La vierge des tueurs

réalisé par Barbet Schroeder

98 minutes

Ce n'est pas tellement qu'Alexis est beau. Ni l'écrivain. C'est leur amour qui est beau. Dans cette ville de Medellin en Colombie, où les “ narcos ” fêtent par des feux d'artifice une livraison réussie aux a vierge des tueurs, où la vie d'un homme vaut le billet qu'on donnera aux gamins de “ la Francia ” ou d'un autre bidonville pour tuer, la relation entre l'adolescent et l'écrivain à la recherche de ses souvenirs a quelque chose d'unique. Même si elle est née dans un bordel. Pas de mélo, pas de trémolo, on est à Médellin. Pas de beaux serments. La vie vaut le prix de cette journée, de cet instant, parce que demain… Alors il faut pas spécialement les ennuyer, Alexis et l'écrivain. Et un voisin bruyant, ça doit pas empêcher l'écrivain de dormir. Alexis peut lui arranger ça. Par amour. Oui, Alexis se protège avec son flingue. Est-ce que ce n'est pas son saint protecteur – aussi beau que la vierge des tueurs – depuis qu'il est tout gosse ? Oui, le flingue, c'est ce qui permet à Alexis d'obtenir ce qu'il veut dans la vie, des fringues classes, un repas. Le reste, ce dont il rêve, une chaîne hi-fi, une télé, c'est l'écrivain qui les lui paient. Presque tout en fait, sauf ce qu'il aimerait vraiment : un petit pistolet mitrailleur. Oui, l'écrivain a mis entre lui et la réalité une bonne dose de cynisme. Est-ce que quelqu'un leur fera la morale ? Ce qui est vrai, c'est que leur amour est une fleur poussée sur la merde de cette ville de tueurs, de prostitués, de junkies, de politiciens pourris. Les fleurs, c'est beau. C'est fragile, surtout dans les rues de Medellin, surtout si un jour, on sort sans flingue.

Le 24 septembre 2000

Laurent

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