Le jour du déclenchement de la guerre du Kippour (1973) Ruso
entraîne avec impatience et désinvolture son ami Weinraub au devant des
chars syriens : pour leur génération, c'est la première fois
qu'ils peuvent défendre les armes à la main la terre d'Israël
à l'ennemi arabe. Mais en fait de combats glorieux, Ruso et Weinraub se
retrouvent dans les unités aériennes chargées d'aller
récupérer les blessés sur le front. Ce n'est pas la mort des
ennemis qui fait le quotidien de " leur guerre " mais la sauvegarde de la vie
de leurs compatriotes. Le plateau du Golan, véritable océan de boue
sillonné par les chars, devient le théâtre d'une épuisante
lutte contre la mort, et aussi contre la folie qui finit parfois par attraper ces hommes
qui ont troqué tout désir guerrier pour une humanité
débordante. Ils supportent l'insupportable, mais c'est parce que sans eux
tout serait encore plus barbare.
Amos Gitaï met en scène ses propres souvenirs, ceux d'un jeune soldat
(Weinraub dans le film) qui a été le seul survivant de son unité
lors d'un crash d'hélicoptère. C'est lui qui se livre à
nos regards, lorsque Weinraub pleure, tremble, sue la peur, caresse le front d'un
homme qui va mourir mais c'est nous qui nous sentons nus devant la force de ce film,
une force de celles qui nous animent dans la révolte et dans l'espoir.
Le 21 septembre 2000
MH