L'action du film se situe dans l'Algérie coloniale de 1903.
C'est l'histoire de révoltes sans issue. Celle d'Algériens accusés
du massacre de sept Européens, jugés à Montpellier et défendus par un
brillant avocat progressiste. Celle de femmes, prisonnières du conformisme, des convenances,
de la loi du silence et de l'hypocrisie d'un milieu de petits bourgeois coloniaux,
prêts à tout pour protéger leur place dans la société et leurs
valeurs. Chez ces gens-là, comme aurait pu le chanter Brel, ce sont les hommes qui font la
loi. Et leur loi les amène à toutes les trahisons. Pas étonnant dès
lors, qu'Adèle, la fille d'instituteurs « rouges », répudie son
amant, Jean, le brillant avocat, qui renoncera à sa belle plaidoirie anticolonialiste face
aux menaces de ses semblables. Pas étonnant, dès lors, que Dolorès ait
renoncé à vivre et à plaire depuis si longtemps, pour fuir les assauts de
l'homme qui a gâché son existence et qui fait peser sur sa souffrance le poids du
secret. Convenances obligent. Mais les secrets de famille, qu'ils soient gardés par la
bonne, ou qu'ils fassent pleurer la mère, percent toujours. Jusqu'à faire
mourir Eujénia, qui elle, aimait « avec tout son amour », sans secret ni
arrière pensée. L'histoire du film est un long et douloureux chemin vers la
vérité des âmes et des cœurs. Les personnages masculins n'en sortent
pas indemnes. Il nous reste de beaux portraits de femmes, magnifiquement interprétés,
auxquels la simplicité d'une mise en scène théâtrale et intimiste,
donne la force d'une tragédie. Une tragédie méditerranéenne, sur
fond de paysages de mer, d'oliviers, de soleil, mais cependant sans aucun exotisme, tant la
violence de la misère humaine et de l'oppression, qu'elle soit celle des femmes ou
celle des peuples dominés résonne avec notre actualité.
A voir absolument (si on a le moral).
Le 7 décembre 2001
Laurent
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