Le Dieu des Petits Riens

d'Arundhati Roy

Éditions Folio (juillet 2002)
Roman traduit de l'anglais, 439 pages

En publiant ce premier roman en 1997, Arundhati Roy a obtenu le succès auprès de nombreux lecteurs et auprès de la critique avec le Booker Prize. Cette femme née en 1959 en Assam écrit aussi des scénarios de films. Sa mère est originaire du Kerala au sud-ouest de l'Inde et son père est bengali.

Arundhati Roy est une militante engagée dans le mouvement altermondialiste. Elle combat aussi bien la politique réactionnaire de l'administration Bush que Ben Laden « ce vieil acolyte de la CIA ». Elle lutte contre les essais nucléaires indiens et pakistanais, et le fondamentalisme hindouiste. Elle dénonce toutes les formes d'oppressions en Inde, celles provoquées par la sauvagerie du capitalisme et celles liées à une société rurale cloisonnées en castes, clans et cultes.

Elle a choisi de rester vivre à Delhi et elle a déclaré au Monde (21 décembre 2002) : « Je ne peux pas aller m'acheter une vie ailleurs. Ce n'est pas parce que j'adore l'Inde, mais je fais partie de la biodiversité, avec les oiseaux ou les poissons. Et puis, là où je vis, il est important d'être un hooligan, un citoyen qui dérange. Il faut se servir de sa liberté, sinon on vous la reprendra ! »

Arundhati Roy ne pratique pas la langue de bois politicienne. Elle déclare : « Un roman, c'est sacré, je ne veux pas l'utiliser à d'autres fins, c'est un morceau de philosophie, un moyen de réfléchir sur le monde. »

« Le Dieu des petits riens » le confirme. Ce roman a un ton juste, clair, féroce jusqu'à l'horreur. On ne peut le lâcher jusqu'à la dernière page. Le récit se situe dans un bourg du Kerala près de la ville de Cochin dans les années soixante. Il entremêle le destin de nombreux personnages. Sans y prendre garde, par des chemins complexes comme ceux de cette nature et de cette société, nous entrons en empathie avec eux.

Deux jumeaux de huit ans, Rahel et Estha sont confrontés à un fait atroce et contraints de choisir entre la vérité et le mensonge censé sauver leur mère. Cet événement va les séparer. Ils vont quitter l'Inde puis y revenir et chaque fois, s'y retrouver eux et leur maison : l'ombre du grand-père entomologiste, la grand-mère dirigeant une fabrique de « confitures », l'oncle coureur de femmes et communiste d'opérette, la grand-tante amoureuse mystique d'un prêtre irlandais à la foi incertaine, et surtout leur mère et leur ami Velutha, l'intouchable. Sur fond de mousson, de fleuve noir, de plantation de café à l'abandon, d'une faune diverse et souvent inquiétante, les vies s'écoulent et se ruinent.

Et pourtant ce roman se termine par une fulgurante histoire d'amour.

Le 2 mars 2003

Hélène Dujardin

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