Louise-Michel

Film de Gustave de Kervern et Benoît Delépine

2008, 90 minutes

Louise-Michel… un film qui fait du bien !

Bien-sûr le film est une façon de donner un coup de chapeau à la célèbre « communarde », elle apparaît d’ailleurs tout à la fin. Mais ici Louise Michel font deux : un homme et une femme ! (il faut aller voir le film pour comprendre le point d’exclamation, nous n’en dirons pas plus…). Et ils ne vivent pas en 1871 mais à notre époque. Louise Michel donc sont deux mais ne forment qu’un dans cette histoire loufoque dans laquelle ils sont embarqués, à la recherche du patron qui a mis à la porte de leur usine Louise et ses copines. Elles ont mis en commun leurs primes de licenciement pour se payer un tueur à gage afin de le buter.

Les bonnes âmes diront que ce n’est pas bien de souhaiter la mort de quelqu’un. C’est vrai… et pourtant, avouons-le sans faire de manières, qu’est-ce qu’on a envie qu’ils le trouvent leur patron ! La recherche se révèle compliquée dans ce capitalisme mondialisé : le vrai ou nouveau patron est toujours à chercher ailleurs, plus loin. Il faut le traquer dans les paradis fiscaux, à l’instar de ses usines, il se « délocalise » en permanence.

Bien sûr nous savons bien qu’il ne suffit pas de tuer un patron pour que le système change, que là n’est pas « la » solution… Il nous revient alors la récente affaire Rouillan, le film sur la bande à Baader : quel « matraquage » ces derniers temps pour nous faire haïr et condamner ceux qui ont buté des patrons « pour de vrai ». Et voilà que le film de Kervern-Delépine, sorti en décembre 2008, avec une Yolande Moreau aussi attachante que dans « Séraphine », vient mettre son grain de sable dans ce beau concert de condamnation. Car les spectateurs se surprennent à être complètement solidaires des ouvrières et de leur projet. Serait-ce la crise qui commencerait à faire ses effets sur notre sens de la morale ? Voilà que nous rions au lieu de nous indigner ! Serait-ce le signe que la révolte gronde au fond de nous et que nous serions prêts à la laisser déborder ? C’est bien ce que semblent craindre nos dirigeants en tous les cas : les journalistes se font régulièrement l’écho de leur peur de l’explosion sociale.

Le film tombe, malgré lui, à pic : en pleine crise, à l’heure où les licenciements se comptent à la pelle et où l’injustice sociale devient tellement criante que le projet de Louise, somme toute, nous fait indéniablement plaisir …et puis, nous restons dans le virtuel et la comédie. Un film déjanté ? Oui, mais qui réveille en nous le « communard » qui sommeille !

Le 27 janvier 2008

Nadine Floury

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