Les six histoires que nous raconte l'écrivain japonais Haruki Murakami se passent
peu après le grand tremblement de terre qui ravagea la ville de Kobe en 1995. Il n'y a aucun
développement sur cette catastrophe qui n'est évoquée que de façon allusive
mais récurrente.
Les séismes dont il est question ici sont d'ordre psychologique. Ils peuvent paraître
infimes. On ne sait pas s'ils déboucheront sur un cataclysme personnel ou sur la
réorientation d'une existence sur des bases nouvelles, plus sereines. Ces séismes se
manifestent par une gueule de bois, un cauchemar, une demande incongrue faite par un tiers, une interrogation
un soir au bord d'une plage ou au cours de vacances en Thaïlande.
Les héros de ces récits sont un vendeur, une lycéenne, un employé dans une
imprimerie, une femme médecin, un employé de banque, des étudiants… Un lien
vivant de proximité est créé dés le début de chaque nouvelle entre le
personnage et le lecteur. Et soudain, il y a la découverte chez l'un ou l'autre de ces
personnages d'un vide intérieur, d'un manque, de la douleur d'une séparation,
d'un non-dit insupportable. L'un d'eux dit tout simplement : « Je ne sais pas pourquoi
je vis. »
Rien de sinistre au demeurant dans l'évocation de ces destins. Tout est exprimé avec
retenue et délicatesse. Murakami nous confie des histoires au charme étrange et
pénétrant qui respectent la part de mystère propre à chaque être
humain.
Le 8 mai 2003
Samuel Holder
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