Tous ceux qui ont pratiqué la pâte à modeler dans
leur enfance avec un certain plaisir devraient aimer ce film. De même tous ceux qui
ont déjà apprécié « Wallace et Gromit », les
précédentes créations en pâte à modeler animée
des mêmes auteurs. Avec « Chicken Run », Nick Park et Peter Lord font
encore d'une pierre deux coups : ils se livrent à une satire de notre
société tout en s'amusant à pasticher les films d'aventures
célèbres. « Chicken Run » est l'archétype,
détourné pour la bonne cause, du film d'évasion.
Dans une ferme où le poulailler industriel ressemble à s'y
méprendre à un stalag, des poules qui ressemblent beaucoup à des
humains asservies et exploitées sont condamnées à produire,
produire, sans autre perspective que de passer à la casserole si elles ne pondent
pas leur production conformément aux normes de rentabilité. Les
propriétaires exploiteurs, flanqués de leurs deux molosses, veillent
à ce que toute action collective des poules prolétaires soit tuée
dans l'uf.
Mais parmi elles, la vaillante militante Ginger est toujours prête à
concevoir un nouveau plan de libération de ses camarades dès que le
précédent a échoué. Ca discute ferme au cours des
assemblées générales nocturnes et clandestines. Rien ne la
décourage. Ses compagnes ont beau lui dire qu'il n'y a qu'une chance
sur un million de réussir, elle rétorque que cela signifie donc qu'il y
a une chance. Imparable.
Toutefois Ginger ne parvient pas tout de suite à la conviction que
l'émancipation des poules sera l'uvre des poules elles-mêmes.
Elle fait un peu trop confiance au tribun Rocky, un coq hâbleur évadé
d'un cirque qui prétend savoir voler. Mais le bluff et l'individualisme de
Rocky seront battus en brèche par les épreuves communes et il saura se
rendre utile dans la préparation du plan de vol vers la liberté.
Dans cette histoire les poules ont des dents. Cela n'enlève rien à son
réalisme et à son optimisme.
Le 23 janvier 2001
Samuel Holder