Par ces temps de crise économique, un livre à lire…

Les agents de l’économie

Patrons, banquiers, journalistes, consultants, élus. Rivaux et complices.

250 pages, ISBN : 978-2912107374

Publié en 2007 par les éditions « Raisons d’agir », ce livre du sociologue Christian de Montlibert analyse les situations sociales des divers acteurs du monde de l’économie, nous éclaire sur les liens qui les unissent et leur intérêt commun à faire primer le point de vue économique en inculquant une certaine manière de voir et de penser le monde.

Les banquiers et les dirigeants d’entreprises, possédant le capital financier, continuent à occuper une position centrale ; les élus nationaux et locaux, par les décisions politiques et administratives qu’ils sont amené à prendre contribuent à défendre leurs intérêts en leur permettant de réaliser un maximum de bénéfices.

À ces acteurs « classiques » du système économique sont venus s’ajouter plus récemment d’autres agents terriblement efficaces : les consultants et conseillers et les journalistes économiques. Il y a eu une véritable explosion des cabinets d’audit, d’analyse et de conseil. Devenus des intermédiaires indispensables, spécialistes des nouvelles techniques d’organisation du travail, ils se donnent le rôle à la fois de « médecins » qui diagnostiquent les dysfonctionnements des entreprises et d’ « entraîneurs sportifs » qui visent à les rendre plus performantes. Quant aux journalistes économiques, bien qu’ils se réclament de la plus grande indépendance et neutralité, ils contribuent « à la diffusion d’une manière toute économique de voir le monde en apportant aux classes dirigeantes les mots et les manières de penser les moyens de leur domination ». Les propriétaires des journaux et de nombreuses chaînes de télévision étant dorénavant des chefs d’entreprises célèbres, cela rend caduque leur revendication d’autonomie.

Tous ces gens ont fréquenté les mêmes écoles, avec des variations dans leurs parcours de formation, entretiennent un réseau de relations, se rencontrent dans les mêmes clubs et associations. Tous partagent et contribuent à fabriquer cette croyance quasi religieuse que l’économie dirige le monde, que c’est une « loi naturelle », qu’elle a ses héros par exemple des chefs d’entreprises tout autant « visionnaires » qu’ « aventuriers » qui veulent aller de l’avant et ses vaincus, par exemple les syndicalistes qui freinent le progrès. Tous sont persuadés qu’il faut mettre en place de nouvelles pratiques qui tournent autour de deux mots-clés, « adaptation » et « modernisation ». Tous enfin sont persuadés que l’ère de la lutte des classes est une époque périmée. Leur discours sur l’économie, discours de « dominants », qui s’est imposé sur les autres façons de penser le monde, qui s’est légitimé comme répondant au principe de réalité, a fini par être intériorisé par grand nombre de « dominés », d’autant plus facilement que ceux-ci, soumis aux contraintes de la précarité, ont adopté des postures individualistes... même si, et c’est la conclusion de ce livre, « des mobilisations collectives puissantes viennent parfois en freiner l’extension ».

Le 17 décembre 2008

Nadine Floury

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