Deux frères

Film de Jean-Jacques Annaud

2004, 109 minutes
Vous trouverez ci-dessous deux points de vue sur ce film.

Si vous aimez les contes animaliers, si vous êtes un enfant entre 5 et 105 ans, pas besoin de prétexte pour aller voir « les deux frères » : une mamie à sortir ou un petit neveu que vous accompagnez « pour lui faire plaisir ». Du plaisir, vous en ressentirez à suivre le parcours haletant de deux petits tigres qui deviennent grands, pris entre les griffes des humains. L'action se situe dans l'Indochine colonisée par la France, pendant l'entre-deux-guerres. Entre les paysans qui craignent la présence des fauves, les vrais ou faux chasseurs en mal de trophées, les directeurs de cirque, tous ceux qui ont intérêt à exploiter les richesses de la jungle pour des intérêts directement monnayables, les êtres humains en général ne sont pas présentés à leur avantage. Ce sont nos deux tigres qui en convertiront certains à la cause animale et leur redonneront leur part d'humanité. Dans ce monde en blanc, noir et gris, ce monde avec ses bons, ses méchants et ses demis bons-méchants, la loi de la jungle est du côté de ceux qui exploitent, que ce soit les richesses culturelles ou naturelles, ici admirablement filmées. La vie de nos deux tigres n'est donc pas un long fleuve tranquille et jusqu'au bout, on suit ses méandres, souvent tristes, parfois drôles. Quant à la fin...

Fréquenterez-vous encore des zoos ou des cirques avec des représentations de grands mammifères après avoir vu ce film ? A vous de savoir. Même s'il est bon de savoir que ce film qui est une ode à la vie sauvage n'a pu être réalisé qu'avec la « participation » de 19 tigres, domestiqués.

Le 17 avril 2004

Laurent


Je viens de lire avec intérêt l'article de notre ami Laurent et force est de constater que je ne partage malheureusement pas du tout son avis sur le dernier long-métrage de Jean-Jacques Annaud...
Malheureusement, dis-je, car en allant le voir, j'étais prêt à quelques concessions pour passer un moment de détente. Et malheureusement car, ne me faisant malgré tout que peu d'illusion, j'espérais en mon for intérieur que le réalisateur de « L'ours » réussirait une nouvelle fois à nous faire partager son rêve animalier.

Or, il semble que Jean-Jacques Annaud se soit complu, cette fois, dans la facilité.

Le scénario

Certes, il n'était pas question de s'attendre à une profondeur de pensée abyssale dans un tel film. Et telle n'était certainement pas l'intention de l'auteur. Néanmoins, un scénario un tantinet moins simpliste n'aurait rien gâché pour autant. Il semble qu'en voulant s'adresser au plus grand nombre, le réalisateur ait galvaudé son talent. A l'instar de certains long-métrages des studios Walt Disney, « Les Deux Frères » a une fâcheuse tendance à oublier les différents niveaux de lecture que le 7ème Art se doit, dans la mesure du possible, d'offrir au spectateur. Le meilleur exemple restant, encore aujourd'hui, l'incommensurable dessin animé « Le Roi et l'Oiseau » de Paul Grimault et Jacques Prévert, inspiré du conte d'Andersen « La Bergère et le Ramoneur ».
De ce point de vue, Jean-Jacques Annaud semble oublier qu'au-delà de l'image, le message a son importance. A l'heure de la télévision et du DVD, l'esprit critique d'un enfant se forge aussi à travers le cinéma.

L'image

Mais lorsque l'histoire fait défaut, l'esthétique d'un film peut –parfois bien que rarement- suffire à lui rendre son intérêt. Las, ce ne fut pas le cas ! Ici, tout n'est que banalité. Le cadrage fait défaut et la plupart du temps le sujet principal –que ce soient les tigres ou bien les monuments- se trouve parfaitement centré, « en plein dans la pastille », comme disent les photographes. Quant aux éclairages, ils ne brillent pas par leur originalité.
Bref, Jean-Jacques Annaud semble avoir omis un détail : entre « L'Ours » et « Les Deux Frères », des réalisateurs parmi les plus talentueux nous ont habitué à des productions de bien meilleure facture : je veux parler en particulier de « Microcosmos » qui, bien qu'exempt de tout scénario, était une pure merveille du point de vue des images et du traitement de la lumière.

Les tigres

Alors restent les tigres. Difficile de trouver un animal plus attachant... à part peut-être un nounours. Seulement voilà : « Les Deux Frères » pousse l'anthropomorphisme un peu trop loin pour que l'histoire conserve son charme, et surtout sa crédibilité. Au final, nos deux « acteurs », qui eux ne gâchent pas leur talent, finissent par perdre leur sauvagerie qui les rend naturellement si attirants.
Je passerai d'ailleurs sur la fin qui frise le ridicule...

La prouesse

Évidemment, il serait injuste de ne trouver à ce film que des défauts. Et s'il est une qualité qui mérite d'être soulignée, c'est à coup sûr celle du dressage. Car si Jean-Jacques ANNAUD arrive –presque- à nous faire passer des tigres pour ses peluches, ils n'en restent pas moins de dangereux fauves.

En conclusion, mon seul regret sera finalement de n'avoir pas visité les coulisses du film. Et pour une fois le DVD présentera sûrement un intérêt accru par rapport au film en salle : celui du « making-of » qui fait cruellement défaut au cinéma.
Achèterai-je le DVD pour autant ? Rien n'est moins sûr...

Le 3 mai 2004

Comte Zéro

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