammed Daoud, est lui aussi tenté par les voies des non-alignés. Ce terme de « non-aligné » ne doit pas faire illusion, ni laisser entendre qu'il y aurait la recherche d'une indépendance face aux diverses grandes puissances. C'est exactement le contraire : l'Afghanistan a su s'allier quand il le fallait à l'Allemagne nazie, au camp soviétique, au Royaume-Uni, aux États-Unis, essayant à chaque fois de profiter de son statut de pays tampon25. Le non-alignement est une politique d'ajustement pragmatique aux créanciers les plus en vue.

Voilà pourquoi dans les années 1950-1970, les inégalités sociales demeurent inchangées. Dans les campagnes, les 90 % de ruraux, analphabètes, vivent dans la misère face aux nobles et aux propriétaires. Ces derniers ne sont pas pour autant très riches : le maintien des communautés traditionnelles séculaires a de fait freiné l'apparition de très grands propriétaires fonciers26.

C'est surtout dans les villes que se renforce une petite bourgeoisie qui aspire à plus de modernité. Le pouvoir tente quelques réformes et un certain nombre d'avancées sociales datent de ces années 1950-60 : les femmes ne sont plus contraintes de porter le voile, elles peuvent aller à l'école et les universités sont mixtes. Sous l'impulsion des Russes, qui, de fait, contrôlent le pouvoir, le roi Zaher renvoie Daoud du pouvoir. Il tente de mettre en place une sorte de monarchie constitutionnelle. Malgré tel ou tel geste libéral, le roi Zaher continue à montrer une totale indifférence au quotidien de la majorité de la population. En 1971-1972, une grande famine fait au moins 100 000 morts dans le pays. Il consent à distribuer l'aide étrangère, mais il faut que ce soit en échange de corvée pour les populations. Et encore la nourriture n'arrive-t-elle que rarement : les seigneurs locaux et les fonctionnaires se la sont souvent accaparée27.

Daoud revient au pouvoir à la faveur d'un coup d'État en 1973, ce qui ne convient pas du tout à l'URSS. Les relations entre les deux pays se détériorent, et Daoud est renversé à nouveau en 1978. Ce nouveau coup d'État est l'œuvre d'officiers influencés par l'appareil stalinien russe. Car les « communistes » afghans occupent de nombreuses places à la tête de l'état major. Ils incarnent les aspirations de la petite bourgeoisie, anciens élèves des lycées urbains devenus instituteurs, ingénieurs, petits fonctionnaires, militaires, qui ont tous profité du développement de l'instruction publique et de la modernisation de la société, mais qui se heurtent à la fois au pouvoir traditionnel clientéliste et à la pauvreté.

Les chefs du parti communiste, le PDPA, sont Karmal, un aristocrate issu de la famille royale, qui appartient au KGB, et Taraki, issu d'une famille de paysans aisés. Ce nouveau coup d'État, dirigé par Taraki, Karmal et Amine est très sanglant. Le nouveau régime supprime les dettes rurales et les hypothèques sur les terres, il rend l'école obligatoire pour tous, et développe toute une propagande antireligieuse. Le régime stalinien en profite pour procéder à une véritable épuration et ne s'appuyant pas sur les masses pauvres, procède à une politique arbitraire et bureaucratique. Le mécontentement se développe dans la population. Des familles entières sont massacrées. La population s'organise pour résister, autour des tribus et des ethnies. Le pouvoir réagit brutalement, des villages sont mitraillés, les avions Mig soviétiques interviennent, le matériel militaire soviétique afflue et la torture est très répandue28.

Suite au coup d'État, un traité est signé entre les autorités russes et afghanes, en décembre 1978, par lequel l'Afghanistan devient officiellement un « satellite non-aligné » de l'URSS. Moins d'un an plus tard, les règlements de compte se multiplient dans l'appareil d'État et du Parti : Amine élimine Taraki en septembre 1979 et procède au massacre de nombreux autres membres du PC. Pour éviter une guerre civile qui pourrait avoir des répercussions dans ses régions méridionales, Moscou envoie ses troupes directement en Afghanistan, en décembre. Amine est éliminé et remplacé par Babrak Karmal. Le nouveau pouvoir doit alors affronter sept guérillas différentes dans les montagnes29.

La déroute militaire des soviétiques

L'occupation et la guerre durent plus de dix ans. La population dans les montagnes est encadrée militairement par des « résistants » armés par les États-Unis, via le Pakistan, et idéologiquement par les islamistes, qui d'une main profitent des armements les plus modernes et de l'autre brandissent le Coran et le programme de la charia. La guerre fait 15 000 morts soviétiques et 1,5 million de morts afghans 30.

À la fin de la guerre, qui d'ailleurs a précipité la fin de l'URSS, c'est la région d'Asie centrale toute entière qui est secouée par des poussées réactionnaires islamistes. Ainsi, en Ouzbékistan et au Tadjikistan, à partir de 1991, les idées et les partis islamistes se développent, sous l'influence du Parti de la Renaissance islamique (IRP). La crise débouche sur une guerre dans chacun de ces deux pays 31.

En Afghanistan le départ des troupes soviétiques ouvre une période d'affrontements entre groupes rivaux. Néanmoins, en 1992, une Alliance du Nord se crée dans la ville de Mazar-I-sharif. Il s'agit de la coalition de plusieurs partis : le Jamiat-é-islami (parti qui réunit des Tadjiks), le Hezb-é-Wahdat (qui réunit des Hazaras), le Jounbech-é-Mili-é-islami du général ouzbek Dostom et le Parti ismaélite du général Naderi. L'Alliance veut prendre Kaboul, aux mains d'autres factions. Elle y parvient en avril 1992. Mais dès la fin de l'année, les partis ne sont plus d'accord entre eux, et le général Dostom, ainsi que le Hezb-é-Wahdat entrent dans l'opposition. Kaboul est divisée en quartiers, et chaque quartier est transformé en zone où les seigneurs de guerre rançonnent la population et s'affrontent entre eux. C'est en septembre 1994 qu'apparaissent les premiers talibans. Ils sont issus des écoles religieuses, les madrasas, pakistanaises. Ils sont sous l'influence du parti fondamentaliste Jamiat al-Ulema et des services secrets pakistanais. A l'époque leur arrivée au pouvoir est grandement souhaitée, car ils semblent promettre un gouvernement stable 32.

Le choix de mettre les talibans au pouvoir

Parmi les soutiens que les talibans trouvent chez les notables locaux, on note un certain Hamid Karzai (qui est depuis passé à l'opposition et aujourd'hui gouverne le pays). Karzai a apporté aux talibans des dollars et de nombreuses armes. Les talibans, explique-t-il, « promettaient d'en finir avec le régime des seigneurs de guerre, de rétablir la loi et l'ordre. »33.

A cette époque Hamid Karzai n'est pas le seul à parier sur les talibans. Il y a aussi l'ancien roi Zaher, qui propose ses services aux talibans. Lorsque le mollah Omar le menace de pendaison, il préfère s'abstenir34.

Les autorités américaines vont avoir plus de succès. Elles souhaitent la victoire des talibans, parce qu'elles croient que la stabilité d'un régime islamiste type Arabie Saoudite pourrait permettre aux entreprises pétrolières américaines d'accéder aux gisements pétroliers d'Asie centrale, de la mer Caspienne, en transitant par l'Afghanistan et le Pakistan. Cela pourrait éviter de passer par l'Iran et la Russie. Les affairistes américains ne veulent pas passer par les autorités iraniennes, dont l'influence est grandissante dans la région. L'Iran veut en effet contrôler l'acheminement du pétrole venu du Turkménistan. La Russie pour sa part préfère un régime afghan faible et divisé, car elle craint que les talibans en ayant la main sur le pouvoir central, cherchent à déstabiliser la Russie sur son flanc sud, par la dissémination des idées islamistes mais aussi par le trafic de drogue. Les États-Unis font eux le choix des talibans, qui semblent seuls pouvoir être à même de sécuriser les routes du Turkménistan jusqu'au Pakistan. L'UNOCAL, un conglomérat de sociétés américaines de pétrole, et Delta oil, un groupe saoudien, signent deux projets communs qui permettraient de construire un gazoduc et un oléoduc reliant le Turkménistan à l'océan indien, sur la côte pakistanaise. Ce gazoduc et cet oléoduc devraient traverser l'Afghanistan. Il n'y a plus qu'à s'assurer de la sécurité du territoire traversé. La prise de Kaboul par les talibans en 1996 est donc une bonne nouvelle pour les USA35.

C'est à cette période aussi que la guerre cesse au Tadjikistan. En 1997 en effet, se constitue un gouvernement de coalition qui regroupe islamistes et anciens « communistes ». Cette « réconciliation » est l'œuvre de l'Iran, qui veut pouvoir développer ses relations diplomatiques et militaires dans la région (au Tadjikistan on parle aussi le persan). En Ouzbekistan le gouvernement ne passe pas d'accord avec les islamistes, qui se réfugient dans leurs bases en Afghanistan. En 1998, la situation semble de nouveau être ébranlée. Au Tadjikistan, un chef de guerre local, Khodarberdaiev, tente de renverser le président Rahmanov, avec l'aide de l'Ouzbékistan. Mais c'est un échec. A cela s'ajoute la présence des hommes de Massoud, qui utilisent le Tadjikistan comme base arrière, avec l'aide du gouvernement, de l'Iran et de la Russie 36.

Comme le craignait la Russie, le nouveau régime en Afghanistan développe le trafic d'héroïne. Toute l'Asie centrale, l'Ukraine et la Russie sont concernées. La drogue est transportée par la route, le rail et l'air. Entre l'Ouzbékistan et le Tadjikistan la libre circulation de la drogue est totale. En 1998, l'Afghanistan produit 2 300 tonnes d'opium. En 1999, elle en produit 4 600 tonnes. 97 % de la production sont contrôlés par les talibans. Bien souvent ils font progresser les prix de 20 %. Ils pourchassent tous leurs concurrents 37.

Bientôt 90 % de l'héroïne qui circulent en Europe et 80 % qui circulent dans le monde viennent d'Afghanistan. Les talibans font aussi des affaires dans le trafic d'armes, de pierres précieuses et de pétrole. En 2000, les talibans mettent fin à la production de pavot, peut-être pour ne pas faire s'effondrer les prix 38, peut-être aussi pour essayer de tenter un rapprochement avec les États-Unis.

Ben Laden de son côté contrôle d'autres trafics, en particulier en Albanie et peut-être en Italie 39. Depuis le début des années 1990, il contrôle les routes du Qat, une feuille hallucinogène consommée dans la corne de l'Afrique. Quant à son héritage, on sait qu'il l'a investi dans l'import export, le BTP, le négoce de diamants, dans l'exploitation forestière en Turquie, dans le secteur agricole au Tadjikistan, dans l'élevage d'autruches au Kenya ou de chameaux au Soudan. Sans compter, évidemment, ses parts de sociétés et ses actions en Bourse à Londres, Zurich, Genève ou Luxembourg 40...

Ces trafics ne vont que dans les poches des milliardaires locaux et des banquiers occidentaux. Pendant ce temps, la vie quotidienne en Afghanistan est épouvantable pour les pauvres : le pays a connu la guerre pendant un quart de siècle et la famine pendant trois ans. Plus du quart des enfants meurent avant d'atteindre l'âge de cinq ans. 6 % seulement des filles sont scolarisées. Chaque mois, 500 personnes sont tuées ou blessées par une mine ou des bombes qui n'ont pas explosé41.

L'Afghanistan au début du troisième millénaire

Dans la région d'Asie centrale au début du troisième millénaire, les sources de conflit sont nombreuses, parmi lesquelles la question du Cachemire. L'Inde et le Pakistan s'affrontent dans cette région depuis cinquante ans. Et puis il y a d'autres guerres : les guerres du commerce. L'Inde se bat pour aider ses exportations de produits textiles. Mais elle se heurte à l'OMC. Dans cette institution, les représentants des multinationales occidentales mettent en avant des préoccupations sociales et environnementales pour en définitive imposer des quotas sur les exportations de pays comme l'Inde ou le Pakistan42.

Ce dernier pays aurait de bonnes raisons d'unir ses forces en ce domaine avec l'Inde, mais comme par hasard un conflit régional empêche tout rapprochement… au plus grand bénéfice des impérialistes.

Sauf qu'il y a eu le 11 septembre. Depuis les attentats aux États-Unis, des émeutes anti-américaines au Pakistan entraînent le départ de nombre d'entreprises américaines, en particulier des entreprises textiles. Du coup, les ventes pakistanaises vers les Etats-Unis baissent de 40 % en sept semaines. Les entreprises américaines installées sur le sol pakistanais pour acheter des tissus se mettent alors à demander à leurs autorités fédérales de baisser les tarifs de douane, pour pouvoir acheter plus facilement au Pakistan et faire de l'assemblage aux États-Unis. Mais c'est aller au devant de nouveaux problèmes : l'arrivée massive de produits pakistanais bon marché ne peut que mettre en grande difficulté un certain nombre d'entreprises américaines, dans un secteur qui a perdu 60 000 emplois dans les dix premiers mois de 2001. Du coup, en manière de riposte les autorités américaines décident de baisser le tarif sur un nombre plus limité de produits, les gants et les tapis. Mais des problèmes subsistent : si les achats américains de produits pakistanais s'effondrent, c'est le risque de chômage et de contagion sociale au Pakistan, ce qui est redouté par les États-Unis en période de guerre où le Pakistan est un allié très fragile. Un haut fonctionnaire américain commente : « Ce ne serait pas dans l'intérêt des États-Unis que de nombreux travailleurs au Pakistan se retrouvent à la rue.  » L'Europe pour sa part décide le 16 octobre 2001 de supprimer les tarifs d'importations de produits textiles du Pakistan et de ne plus surveiller les quotas 43.

Le redéploiement américain

Tous ces paramètres constituent autant de contradictions qui, en l'absence de mouvement ouvrier à l'offensive, ne peuvent que conduire à des climats de doute pour la population et de mesures autoritaires pour les États, à commencer par les États-Unis. D'une part, sur le sol même américain, au lendemain des attentats du 11 septembre, les sondages montrent une population déboussolée : la presse a relevé une brutale augmentation de l'obésité des New-Yorkais, la consommation de cigarettes et d'alcool augmente, les croyances religieuses reprennent du poil de la bête, et de plus en plus de gens déclarent vouloir que les emplois dans les aéroports américains soient réservés à des personnes « nées aux États-Unis et parlant un anglais correct » 44.

D'autre part, on assiste au redéploiement de troupes américaines dans un certain nombre de pays, à la faveur de la lutte contre le régime taliban d'Afghanistan. C'est ainsi que l'Ouzbékistan « accueille » 1 500 soldats américains, dans ce pays où 88 % de la population sont musulmans. De fait la présence des troupes américaines encourage les espoirs de retombées économiques même minimes. Des bâtiments sont construits, les épouses des officiers ouzbeks trouvent un job de femme de ménage pour les soldats américains. Et puis la prostitution se développe. Le président Karimov, lui, se prend à espérer que l'armée américaine l'aidera à renverser le Mouvement islamique d'Ouzbékistan, lié à Ben Laden45.

Les États-Unis, première puissance économique mondiale, tentent de faire oublier leur responsabilité dans la misère qui règne sur une grande partie de la planète, en jouant les humanitaires. Les bombes contre les populations afghanes sont accompagnées de largages de vivres, mais au bout de deux semaines de bombardements, les envois de nourriture couvrent moins de 1 % des besoins populaires. Les bombardements ne tuent pas seulement directement des civils, ils ont d'autres conséquences, tout aussi mortelles : ils empêchent toute lutte efficace contre la famine, qui menace entre 5 et 7 millions de personnes, avant même le début de l'hiver46, et ils isolent les villes pilonnées en les abandonnant à leur sort et à la misère. C'est ainsi que dans Kaboul, pendant les bombardements, chaque jour trois ou quatre enfants sont mordus par des chiens errants redevenus sauvages. Mais ces enfants doivent repartir chez eux sans soin et mourir au bout de trois à quatre jours : il n'y a pas de vaccin contre la rage à Kaboul 47.

La misère actuelle nourrit les futures guerres

Alors bien sûr le déploiement de force américain, même maquillé grossièrement par des envois de vivres, n'est pas accepté par tous, dans une région où l'opinion est très anti-américaine. Pendant les bombardements américains, au Pakistan des milliers d'hommes se disent prêts à franchir la frontière pour entrer en Afghanistan. Les talibans leur demandent pourtant de ne pas venir, craignant que ces milliers de volontaires peu armés ou mal entraînés ne soient d'aucune aide. Du coup, la situation dans certaines régions au Pakistan se révèle pré-insurrectionnelle, le général Pervez Moucharraf étant montré du doigt par ces hommes comme un traître. Les volontaires pro-talibans sont armés, plus que la police locale. Pendant des semaines ils tiennent quelques routes, dont celles qui conduisent à la Chine. Ils y plantent des mines. Ils contrôlent aussi un aéroport et des pompes de pétrole 48.

Cette situation semble s'apaiser à mesure des défaites des talibans, et alors qu'il devient de plus en plus évident que l'armée et les services secrets pakistanais ne s'opposent pas au général-président Moucharraf. Ce dernier dans un premier temps lâche les talibans, puis soutient les États-Unis dans sa « croisade » anti-terroriste, mais émet des menaces contre l'Inde au sujet du Cachemire. Car la situation militaire y a empiré. Début octobre 2001, un attentat au Parlement cachemiri a fait 38 morts. Il a été revendiqué par le Jaish-e-Mohammed, un groupe islamiste venu du Pakistan. Au milieu du mois de décembre 2001, une attaque contre le Parlement indien par un commando soupçonné de venir du Pakistan fait 14 morts. Mais en janvier 2002, le gouvernement pakistanais semble vouloir se retourner contre les groupes islamistes pakistanais et éviter le chemin vers la guerre contre l'Inde.

Cela n'empêche pas qu'il reste quand même ces milliers d'hommes qui ont manifesté quelques semaines plus tôt leur désir de soutenir le régime taliban. Moucharraf a su expliquer leur origine sociale : tous, issus de familles pauvres, ont été formés dans les madrasas, les écoles coraniques, où ils ont profité, précise Moucharraf « d'excellentes mesures de bien-être sans les fonds de l'État » 49. Seule une politique économique tournée vers la satisfaction des besoins élémentaires pourrait arracher la jeunesse pakistanaise à l'influence réactionnaire des islamistes.

Il en est de même pour les moudjahidine que les autorités essaient d'écarter de la ville de Kaboul. Ce sont des hommes qui depuis vingt ans ne connaissent que la guerre. De retour dans la capitale, certains n'ont même pas touché leur salaire depuis huit mois, c'est-à-dire 100 euros environ 50. C'est sur cette misère et les rancœur qui pourraient aller avec que peut se créer de nouvelles vocations de chefs de guerre et d'aventuriers islamistes.

À ces milliers d'hommes, on doit ajouter des millions d'autres, hommes, femmes et enfants réfugiés dans tout le pays mais aussi dans les pays limitrophes. Ces réfugiés ont quitté leurs villages ou leurs villes les uns à la suite des bombardements américains, d'autres depuis l'installation des talibans au pouvoir, mais de très nombreux autres encore depuis vingt ans au poins que l'Afghanistan est en guerre. Pour qu'un avenir se dessine pour ces millions de gens dans la région , il faudra davantage que l'élimination du régime despotique des talibans : c'est la misère qu'il faut éradiquer pour que l'Asie centrale devienne un lieu débarrassé des guerres et des dictatures. Seuls les peuples eux-mêmes peuvent bâtir cet avenir qui est le leur.

Le 20 janvier 2002

André Lepic

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1 André Corvisier Précis d'histoire moderne Puf, 1992, pages 460-461
2 Patrice de Beer « État-tampon ou État-nation ? » Le Monde, 1er octobre 2001
3 Vincent Monteil Les Musulmans soviétiques, seuil, 1982, page 236
4 Vincent Monteil op. cit. page 106
5 Helmut Gruber International Communism in the era of Lenin, A Fawcett Premier Book, 1967, page 96
6 The Communist International 1919-1943. Documents. Volume I. 1919-1922, pages 105-109
7 Charles Urjewicz « Le Congrès des peuples de l'Orient à Bakou », Le Monde, 3 septembre 1990
8 Hélène Carrère d'Encausse et Stuart Schram Le Marxisme et l'Asie 1856-1964, Armand Colin, Collection U, 1965, page 228.
9 Hélène Carrère d'Encausse et Stuart Schram op. cit. page 229
10 Sylvain Boulouque « Le Communisme en Afghanistan » in Le Livre noir du communisme, Robert Laffont, 1997, pages 768-778
11 Patrice de Beer « Zaher Chah, roi lointain » Le Monde, 5 décembre 2001
12 Vincent Monteil op. cit. page 127
13 Marc Lazarévitch « L'intervention soviétique en Afghanistan de 1929 » Les Cahiers d'Histoire sociale, n°1, automne 1993.
14 Marc Lazarévitch « L'intervention soviétique en Afghanistan de 1929 » Les Cahiers d'Histoire sociale, n°1, automne 1993. Lazarévitch a utilisé le témoignage de Agabekov, envoyé par le Guépéou en Afghanistan et qui a rompu avec le régime en 1930, écœuré par les méthodes staliniennes.
15 Sylvain Boulouque ibid.
16 Henri Grimal op. cit. pages 131-138
17 Henri Grimal op. cit. pages 178-192
18 Il y a eu trois guerres entre le Pakistan et l'Inde depuis 1947. Suite à celle de 1971, le Pakistan oriental est devenu le Bangladesh
19 Henri Grimal op. cit. pages 127-130
20 Sylvain Boulouque ibid.
21 Pierre Naville La guerre et la révolution I. Guerres d'Asie, EDI Paris, 1967, pages 61-65
22 Pierre Fistié « Nouveaux états d'Asie du sud et du sud-est » in Centre d'Etude des relations internationales, Régime interne et politique extérieure dans les pays d'Asie, Armand Colin, 1966, pages 107-14
23 Nations Unies Rapport sur la situation sociale dans le monde, New York, 1961, page 7
24 Nations Unies Rapport sur la situation sociale dans le monde, New York, 1961, page 89
25 Patrice de Beer ibid.
26 Encyclopédie Universalis et Patrice de Beer ibid.
27 Patrice de Beer ibid.
28 Sylvain Boulouque ibid.
29 Vincent Monteil op. cit. pages 237-240
30 Françoise Chipaux « À Kaboul, un sommaire hôpital russe rappelle de mauvais souvenirs » Le Monde 5 décembre 2001
31 Olivier Roy « Qibla and the Government House : The Islamist Networks » Sais Review, été 2001
32 Karim Pakzad « Quelques dix ans après le retrait des troupes soviétiques : où en est l'Afghanistan ? » La Revue internationale et stratégique, automne 2001
33 Ahmed Rashid (The Daily Telegraph) in Courrier international, 13 au 19 décembre 2001
34 Patrice de Beer ibid.
35 Karim Pakzad ibid.
36 Olivier Roy « Qibla and the Government House : The Islamist Networks » Sais Review, été 2001
37 Alison Jamieson « Transnational Organized Crime : A European Perspective » Studies in Conflict & Terrorism, septembre-octobre 2001
38 Franck Bouaziz et Véronique Richebois « De multiples réseaux de financement » Le Nouvel Economiste, 28 septembre 2001
39 Alison Jamieson « Transnational Organized Crime : A European Perspective » Studies in Conflict & Terrorism, septembre-octobre 2001
40 Franck Bouaziz et Véronique Richebois « De multiples réseaux de financement » Le Nouvel Economiste, 28 septembre 2001
41 « The clarity of devastation » The Economist, 1er décembre 2001
42 Edward Luce « India rebuffs call to resume peace talks » Financial Times, 30 octobre 2001
43 Hélène Cooper « Pakistan's Textile Bind Puts Pressure on Bush Team » The Wall Street Journal 30 octobre 2001
44 Nicolas Barré « Le moral des consommateurs américains au plus bas depuis sept ans » Les Echos, 31 octobre 2001
45 Paul Starobin « Yank welcome here » Business Week, 29 octobre 2001
46 « 'Fortnight Left' to deliver refugee aid » The Times 31 octobre 2001
47 Kathy Gannon « No Cure for the victims of Kabul's rabid dogs » The Independant 30 octobre 2001
48 Rory Carroll et Luke Harding « Massed ranks of hopeful raw recruits get hard word from the Taliban » The Guardian, 30 octobre 2001
49 Françoise Chipaux « En un tournant politique, le président Moucharraf s'en prend aux groupes islamistes pakistanais » Le Monde, 15 janvier 2002
50 Bruno Philip « Le désarmement des vainqueurs tadjiks de Kaboul a commencé » Le Monde, 15 janvier 2002

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