Effroyables jardins

de Michel Quint

Éditions Joelle Losfeld, 2000
Roman

C'est l'histoire d'un homme, le narrateur du livre, qui n'aimait pas les clowns « Plus que tout, j'ai détesté les augustes. Plus que l'huile de foie de morue, les bises aux vieilles parentes moustachues et le calcul mental, plus que n'importe quelle torture d'enfance. ».

Années 50. Son père est instituteur et à ses heures perdues ne rate pas une occasion d'enfiler sa panoplie de clown et d'exercer sa vocation comique. Le fiston déteste ce père qui est « le plus triste des clowns tristes » jusqu'au récit de l'oncle Gaston qui un dimanche après-midi, après une sortie familiale au cinéma, l'initie aux secrets des adultes dans son patois du Nord. Il lui raconte une histoire de Résistance dont ils sont, le père et lui, les protagonistes. Une de ses nombreuses histoires qui alimentèrent la Grande Histoire, faite par des gens simples, pas des héros, et le garçon, au seuil de l'adolescence, qui s'exaspère de ces adultes « minables » découvre la grandeur des Hommes communs et le pourquoi du clown, hommage rendu par son père aux compagnons des mauvais jours. À son tour il va endosser l'habit pour représenter ces « ombres douloureuses » au procès d'un sinistre bourreau. « Le nom de l'accusé ? Je me souviens, à peine, d'un écho brutal, comme d'une gifle méprisante, et, et même cela je veux l'avoir oublié demain, pour ne garder en mémoire, que ceux des êtres qu'il déporta de la vie ».

Ce court roman d'une soixantaine de pages dédié par l'auteur à son grand-père et son père résistant, donne chair et âme à une époque sombre. Le patois qui émaille le récit de Gaston n'entrave pas sa compréhension, au contraire il contribue à renforcer l'atmosphère émouvante de ce livre que l'on reçoit en plein cœur comme un petit pavé du Nord, région où se situe le récit.

Avril 2002

Anne

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