Ce livre qui nous a été recommandé n'a pas eu l'honneur de la critique. Nous avons demandé à son auteur de nous le présenter et elle a bien voulu nous fournir les éléments suivants, ce dont nous la remercions.
Il s'agit donc d'un ouvrage de la Collection "L'interrogation philosophique" (PUF) avec une introduction sur "le concept de philosophie des sciences" (p.1-4) et cinq chapitres:
Il expose des théories actuelles (introduction, ch.1, 5, et conclusion) et anciennes (ch.2, 3 et 4) sur la science dans son devenir et se termine en insistant sur l'importance de l'histoire (intellectuelle) des sciences tout en laissant place à d'autres approches plus sociales.[...]
Ayant pour objet de connaître les méthodes et leurs objets, les processus adoptés et leurs résultats, le philosophe des sciences saisit les démarches qui sous-tendent le discours scientifique. Il écrit dans une perspective philosophique tout en respectant l'histoire des sciences. Comment la science s'est-elle faite et comment se fait-elle actuellement ? Telle est la double question que se pose le philosophe des sciences. L'auteur fait sien ce que rappelait Jean Cavaillès : "Ce qui est après est plus que ce qui était avant, non parce qu'il le contient ou même qu'il le prolonge, mais parce qu'il en sort nécessairement et porte dans son contenu la marque chaque fois singulière de sa supériorité."
LA DÉDICACE DE L'AUTEUR : Pour accéder aujourd'hui
à une notion vraie de la nature, nous devons faire l'effort de nous introduire
dans les différents domaines scientifiques fondamentaux et tels que
mécanique classique, mécanique quantique, astronomie, cosmologie, mais
encore biologie, sciences cognitives, et bien d'autres... Les antiques questions que
posèrent les philosophes - ne serait-ce que celle concernant le temps : a-t-il
commencé ? qu'y avait-il auparavant ? - vont donc trouver progressivement,
laborieusement, leurs réponses scientifiques jusqu'à laisser entrevoir
qu'un jour sera sans doute connue la science totale de la nature.
Cette unité profilée de la science qui semble devoir se confirmer
au-delà d'une diversité croissante rejoint elle aussi une antique
hypothèse philosophique qui n'en finit pas et de se vérifier et de se
diversifier. De toutes ces sciences, qui s'alignent dans l'histoire humaine et se
manifestent dans leur propre histoire, il ressort chaque fois précisément
et différemment une philosophie qui n'en finit pas de se réaliser ; en
effet, chaque fois s'implique une philosophie appelée à se
préciser et à se rectifier dans une approximation toujours plus grande de
la vérité scientifique qui se formule dans sa relation indéfectible
à la réalité du monde et de l'homme. L'entreprise
d'établir une philosophie des sciences à la fois dans une permanence
liée aux multiplicités de sa croissance temporelle et dans une
continuité sujette aux discontinuités de son apparence, donc une
philosophie des sciences s'ajustant au mieux à l'être même des
sciences, devait donc s'appuyer sur une définition du concept de philosophie
des sciences.
Ce concept mobilise nécessairement les concepts de science et de philosophie, et
chacun des deux s'actualise dans une histoire des sciences comme dans une histoire
des philosophies. Nous avons voulu expliciter les philosophies : soit qu'elles aient
visé à s'adapter aux sciences étudiées, soit qu'elles
aient habité - ou qu'elles habitent - les sciences dans leur projet
même. L'idéal pour une philosophie des sciences serait de pouvoir
combiner autant les rationalités scientifiques que les
régularités-légalités de la nature à travers
l'examen des procédures adoptées par les scientifiques et compte tenu
des résultats qu'entraînent leurs méthodes.
La double question essentielle nous a paru être la suivante : Comment la science
s'est-elle faite et comment la science se fait-elle actuellement ? - Où
l'on voit l'importance d'une histoire des sciences qui puisse rendre compte
des démarches de l'esprit scientifique.
Le 2 novembre 2000
Angèle Kremer-Marietti