Nous nous proposons de fournir quelques éléments sur l'histoire de l'Afghanistan au XXe siècle pour aider à la compréhension des derniers événements dans cette région.
L'Afghanistan est une ancienne région de compétition entre puissances
impérialistes. Au XVIIIe siècle déjà, les rivalités entre
l'Angleterre et la France y sont considérables, en particulier en Inde. Les compagnies, mais aussi
les forces politiques, sont en concurrence. De nombreux conflits militaires déchirent la
région. En Inde en particulier, à la rivalité entre les deux puissances
européennes s'ajoutent les nombreuses rivalités entre princes et
confédérations, celles des Sikhs, des Radjpoutes, des Mahrattes, etc. Mais il faut encore
ajouter les interventions sur le sol indien des Perses et des Afghans. De toute cette situation
compliquée et conflictuelle, la France sort vaincue. Elle capitule en 1760, et suite à un
accord avec la Grande Bretagne, elle ne garde dans la région que cinq comptoirs en Inde, en
échange du Canada et de la Louisiane, qu'elle abandonne. Dans la région d'Asie centrale
la puissance britannique prévaut1.
Elle s'affronte à la puissance russe, mais aussi au peuple afghan lui-même. En 1839, la
totalité de ses 16 000 soldats sont défaits lors d'une révolte populaire à
Kaboul. En 1879, c'est l'ambassadeur et tout son personnel qui sont massacrés. A partir de
cette date, la diplomatie britannique se fait plus prudente sur le terrain2...
L'Afghanistan reste un territoire tampon qui freine les visées de la Russie vers le sud. Quant
à la population, elle vit dans un statut quo de pauvreté.
Les frontières du pays sont dressées, de 1880 à 1893, de manière à mettre
les peuples, qui constituent les différentes « nationalités », des deux
côtés des frontières. C'est la constitution de la ligne Durand. Cette ligne par
exemple coupe arbitrairement les Pachtounes en deux : à la frontière sud du pays,
côté afghan, les Pachtounes, au-delà de la frontière, côté indien,
les Pathans. Ce « charcutage » des frontières est encore renforcé avec la
constitution du corridor de Wakhan, en 1896, qui constitue un « no man's land » entre
l'empire britannique des Indes et l'empire tsariste.
Les révolutionnaires communistes d'après la révolution russe de
1917 sont les premiers à mettre en avant dans la région le mot d'ordre
d'émancipation de tous les peuples. Ils conçoivent cette émancipation dans la
perspective de la révolution mondiale. En 1919, devant la vague révolutionnaire, la
Grande-Bretagne met fin à son protectorat sur l'Afghanistan, pour se replier plus au sud,
derrière la ligne dite Durand, territoire qui deviendra plus tard le Pakistan.
Les bolcheviks au pouvoir lancent les appels aux peuples de la région pour étendre la
révolution au-delà des frontières russes. Dans les régions
arriérées d'Asie centrale, la politique des bolcheviks cherche à développer
le progrès social pour tous, malgré les conditions de la guerre civile. Un décret de
1919 rend l'école obligatoire pour les garçons et les filles de 8 à 15 ans. Cette
école dans les régions reculées peut se tenir dans les langues maternelles des enfants.
Des « yourtes rouges » sont mis à la disposition des nomades4.
Par ailleurs, le Deuxième Congrès de l'Internationale communiste, en 1920, proclame :
« L'Internationale communiste rompt pour tout jamais avec la tradition de la IIe internationale
pour laquelle n'existaient en fait que les peuples de race blanche. L'Internationale communiste
fraternise avec les hommes de race blanche, jaune, noire, les travailleurs de toute la terre. » La
même année, le Manifeste de l'Internationale communiste au prolétariat du monde
entier affirme : « L'émancipation des colonies n'est possible qu'en
relation avec l'émancipation de la classe ouvrière de métropole. Les travailleurs et
les paysans, pas seulement en Annam, en Algérie ou dans le Bengale, mais aussi ceux de Perse et
d'Arménie ne parviendront à une existence indépendante que lorsque les travailleurs
d'Angleterre et de France auront renversé Lloyd George et Clemenceau, et pris le pouvoir
d'État dans leurs propres mains.5 »
L'Internationale décide d'organiser en septembre 1920 à Bakou, en Azerbaïdjan
soviétique, un congrès pour réunir des militants venus de pays colonisés et
organiser cette perspective révolutionnaire. L'invitation aux masses opprimées de Perse,
Arménie et Turquie dit entre autres : « N'épargnez aucun effort pour venir
à Bakou le 1er septembre le plus nombreux possible. Chaque année, vous faites
un pèlerinage et pour cela vous traversez des déserts pour arriver aux lieux saints.
Aujourd'hui traversez les déserts, les montagnes et les rivières pour vous rencontrer, afin
que, tous ensemble, vous réfléchissiez pour savoir comment vous libérer des
chaînes de la servitude, comment vous réunir fraternellement et vivre en hommes libres et
égaux. »
Le Congrès a lieu. 32 nationalités sont représentées par 1891
délégués (dont trois Afghans), parmi lesquels 55 femmes. Ce sont des
délégués venus de régions encore très marquées par la religion.
Zinoviev emploie d'ailleurs le terme de « jihad/guerre sacrée » en se
prononçant « pour une guerre sacrée contre les capitalistes anglais et
français ». Les délégués montrent une volonté certaine de ne
pas se laisser dicter leur politique par les dirigeants de Moscou aveuglément. Un
délégué du Turkestan prévient que les musulmans ne se sépareront pas des
soviets si ces derniers reconnaissent les particularités des peuples de l'Orient. Pour cela, il
dénonce les « colonisateurs soviétiques » qui se cachent derrière
le masque du communisme. C'est à ce Congrès de Bakou que se constitue le Parti communiste
perse. Son but est de « se battre avec la Russie soviétique contre le capitalisme mondial,
et être en Perse du côté de tous ceux qui luttent contre les Anglais et le gouvernement du
shah.6»
Bien sûr, les bolcheviks russes, accompagnés de militants occidentaux, tels le Français
Alfred Rosmer et l'Américain John Reed, savent que la situation en Orient est différente de
ce qu'ils connaissent. Ce Congrès est le premier vrai contact avec des représentants des
peuples opprimés d'Orient. Tous d'ailleurs ne se revendiquent pas de l'internationalisme.
A ceux qui, comme le dirigeant nationaliste turc Enver Pacha, présent à Bakou, se battent
contre l'impérialisme, mais au nom du nationalisme, Zinoviev déclare : « Nous
soutenons avec patience les groupes qui ne sont pas encore avec nous et qui sont même, dans certains
cas, contre nous. » Il s'agit pour les communistes russes de privilégier les sentiments
anti-colonialistes des masses. Il s'agit aussi de s'appuyer partout où c'est possible sur
la classe ouvrière : à Bakou même, ville de 300 000 habitants, l'extraction du
pétrole a entraîné la création d'une classe ouvrière combative
7.
Quant aux régions où il n'existe pas de classe ouvrière industrielle, voici ce
qu'en dit Zinoviev : « Nous sommes arrivés à la conclusion qu'on peut
créer des soviets même là où il n'y a pas d'ouvriers. Dans ce cas, nous
pouvons constituer des États de soviets de travailleurs des campagnes. »
8
Et puis il y a la question religieuse. Dans son discours, Zinoviev déclare : « Nous
respectons l'esprit religieux des masses et nous savons leur donner une autre éducation. Cela
demande de longues années de travail. Nous abordons avec prudence et circonspection les croyances
religieuses des masses laborieuses de l'Orient et des autres pays. » Mais le discours reste
sans aucune concession : « Le panislamisme et les autres tendances nationalistes ne sont pas les
nôtres. »9
À la propagande, la Russie révolutionnaire joint le geste. Elle tente par exemple
d'apporter son aide matérielle à un certain nombre de pays voisins, comme la Turquie, la
Perse et l'Afghanistan. En 1921, suite à un accord de coopération entre ce dernier pays et
l'URSS, une ligne télégraphique est installée. Les envoyés soviétiques
exercent une certaine influence sur les sphères dirigeantes de l'Afghanistan
10.
Débarrassé de la puissance britannique, le roi Amanullah lance son pays dans une certaine modernisation : il déclare l'indépendance de l'Afghanistan (1921) et abolit le servage. Il interdit la barbe et les cheveux longs, ainsi que le port du costume traditionnel à Kaboul. Son désir de toucher un tant soit peu au statut de la femme provoque des levées de boucliers dans les couches des privilégiés, et devant le mécontentement, il doit reculer. En outre, il se préoccupe peu de l'arriération qui règne dans les campagnes11 et ses méthodes sont brutales et bureaucratiques. Rien à voir avec le mouvement d'émancipation des femmes tel qu'il se construit en particulier lors du Congrès des femmes de Transcaucasie de 1922. Les 262 déléguées s'y prononcent pour l'abolition du mariage précoce, du voile et de la polygamie12.
Avec la stalinisation de l'Internationale, dès le milieu des années 20, la
politique de l'URSS s'apparente très vite à une nouvelle forme de colonialisme, tout
aussi brutal que celui des impérialistes. Mais la situation en Afghanistan est particulière :
ce pays a lui-même des visées sur d'autres régions, en l'occurrence des
régions plus ou moins « indépendantes » d'Inde. Elle se trouve de fait en
concurrence avec la Grande-Bretagne. Mais plutôt que de s'affronter à elle,
l'Afghanistan préfère proposer un marchandage : elle demande à la Grande-Bretagne de
lui fournir des armements pour aider à maintenir son indépendance et servir de zone tampon
entre la Russie des soviets et l'Inde. En 1928, le dirigeant afghan Amanullah propose en même temps
aux responsables staliniens de jouer ce rôle tampon et il se rend directement en URSS pour cette
négociation. Le gouvernement russe lui rend les honneurs, ce qui est très mal vu par nombre de
travailleurs russes, qui n'acceptent pas que leur pays rende un tel accueil à un monarque
aristocrate. En Afghanistan même Amanullah est accusé par de larges parties de son peuple de
brader les frontières
13.
Dans le pays, le mécontentement va jusqu'à la révolte. Les insurgés prennent
Kaboul. A leur tête se trouve Batcha-Sakkau qui décrète la suppression des dettes des
paysans et le début de l'expropriation des terres des plus riches. Au printemps 1929, l'URSS
décide d'intervenir pour rétablir Amanullah. L'intervention des Russes se fait de
manière déguisée (800 hommes sont habillés en Afghans) et brutale : on compte
3 000 morts à Mazar-I-Sharif. Les troupes venues d'URSS sont victorieuses, sauf qu'entre temps
Amanullah s'est enfui en Inde. Batcha-Sakkau reste le seul et vrai maître du pays. Il est soutenu
par les autorités religieuses, les mollahs. Mais les Russes se préparent à leur
revanche, et finalement grâce à l'URSS Batcha-Sakkau est renversé par Nadir, un
ancien ambassadeur afghan à Paris
14.
L'Afghanistan est donc un satellite de l'URSS, dès les années 30. Nadir au pouvoir en
Afghanistan est assassiné, son fils Zaher devient roi en 1933. Les conseillers soviétiques sont
de plus en plus nombreux à Kaboul15.
Ce n'est pas encore le début de la décolonisation dans la région. Pourtant les
positions des impérialistes sont en train d'évoluer. Au moment où les armées
fascistes sont lancées ou se préparent à se lancer dans de nouvelles conquêtes,
les USA cherchent à affaiblir les positions des grandes puissances coloniales. En 1934, ils
décident de donner l'indépendance aux Philippines, indépendance effective plus de
dix ans plus tard. En 1941, les États-Unis et leur allié britannique signent la charte de
l'Atlantique, dont le troisième point stipule qu'ils « respectent le droit qu'a
chaque peuple de choisir la forme de gouvernement sous laquelle il doit vivre. Ils décident que soient
rendus les droits souverains et le libre exercice du gouvernement à ceux qui en ont été
privés par la force. » Dès l'année suivante, Churchill fait quelques pas
en retrait et précise que ce texte ne s'applique qu'aux pays d'Europe soumis à la
tyrannie nazie. Roosevelt, lui, garde sa position initiale : le texte de la charte s'applique bien
à tous les pays du monde. La politique américaine est celle de la « porte
ouverte »… pour le commerce et les capitaux bien sûr. La liberté politique se
conjugue avec la « liberté économique ». Très vite, la situation se
dégrade avec l'URSS et dans les colonies qui se révoltent. Les USA se donnent le beau
rôle de vouloir résoudre les conflits coloniaux. Ils préfèrent que
l'Indonésie, la Malaisie, l'Indochine obtiennent très vite leur
‘indépendance' et ne s'enfoncent pas dans des guerres longues et propices à
l'émergence des idées communistes16. Cela leur permet aussi de se constituer des États
alliés soumis à leurs intérêts politiques et économiques.
Parmi les situations de plus en plus tendues, il y a l'Inde. En 1942, en Inde, des émeutes populaires attaquent des chemins de fer, des gares, des postes, des commissariats. D'autres Indiens préfèrent la « non coopération non violente ». Tous subissent la répression. Les leaders du parti du Congrès sont arrêtés, les villages sont bombardés. En 1943-1944, c'est la famine dans certaines régions d'Inde. Elle fait environ 2,5 millions de victimes, et l'Angleterre officielle se montre totalement indifférente. Mais ce n'est pas la révolte générale car Gandhi parvient à faire prévaloir les méthodes de la résistance passive. Néanmoins la situation ne s'améliore pas et le gouvernement britannique commence à la fin de la guerre à craindre l'enlisement et envisage de se retirer. En 1946, la situation s'envenime. Les partisans de la partition entre le Pakistan et l'Inde provoquent des émeutes dans le Bengale. Elles s'étendent à d'autres provinces. En 1947, les émeutes et la disette s'aggravent. Le leader musulman Jinnah défend avec virulence le projet d'un Pakistan coupé de l'Inde. Le Congrès s'oppose à lui sur un aspect de la question : il n'est pas contre la création du Pakistan, mais il souhaite que cela se fasse sans minorités non-musulmanes. A cela s'ajoutent les revendications des Sikhs, qui veulent leur propre état. Le plan britannique dit plan de Mountbatten est accepté par le Congrès et la Ligue musulmane de Jinnah : le Bengale et le Pendjab sont partagés en deux, avec d'un côté les musulmans, de l'autre les non-musulmans. En 1948, les deux Etats, Pakistan et Inde sont créés officiellement et restent dans le Commonwealth17. Et comme si cette division ne suffisait pas, l'impérialisme britannique laisse un Pakistan divisé en deux morceaux séparés l'un de l'autre d'une distance qui équivaut à la distance entre la France et la Grèce 18.
Après la Seconde Guerre mondiale, l'URSS se présente, selon les mots de Jdanov, haut responsable russe, comme « le seul vrai défenseur de la liberté et de l'indépendance de toutes les nations, un adversaire de l'oppression nationale et de l'exploitation coloniale sous toutes ces formes. » Il ne s'agit que de mots, car dans la réalité les Partis communistes luttent contre les mouvements d'indépendance nationale. Ainsi, en 1945 en France, le PC approuve le bombardement des révoltés algériens dans le Constantinois, présentés comme des « agents hitlériens ». En 1946, il vote la constitution et l'année suivante se prononce contre l'indépendance de l'Algérie. Le très nationaliste FLN ne peut que se retrouver sur sa gauche, et c'est ainsi que pendant la guerre d'Algérie le FLN accusera le PCF « d'avoir défendu des positions chauvines et d'avoir trahi les principes de l'internationalisme et du soutien inconditionnel de la lutte anti-impérialiste des peuples coloniaux. »19.
L'Afghanistan est dans la zone d'influence de l'URSS et, dans ces années 1940-50, la
présence soviétique est la bienvenue pour un certain nombre de petits notables, de techniciens,
de militaires. De fait, sous la houlette des soviétiques le régime se modernise quelque peu,
des plans quinquennaux et septennaux sont mis en place. C'est surtout l'appareil militaire qui
profite des conseillers militaires russes20.
Plus à l'Est en Asie, en revanche, les luttes pour l'indépendance font rage. Elles sont
marquées par l'influence de la victoire des armées de Mao en 1949. Il y a la guerre de
Corée en 1950. Cette même année 1950, le Parti communiste indochinois se reconstitue,
cinq ans après sa dissolution. Il y a des guérillas dans la jungle de Malaisie, 3 000 rebelles
ont pris le maquis en Birmanie. L'Inde officielle déclare se tourner vers une nouvelle politique,
fondée sur l'expérience du mouvement de libération nationale en Chine21.
Le Pakistan, lui, choisit les États-Unis. A partir de 1953, ses gouvernements sont tous
pro-occidentaux. Mais le peuple ne suit pas et face au risque de guerre avec l'Inde, face à la
question du Cachemire, il ne souhaite pas être envoyé dans un nouveau front. D'ailleurs, aux
élections législatives de mars 1954 le parti majoritaire est une coalition de quatre partis
d'opposition favorable à la réconciliation avec l'Inde et hostile à toute action
militaire avec les États-Unis. Mais le gouvernement, dirigé par Mohammad Ali, continue sa
politique de rapprochement militaire avec les USA. En 1962-63, des discussions entre l'Inde et le
Pakistan sur le Cachemire aboutissent à un échec. Finalement, tout en passant des accords
militaires avec les États-Unis, le gouvernement pakistanais est alors plutôt tenté
d'essayer d'apparaître neutre face à la guerre froide. Il signe des accords de
coopération avec la Chine
22.
Mais cette hypothétique « troisième voie » n'est absolument pas une voie pour
sortir de la misère et de l'oppression. 10 ans après les indépendances, en 1960,
l'Inde comme le Pakistan connaissent des famines et des problèmes endémiques de
malnutrition23. A cette
époque, l'Inde consacre quasiment autant d'argent pour l'éducation qu'avant son
indépendance. Et cette somme est proportionnellement 25 fois moins importante que ce que la France
accorde à l'éducation au même moment24.
En Afghanistan, le premier ministre, le prince Mohammed Daoud, est lui aussi tenté
par les voies des non-alignés. Ce terme de « non-aligné » ne doit pas faire
illusion, ni laisser entendre qu'il y aurait la recherche d'une indépendance face aux diverses
grandes puissances. C'est exactement le contraire : l'Afghanistan a su s'allier quand il le
fallait à l'Allemagne nazie, au camp soviétique, au Royaume-Uni, aux États-Unis,
essayant à chaque fois de profiter de son statut de pays tampon25. Le non-alignement est une politique d'ajustement pragmatique aux
créanciers les plus en vue.
Voilà pourquoi dans les années 1950-1970, les inégalités sociales demeurent
inchangées. Dans les campagnes, les 90 % de ruraux, analphabètes, vivent dans la misère
face aux nobles et aux propriétaires. Ces derniers ne sont pas pour autant très riches : le
maintien des communautés traditionnelles séculaires a de fait freiné l'apparition de
très grands propriétaires fonciers26.
C'est surtout dans les villes que se renforce une petite bourgeoisie qui aspire à plus de
modernité. Le pouvoir tente quelques réformes et un certain nombre d'avancées
sociales datent de ces années 1950-60 : les femmes ne sont plus contraintes de porter le voile, elles
peuvent aller à l'école et les universités sont mixtes. Sous l'impulsion des
Russes, qui, de fait, contrôlent le pouvoir, le roi Zaher renvoie Daoud du pouvoir. Il tente de mettre
en place une sorte de monarchie constitutionnelle. Malgré tel ou tel geste libéral, le roi
Zaher continue à montrer une totale indifférence au quotidien de la majorité de la
population. En 1971-1972, une grande famine fait au moins 100 000 morts dans le pays. Il consent à
distribuer l'aide étrangère, mais il faut que ce soit en échange de corvée
pour les populations. Et encore la nourriture n'arrive-t-elle que rarement : les seigneurs locaux et les
fonctionnaires se la sont souvent accaparée27.
Daoud revient au pouvoir à la faveur d'un coup d'État en 1973, ce qui ne convient pas
du tout à l'URSS. Les relations entre les deux pays se détériorent, et Daoud est
renversé à nouveau en 1978. Ce nouveau coup d'État est l'œuvre
d'officiers influencés par l'appareil stalinien russe. Car les « communistes »
afghans occupent de nombreuses places à la tête de l'état major. Ils incarnent les
aspirations de la petite bourgeoisie, anciens élèves des lycées urbains devenus
instituteurs, ingénieurs, petits fonctionnaires, militaires, qui ont tous profité du
développement de l'instruction publique et de la modernisation de la société, mais
qui se heurtent à la fois au pouvoir traditionnel clientéliste et à la
pauvreté.
Les chefs du parti communiste, le PDPA, sont Karmal, un aristocrate issu de la famille royale, qui appartient
au KGB, et Taraki, issu d'une famille de paysans aisés. Ce nouveau coup d'État,
dirigé par Taraki, Karmal et Amine est très sanglant. Le nouveau régime supprime les
dettes rurales et les hypothèques sur les terres, il rend l'école obligatoire pour tous, et
développe toute une propagande antireligieuse. Le régime stalinien en profite pour
procéder à une véritable épuration et ne s'appuyant pas sur les masses
pauvres, procède à une politique arbitraire et bureaucratique. Le mécontentement se
développe dans la population. Des familles entières sont massacrées. La population
s'organise pour résister, autour des tribus et des ethnies. Le pouvoir réagit brutalement,
des villages sont mitraillés, les avions Mig soviétiques interviennent, le matériel
militaire soviétique afflue et la torture est très répandue28.
Suite au coup d'État, un traité est signé entre les autorités russes et
afghanes, en décembre 1978, par lequel l'Afghanistan devient officiellement un
« satellite non-aligné » de l'URSS. Moins d'un an plus tard, les
règlements de compte se multiplient dans l'appareil d'État et du Parti : Amine
élimine Taraki en septembre 1979 et procède au massacre de nombreux autres membres du PC. Pour
éviter une guerre civile qui pourrait avoir des répercussions dans ses régions
méridionales, Moscou envoie ses troupes directement en Afghanistan, en décembre. Amine est
éliminé et remplacé par Babrak Karmal. Le nouveau pouvoir doit alors affronter sept
guérillas différentes dans les montagnes29.
L'occupation et la guerre durent plus de dix ans. La population dans les montagnes est
encadrée militairement par des « résistants » armés par les
États-Unis, via le Pakistan, et idéologiquement par les islamistes, qui d'une main
profitent des armements les plus modernes et de l'autre brandissent le Coran et le programme de
la charia. La guerre fait 15 000 morts soviétiques et 1,5 million de morts afghans
30.
À la fin de la guerre, qui d'ailleurs a précipité la fin de l'URSS, c'est la
région d'Asie centrale toute entière qui est secouée par des poussées
réactionnaires islamistes. Ainsi, en Ouzbékistan et au Tadjikistan, à partir de 1991,
les idées et les partis islamistes se développent, sous l'influence du Parti de la
Renaissance islamique (IRP). La crise débouche sur une guerre dans chacun de ces deux pays
31.
En Afghanistan le départ des troupes soviétiques ouvre une période d'affrontements
entre groupes rivaux. Néanmoins, en 1992, une Alliance du Nord se crée dans la ville de
Mazar-I-sharif. Il s'agit de la coalition de plusieurs partis : le Jamiat-é-islami (parti qui
réunit des Tadjiks), le Hezb-é-Wahdat (qui réunit des Hazaras), le
Jounbech-é-Mili-é-islami du général ouzbek Dostom et le Parti ismaélite du
général Naderi. L'Alliance veut prendre Kaboul, aux mains d'autres factions. Elle y
parvient en avril 1992. Mais dès la fin de l'année, les partis ne sont plus d'accord
entre eux, et le général Dostom, ainsi que le Hezb-é-Wahdat entrent dans
l'opposition. Kaboul est divisée en quartiers, et chaque quartier est transformé en zone
où les seigneurs de guerre rançonnent la population et s'affrontent entre eux. C'est en
septembre 1994 qu'apparaissent les premiers talibans. Ils sont issus des écoles religieuses, les
madrasas, pakistanaises. Ils sont sous l'influence du parti fondamentaliste Jamiat al-Ulema et des
services secrets pakistanais. A l'époque leur arrivée au pouvoir est grandement
souhaitée, car ils semblent promettre un gouvernement stable
32.
Parmi les soutiens que les talibans trouvent chez les notables locaux, on note un certain
Hamid Karzai (qui est depuis passé à l'opposition et aujourd'hui gouverne le pays).
Karzai a apporté aux talibans des dollars et de nombreuses armes. Les talibans, explique-t-il,
« promettaient d'en finir avec le régime des seigneurs de guerre, de rétablir la
loi et l'ordre. »33.
A cette époque Hamid Karzai n'est pas le seul à parier sur les talibans. Il y a aussi
l'ancien roi Zaher, qui propose ses services aux talibans. Lorsque le mollah Omar le menace de pendaison,
il préfère s'abstenir34.
Les autorités américaines vont avoir plus de succès. Elles souhaitent la victoire des
talibans, parce qu'elles croient que la stabilité d'un régime islamiste type Arabie
Saoudite pourrait permettre aux entreprises pétrolières américaines d'accéder
aux gisements pétroliers d'Asie centrale, de la mer Caspienne, en transitant par l'Afghanistan
et le Pakistan. Cela pourrait éviter de passer par l'Iran et la Russie. Les affairistes
américains ne veulent pas passer par les autorités iraniennes, dont l'influence est
grandissante dans la région. L'Iran veut en effet contrôler l'acheminement du
pétrole venu du Turkménistan. La Russie pour sa part préfère un régime
afghan faible et divisé, car elle craint que les talibans en ayant la main sur le pouvoir central,
cherchent à déstabiliser la Russie sur son flanc sud, par la dissémination des
idées islamistes mais aussi par le trafic de drogue. Les États-Unis font eux le choix des
talibans, qui semblent seuls pouvoir être à même de sécuriser les routes du
Turkménistan jusqu'au Pakistan. L'UNOCAL, un conglomérat de sociétés
américaines de pétrole, et Delta oil, un groupe saoudien, signent deux projets communs qui
permettraient de construire un gazoduc et un oléoduc reliant le Turkménistan à
l'océan indien, sur la côte pakistanaise. Ce gazoduc et cet oléoduc devraient
traverser l'Afghanistan. Il n'y a plus qu'à s'assurer de la sécurité du
territoire traversé. La prise de Kaboul par les talibans en 1996 est donc une bonne nouvelle pour les
USA35.
C'est à cette période aussi que la guerre cesse au Tadjikistan. En 1997 en effet, se
constitue un gouvernement de coalition qui regroupe islamistes et anciens « communistes ». Cette
« réconciliation » est l'œuvre de l'Iran, qui veut pouvoir développer
ses relations diplomatiques et militaires dans la région (au Tadjikistan on parle aussi le persan). En
Ouzbekistan le gouvernement ne passe pas d'accord avec les islamistes, qui se réfugient dans leurs
bases en Afghanistan. En 1998, la situation semble de nouveau être ébranlée. Au
Tadjikistan, un chef de guerre local, Khodarberdaiev, tente de renverser le président Rahmanov, avec
l'aide de l'Ouzbékistan. Mais c'est un échec. A cela s'ajoute la
présence des hommes de Massoud, qui utilisent le Tadjikistan comme base arrière, avec
l'aide du gouvernement, de l'Iran et de la Russie
36.
Comme le craignait la Russie, le nouveau régime en Afghanistan développe le trafic
d'héroïne. Toute l'Asie centrale, l'Ukraine et la Russie sont concernées. La
drogue est transportée par la route, le rail et l'air. Entre l'Ouzbékistan et le
Tadjikistan la libre circulation de la drogue est totale. En 1998, l'Afghanistan produit 2 300 tonnes
d'opium. En 1999, elle en produit 4 600 tonnes. 97 % de la production sont contrôlés par les
talibans. Bien souvent ils font progresser les prix de 20 %. Ils pourchassent tous leurs concurrents
37.
Bientôt 90 % de l'héroïne qui circulent en Europe et 80 % qui circulent dans le monde
viennent d'Afghanistan. Les talibans font aussi des affaires dans le trafic d'armes, de pierres
précieuses et de pétrole. En 2000, les talibans mettent fin à la production de pavot,
peut-être pour ne pas faire s'effondrer les prix
38, peut-être aussi pour essayer de tenter un rapprochement avec les États-Unis.
Ben Laden de son côté contrôle d'autres trafics, en particulier en Albanie et
peut-être en Italie
39. Depuis le début des années 1990, il contrôle les routes du Qat, une feuille
hallucinogène consommée dans la corne de l'Afrique. Quant à son héritage, on
sait qu'il l'a investi dans l'import export, le BTP, le négoce de diamants, dans
l'exploitation forestière en Turquie, dans le secteur agricole au Tadjikistan, dans
l'élevage d'autruches au Kenya ou de chameaux au Soudan. Sans compter, évidemment, ses
parts de sociétés et ses actions en Bourse à Londres, Zurich, Genève ou
Luxembourg
40...
Ces trafics ne vont que dans les poches des milliardaires locaux et des banquiers occidentaux. Pendant ce
temps, la vie quotidienne en Afghanistan est épouvantable pour les pauvres : le pays a connu la guerre
pendant un quart de siècle et la famine pendant trois ans. Plus du quart des enfants meurent avant
d'atteindre l'âge de cinq ans. 6 % seulement des filles sont scolarisées. Chaque mois,
500 personnes sont tuées ou blessées par une mine ou des bombes qui n'ont pas
explosé41.
Dans la région d'Asie centrale au début du troisième
millénaire, les sources de conflit sont nombreuses, parmi lesquelles la question du Cachemire.
L'Inde et le Pakistan s'affrontent dans cette région depuis cinquante ans. Et puis il y a
d'autres guerres : les guerres du commerce. L'Inde se bat pour aider ses exportations de produits
textiles. Mais elle se heurte à l'OMC. Dans cette institution, les représentants des
multinationales occidentales mettent en avant des préoccupations sociales et environnementales pour en
définitive imposer des quotas sur les exportations de pays comme l'Inde ou le Pakistan42.
Ce dernier pays aurait de bonnes raisons d'unir ses forces en ce domaine avec l'Inde, mais comme par
hasard un conflit régional empêche tout rapprochement… au plus grand
bénéfice des impérialistes.
Sauf qu'il y a eu le 11 septembre. Depuis les attentats aux États-Unis, des émeutes
anti-américaines au Pakistan entraînent le départ de nombre d'entreprises
américaines, en particulier des entreprises textiles. Du coup, les ventes pakistanaises vers les
Etats-Unis baissent de 40 % en sept semaines. Les entreprises américaines installées sur le sol
pakistanais pour acheter des tissus se mettent alors à demander à leurs autorités
fédérales de baisser les tarifs de douane, pour pouvoir acheter plus facilement au Pakistan et
faire de l'assemblage aux États-Unis. Mais c'est aller au devant de nouveaux
problèmes : l'arrivée massive de produits pakistanais bon marché ne peut que mettre
en grande difficulté un certain nombre d'entreprises américaines, dans un secteur qui a
perdu 60 000 emplois dans les dix premiers mois de 2001. Du coup, en manière de riposte les
autorités américaines décident de baisser le tarif sur un nombre plus limité de
produits, les gants et les tapis. Mais des problèmes subsistent : si les achats américains de
produits pakistanais s'effondrent, c'est le risque de chômage et de contagion sociale au
Pakistan, ce qui est redouté par les États-Unis en période de guerre où le
Pakistan est un allié très fragile. Un haut fonctionnaire américain commente :
« Ce ne serait pas dans l'intérêt des États-Unis que de nombreux
travailleurs au Pakistan se retrouvent à la rue. » L'Europe pour sa part décide
le 16 octobre 2001 de supprimer les tarifs d'importations de produits textiles du Pakistan et de ne plus
surveiller les quotas
43.
Tous ces paramètres constituent autant de contradictions qui, en l'absence de
mouvement ouvrier à l'offensive, ne peuvent que conduire à des climats de doute pour la
population et de mesures autoritaires pour les États, à commencer par les États-Unis.
D'une part, sur le sol même américain, au lendemain des attentats du 11 septembre, les
sondages montrent une population déboussolée : la presse a relevé une brutale
augmentation de l'obésité des New-Yorkais, la consommation de cigarettes et d'alcool
augmente, les croyances religieuses reprennent du poil de la bête, et de plus en plus de gens
déclarent vouloir que les emplois dans les aéroports américains soient
réservés à des personnes « nées aux États-Unis et parlant un
anglais correct »
44.
D'autre part, on assiste au redéploiement de troupes américaines dans un certain nombre de
pays, à la faveur de la lutte contre le régime taliban d'Afghanistan. C'est ainsi que
l'Ouzbékistan « accueille » 1 500 soldats américains, dans ce pays où
88 % de la population sont musulmans. De fait la présence des troupes américaines encourage les
espoirs de retombées économiques même minimes. Des bâtiments sont construits, les
épouses des officiers ouzbeks trouvent un job de femme de ménage pour les soldats
américains. Et puis la prostitution se développe. Le président Karimov, lui, se prend
à espérer que l'armée américaine l'aidera à renverser le Mouvement
islamique d'Ouzbékistan, lié à Ben Laden45.
Les États-Unis, première puissance économique mondiale, tentent de faire oublier leur
responsabilité dans la misère qui règne sur une grande partie de la planète, en
jouant les humanitaires. Les bombes contre les populations afghanes sont accompagnées de largages de
vivres, mais au bout de deux semaines de bombardements, les envois de nourriture couvrent moins de 1 % des
besoins populaires. Les bombardements ne tuent pas seulement directement des civils, ils ont d'autres
conséquences, tout aussi mortelles : ils empêchent toute lutte efficace contre la famine, qui
menace entre 5 et 7 millions de personnes, avant même le début de l'hiver46, et
ils isolent les villes pilonnées en les abandonnant à leur sort et à la misère.
C'est ainsi que dans Kaboul, pendant les bombardements, chaque jour trois ou quatre enfants sont mordus
par des chiens errants redevenus sauvages. Mais ces enfants doivent repartir chez eux sans soin et mourir au
bout de trois à quatre jours : il n'y a pas de vaccin contre la rage à Kaboul
47.
Alors bien sûr le déploiement de force américain, même
maquillé grossièrement par des envois de vivres, n'est pas accepté par tous, dans
une région où l'opinion est très anti-américaine. Pendant les bombardements
américains, au Pakistan des milliers d'hommes se disent prêts à franchir la
frontière pour entrer en Afghanistan. Les talibans leur demandent pourtant de ne pas venir, craignant
que ces milliers de volontaires peu armés ou mal entraînés ne soient d'aucune aide.
Du coup, la situation dans certaines régions au Pakistan se révèle
pré-insurrectionnelle, le général Pervez Moucharraf étant montré du doigt
par ces hommes comme un traître. Les volontaires pro-talibans sont armés, plus que la police
locale. Pendant des semaines ils tiennent quelques routes, dont celles qui conduisent à la Chine. Ils
y plantent des mines. Ils contrôlent aussi un aéroport et des pompes de pétrole
48.
Cette situation semble s'apaiser à mesure des défaites des talibans, et alors qu'il
devient de plus en plus évident que l'armée et les services secrets pakistanais ne
s'opposent pas au général-président Moucharraf. Ce dernier dans un premier temps
lâche les talibans, puis soutient les États-Unis dans sa « croisade »
anti-terroriste, mais émet des menaces contre l'Inde au sujet du Cachemire. Car la situation
militaire y a empiré. Début octobre 2001, un attentat au Parlement cachemiri a fait 38 morts.
Il a été revendiqué par le Jaish-e-Mohammed, un groupe islamiste venu du Pakistan. Au
milieu du mois de décembre 2001, une attaque contre le Parlement indien par un commando
soupçonné de venir du Pakistan fait 14 morts. Mais en janvier 2002, le gouvernement pakistanais
semble vouloir se retourner contre les groupes islamistes pakistanais et éviter le chemin vers la
guerre contre l'Inde.
Cela n'empêche pas qu'il reste quand même ces milliers d'hommes qui ont
manifesté quelques semaines plus tôt leur désir de soutenir le régime taliban.
Moucharraf a su expliquer leur origine sociale : tous, issus de familles pauvres, ont été
formés dans les madrasas, les écoles coraniques, où ils ont profité,
précise Moucharraf « d'excellentes mesures de bien-être sans les fonds de
l'État »
49. Seule une politique économique tournée vers la satisfaction des besoins
élémentaires pourrait arracher la jeunesse pakistanaise à l'influence
réactionnaire des islamistes.
Il en est de même pour les moudjahidine que les autorités essaient d'écarter de la
ville de Kaboul. Ce sont des hommes qui depuis vingt ans ne connaissent que la guerre. De retour dans la
capitale, certains n'ont même pas touché leur salaire depuis huit mois,
c'est-à-dire 100 euros environ
50. C'est sur cette misère et les rancœur qui pourraient aller avec que peut se
créer de nouvelles vocations de chefs de guerre et d'aventuriers islamistes.
À ces milliers d'hommes, on doit ajouter des millions d'autres, hommes, femmes et enfants
réfugiés dans tout le pays mais aussi dans les pays limitrophes. Ces réfugiés ont
quitté leurs villages ou leurs villes les uns à la suite des bombardements américains,
d'autres depuis l'installation des talibans au pouvoir, mais de très nombreux autres encore
depuis vingt ans au poins que l'Afghanistan est en guerre. Pour qu'un avenir se dessine pour ces
millions de gens dans la région , il faudra davantage que l'élimination du régime
despotique des talibans : c'est la misère qu'il faut éradiquer pour que l'Asie
centrale devienne un lieu débarrassé des guerres et des dictatures. Seuls les peuples
eux-mêmes peuvent bâtir cet avenir qui est le leur.
Le 20 janvier 2002
André Lepic
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