Au cœur des Pays-Bas, dans la ville de Delft en 1664, il fait très froid
l'hiver. Nous entrons dans ce roman sur les pas de Griet, une jeune servante, simple, calme et
déterminée en toutes circonstances à se faire respecter. Ce sont deux mondes tellement
différents que celui de sa famille protestante très pauvre et celle chez qui elle va devenir
servante, la famille riche et catholique du peintre Vermeer. Même si le quartier des
« papistes » n'est pas bien éloigné du sien, aller servir chez ces
gens-là est un véritable exil pour Griet. Devenir servante est vécue comme une
déchéance à laquelle ellle ne peut échapper pour faire vivre sa famille. Son
frère ne ramène que de maigres gains de la faïencerie. Il a dû remplacer leur
père devenu aveugle après l'explosion d'un four à carreaux.
Chez les Vermeer, Griet va devoir supporter, avec son tact et sa force de caractère, la belle
mère, despote éclairée, la femme de Vermeer, aigrie sauf pendant ses périodes de
grossesses, la gouvernante jalouse de ses prérogatives et les six enfants qui lui jouent parfois de
vilains tours.
Le maître des lieux, Jan Vermeer , peintre et marchand de tableaux, s'occupe des affaires de la
Guilde ou se réfugie dans son atelier. Même en famille, il est si silencieux, si
inaccessible...
Griet doit s'épuiser à accomplir les tâches les plus ingrates, la lessive qui fait
gercer les mains, les corvées d'eau au canal, le repassage, les courses au marché, la
cuisine...A quoi s'ajoute le ménage et en particulier celui de l'atelier du maître qui
doit être fait sans déplacer l'ordonnancement rigoureux des objets, tentures ou tapis. Griet
a ce talent-là et Vermeer ne tolère pas que qui que ce soit d'autre pénètre
dans ce lieu où il lui faut plusieurs mois pour réaliser une toile. Sauf son ami Van
Leeuwenhoek, bien sûr, qui vient parfois lui apporter « la chambre noire » de son invention
qui permet une pénétration plus grande d'observation de la réalité
visuelle.
Le dimanche, de retour dans sa famille, Griet raconte à son père aveugle ce qu'elle a vu du
travail de Vermeer. Avec son habileté manuelle, sa sensibilité propre et son sens de la
perfection dans le travail qu'elle partage avec le peintre, elle va pénétrer dans son
univers, y jouer un rôle avant que les revers du sort n'y mettent fin.
Nous refermons ce livre sans que soit dévoilé le charme mystérieux des rares toiles de
Vermeer.
Le 2 août 2002
Hélène Dujardin
Note : Ce roman s'appuie sur une documentation très approfondie.
Pour celles et ceux qui voudraient en savoir davantage sur le cadre social et historique dans lequel Vermeer
a accompli son œuvre, nous conseillons la lecture de l'ouvrage de l'historien américain
John Michael Montias, « Vermeer, une biographie le peintre et son milieu » (éditions Adam
Biro, novembre 1990).
Pour une analyse fouillée de l'œuvre, lire « L'Ambition de Vermeer » de
Daniel Arasse (éditions Adam Biro, 1993). Les meilleures reproductions des œuvres de Vermeer se
trouvent dans le catalogue de l'exposition de La Haye et Washington en 1996, « Johannes
Vermeer » édité par Flammarion, avec des textes érudits d'Arthur K. Wheelock
Jr, Ben Broos, Albert Blankert et Jorgen Wadum.
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