Le Porc épique

de Manuel Rui

Éditions Dapper (1999)
107 pages

Avec ce récit de l'écrivain angolais Manuel Rui, il est impossible de ne pas rire de la première à la dernière page, sans interruption.

En 1975, l'Angola, ancienne colonie portugaise accède à l'indépendance. Le carnaval de la capitale, Luanda, a été rebaptisé Carnaval de la Victoire. Comment, quelques années plus tard, un cochon de lait se retrouve-t-il affublé de ce nom glorieux ? Nous n'allons pas le révéler. Un des problèmes de la population est que la viande fait défaut et que le poisson finit par lasser. Avec les dirigeants nationalistes au pouvoir, qui copient le langage et les manies des régimes cubain et soviétique, tous les épisodes de la vie quotidienne deviennent éminemment « politique ». En ce qui la concerne, la population mène donc une lutte acharnée contre le poisson-fritisme.

Dans le cadre de ce combat, une famille a décidé d'élever clandestinement un cochon dans son appartement du septième étage. Pour mener son « plan de production » jusqu'au bout, elle doit savoir jouer en finesse. Il y a des voisins jaloux et mouchards. Les deux gamins de la famille, Zeca et Ruca, déploient des stratagèmes ingénieux pour neutraliser ces gens-là.

Malheureusement ils ont assez vite une divergence avec leur père. Lui, trouve que le cochon s'embourgeoise et ne perd rien pour attendre tandis qu'eux s'y attachent comme à un ami. « C'était devenu un pourceau raffiné, un brin protocolaire. Il mimait avec son groin des courbettes de remerciement, avait appris à faire signe de sa patte droite et se pâmait, ventre à l'air, à la moindre chatouille que lui faisaient les enfants. »

Une satire, somme toute, très savoureuse.

Le 13 mai 2001

Samuel Holder

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