Un matin de Virginie

Trois histoires de jeunesse

de William Styron

Éditions Folio
168 pages

L'écrivain américain William Styron s'est inspiré d'épisodes de sa propre vie pour écrire ces « trois histoires de jeunesse ».

Dans la première nouvelle Z comme zéro, le jeune Paul est âgé de vingt ans. Il est engagé dans les Marines et se retrouve au large d'Okinawa, en avril 1945. Comme tous ses compagnons, il se croit « gonflé à bloc », avide de tuer un maximum de Japonais. Mais le bruit court que leur compagnie ne fera pas partie de l'offensive principale. Quelle gloire attendre d'une attaque amphibie de diversion ? Paul et son ami Stiles se sentent frustrés et cherchent un réconfort auprès du lieutenant-colonel Halloran pour qui tous les jeunots ont une véritable vénération. Vu de près, le modèle de l'officier valeureux laisse à désirer. Il est gorgé de whisky et de haine des Japonais. Il raconte de longues histoires à périr d'ennui et classe tous les penseurs des siècles passés en « bolchos ou anti-bolchos ».

Quant à Paul, derrière sa façade de brave qui veut en découdre, il se révèlera être un jeune désemparé et nostalgique du pays natal.

Les deux autres récits se passent avant la Deuxième guerre dans un village côtier de Virginie. Shadrach est l'histoire d'un vieux Noir qui a été vendu dans sa jeunesse comme esclave en Alabama. On suit parallèlement l'histoire d'une famille blanche, imbue de ses origines et sombrant dans la pauvreté et la déchéance la plus totale.

Dans Un matin de Virginie, Paul a treize ans. Il livre des journaux dès cinq heures du matin pour une paie dérisoire. Il est le témoin écœuré des humiliations que fait subir son patron à son serviteur noir.

En prenant pour matière quelques-uns de ses souvenirs plutôt douloureux, Styron évoque avec sensibilité la mutation des Etats-Unis entre 1935 et 1945, telle que l'ont vécue quelques Américains pas tranquilles du tout.

Le 3 février 2001

Samuel Holder

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