Avec ce récit de l'écrivain angolais Manuel Rui, il est
impossible de ne pas rire de la première à la dernière page, sans
interruption.
En 1975, l'Angola, ancienne colonie portugaise accède à
l'indépendance. Le carnaval de la capitale, Luanda, a été rebaptisé
Carnaval de la Victoire. Comment, quelques années plus tard, un cochon de lait se
retrouve-t-il affublé de ce nom glorieux ? Nous n'allons pas le révéler.
Un des problèmes de la population est que la viande fait défaut et que le poisson
finit par lasser. Avec les dirigeants nationalistes au pouvoir, qui copient le langage et les
manies des régimes cubain et soviétique, tous les épisodes de la vie
quotidienne deviennent éminemment « politique ». En ce qui la concerne, la
population mène donc une lutte acharnée contre le poisson-fritisme.
Dans le cadre de ce combat, une famille a décidé d'élever clandestinement
un cochon dans son appartement du septième étage. Pour mener son « plan de
production » jusqu'au bout, elle doit savoir jouer en finesse. Il y a des voisins jaloux
et mouchards. Les deux gamins de la famille, Zeca et Ruca, déploient des stratagèmes
ingénieux pour neutraliser ces gens-là.
Malheureusement ils ont assez vite une divergence avec leur père. Lui, trouve que le cochon
s'embourgeoise et ne perd rien pour attendre tandis qu'eux s'y attachent comme à
un ami. « C'était devenu un pourceau raffiné, un brin protocolaire. Il
mimait avec son groin des courbettes de remerciement, avait appris à faire signe de sa patte
droite et se pâmait, ventre à l'air, à la moindre chatouille que lui
faisaient les enfants. »
Une satire, somme toute, très savoureuse.
Le 13 mai 2001
Samuel Holder
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