Louise-Michel… un film qui fait du bien !
Bien-sûr le film est une façon de donner un coup de chapeau à la
célèbre « communarde », elle apparaît d’ailleurs tout
à la fin. Mais ici Louise Michel font deux : un homme et une femme ! (il faut aller voir le
film pour comprendre le point d’exclamation, nous n’en dirons pas plus…). Et ils
ne vivent pas en 1871 mais à notre époque. Louise Michel donc sont deux mais ne
forment qu’un dans cette histoire loufoque dans laquelle ils sont embarqués, à
la recherche du patron qui a mis à la porte de leur usine Louise et ses copines. Elles ont
mis en commun leurs primes de licenciement pour se payer un tueur à gage afin de le
buter.
Les bonnes âmes diront que ce n’est pas bien de souhaiter la mort de quelqu’un.
C’est vrai… et pourtant, avouons-le sans faire de manières, qu’est-ce
qu’on a envie qu’ils le trouvent leur patron ! La recherche se révèle
compliquée dans ce capitalisme mondialisé : le vrai ou nouveau patron est toujours
à chercher ailleurs, plus loin. Il faut le traquer dans les paradis fiscaux, à
l’instar de ses usines, il se « délocalise » en permanence.
Bien sûr nous savons bien qu’il ne suffit pas de tuer un patron pour que le
système change, que là n’est pas « la » solution… Il nous
revient alors la récente affaire Rouillan, le film sur la bande à Baader : quel
« matraquage » ces derniers temps pour nous faire haïr et condamner ceux qui ont
buté des patrons « pour de vrai ». Et voilà que le film de
Kervern-Delépine, sorti en décembre 2008, avec une Yolande Moreau aussi attachante
que dans « Séraphine », vient mettre son grain de sable dans ce beau concert de
condamnation. Car les spectateurs se surprennent à être complètement solidaires
des ouvrières et de leur projet. Serait-ce la crise qui commencerait à faire ses
effets sur notre sens de la morale ? Voilà que nous rions au lieu de nous indigner !
Serait-ce le signe que la révolte gronde au fond de nous et que nous serions prêts
à la laisser déborder ? C’est bien ce que semblent craindre nos dirigeants en
tous les cas : les journalistes se font régulièrement l’écho de leur
peur de l’explosion sociale.
Le film tombe, malgré lui, à pic : en pleine crise, à l’heure où
les licenciements se comptent à la pelle et où l’injustice sociale devient
tellement criante que le projet de Louise, somme toute, nous fait indéniablement
plaisir …et puis, nous restons dans le virtuel et la comédie. Un film
déjanté ? Oui, mais qui réveille en nous le « communard » qui
sommeille !
Le 27 janvier 2008
Nadine Floury
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