Bombon el Perro

De Carlos Sorin

avec Juan Villegas et Walter Donado
Argentine, 2004, 97 minutes

Carlos Sorin a déclaré dans une interview au quotidien Le Monde du 31 août dernier : « Sur le plan thématique, du moins pour moi, je ne pourrais pas raconter une histoire qui ne soit pas liée à la crise économique et sociale. C’est comme si, dans ce pays, faire un film d’imagination, de pure fiction, était devenu immoral. »

Carlos Sorin se confronte à la réalité de son pays de façon très originale. Le personnage principal de ce film Bombon el Perro est un employé d’une station-service de Patagonie qui a été licencié. Un « perdant » parmi des millions d’autres. À plus de cinquante ans, Juan essaie de survivre en vendant des couteaux dont il confectionne les manches dans des bois précieux. Difficile de trouver des clients car même ceux qui ont encore un emploi, sont trop fauchés pour les lui acheter à un bon prix. Il habite chez sa fille qui doit élever ses enfants et faire tourner la maison seule car son mari est complètement déprimé. Juan se fait tout petit, tout discret, mais comment s’en sortir ?

Cet homme a un profil qui n’est pas en phase avec une réalité sociale impitoyable. Il est fondamentalement gentil avec tout le monde, y compris avec des inconnus qu’il rencontre dans ses déplacements. Il ne sait pas se faire valoir. Il est toujours prêt à rendre service pour rien. Pas bon çà, dans un monde où il faut savoir séduire, « se vendre », être sur ses gardes et être plus fort que les autres. Sauf qu’un hasard va modifier sa situation en sa faveur. Quelqu’un, à qui il a rendu service, va lui donner un chien portant le nom de Bombon, en l’occurrence un dogue blanc ayant un excellent pedigree. Du coup, par ricochet, son nouveau propriétaire ne va plus du tout être perçu comme quelqu’un de modeste et d’insignifiant. Bien des choses peuvent alors arriver ; d’autant plus que « Bombon le chien », ce n’est pas n’importe qui, ni par sa taille et ses crocs, ni par sa personnalité !

Carlos Sorin a réussi à merveille à jouer sur plusieurs registres, la mélancolie, la chaleur humaine, quelques pointes d’humour et d’ironie, et un regard intransigeant sur les effets de la crise sociale. Un « road movie » très singulier, à ne manquer sous aucun prétexte.

Le 6 septembre 2005

Samuel Holder

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