Ravic est un grand chirurgien allemand ayant dépassé la
quarantaine qui se retrouve « sans papier » à Paris en 1938. Il a
réussi à s'enfuir de l'Allemagne nazie après avoir
été torturé par la Gestapo. Mais pour la République
française, il n'est qu'un étranger indésirable parmi tant
d'autres. On peut l'expulser à la suite d'un simple contrôle
d'identité.
Il travaille illégalement dans une clinique réputée, pour un
chirurgien français qui y trouve son compte en lui confiant les opérations
les plus délicates. Il est amené à fréquenter aussi bien les
bas-fonds de la société que les salons du « Tout Paris ».
La guerre approche mais les riches mènent joyeuse vie. Les petits-bourgeois
continuent à faire des projets, indifférents aux bruits de bottes qui
montent dans toute l'Europe. Ils étouffent leurs appréhensions en se
disant qu'après tout « nous avons la ligne Maginot ».
Mais dans Paris, il y a aussi des exilés qui vivotent au bord du désespoir
dans des hôtels minables.
Ravic et son ami Morosow, qui est portier dans une boîte de nuit, jouent aux
échecs et s'appliquent à noyer leur anxiété dans
l'alcool, sans trop de succès. Être cynique ou désabusé
arrangerait bien Ravic mais il en est incapable. Sa vitalité l'emporte. Il
veut se venger de son tortionnaire qui se pavane à Paris. Contre toute attente, il
tombe amoureux d'une émigrée d'origine italienne. Ils
s'engagent dans une relation intense et difficile parce que rien dans leur situation
ne contribue à la stabilité des sentiments.
La peinture du Paris des exilés en 1938-1939 est attachante. Comme dans les autres
romans de Remarque, les principaux personnages suscitent la sympathie par leur humour et
surtout par leur sincérité.
Le 25 juin 2001
Samuel Holder