Pereira prétend

d'Antonio Tabucci

Éditions 10/18, 202 pages
  • Facile à lire Facile à lire
  • Illustration : Lisbonne (Samuel Holder, avril 1993)
Lisbonne

Août 1938 : le dictateur Salazar règne depuis des années sur le Portugal et il vient d'envoyer un corps expéditionnaire aux côtés de l'armée franquiste. Dans Lisbonne écrasée de soleil, le vieux journaliste Pereira vivote. Après avoir traité pendant longtemps les faits divers, il a été promu rédacteur de la page culturelle du Lisboa, un journal qui se dit « apolitique et indépendant à tendances catholiques ». Autant dire que son directeur a les meilleures relations avec le régime en place.

Pereira n'a a priori rien de subversif. Tout au plus éprouve-t-il une sourde réticence à l'égard du dogme de la résurrection de la chair ! Ce veuf obèse et cardiaque vit en solitaire. Il adore la littérature française du XIXe siècle, les omelettes aux fines herbes et les citronnades copieusement sucrées. Ses seuls échanges, il les a avec le portrait de sa femme défunte avec qui il poursuit un dialogue muet.

Deux jeunes antifascistes vont bousculer son existence étriquée : Monteiro Rossi et son amie Maria, constamment talonnés par la police de Salazar.

Le début de phrase Pereira prétend revient tout au long du récit comme s'il s'agissait d'un rapport de police baignant dans une suspicion permanente. Pereira ne « prétend » rien. Il sort de son ennui et de ses méditations sur la mort pour s'ouvrir à d'autres, pour s'affirmer, presque en douceur, contre un ordre injuste, celui des censeurs, des mouchards et des tortionnaires. Cet homme effacé reprend goût à la vie. Ceux qui ont suscité sa prise de conscience y sont pour beaucoup.

Le 11 janvier 2001

Samuel Holder

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