Sur ce site nous proposons des références et des
points de vue sur des uvres de tous les pays et de toutes les époques. Notre
but est d'aiguiser la curiosité, de provoquer le plaisir de lire, le plaisir
d'élargir ses connaissances, ce qui nous conduira ensemble à dialoguer
avec des créateurs et des découvreurs d'hier et d'aujourd'hui.
Au travers des uvres présentées, nous souhaitons faciliter des
échanges fructueux entre ceux et celles qui luttent contre toutes les formes
d'injustice. Nos choix s'opèrent dans une optique
déterminée : nous voulons changer la société radicalement et
nous pensons que la culture est un vecteur puissant pour y parvenir.
" La révolution en permanence ! "
s'écriaient Karl Marx et Friedrich Engels en 1850 après la vague
révolutionnaire en Europe. Un siècle et demi plus tard, notre exigence est
la même. Seule une révolution à l'échelle mondiale
assurera, non seulement la survie de l'humanité mais
l'épanouissement de chacun de ses membres et la possibilité de grandes
conquêtes tant sur le plan du savoir que de la création.
Il nous faut imaginer une révolution permettant l'émergence
d'une société sans marché, sans Etat et sans violence. Cela
signifie, dès maintenant, ne respecter aucun des discours, aucune des
institutions, aucun des pouvoirs de tous ceux qui s'arrogent le droit de licencier,
d'affamer, de polluer et de déclencher des guerres au gré de leurs
intérêts.
La culture est un levier nécessaire pour cela. Bien plus, elle est
indispensable à la lutte des jeunes, des femmes et des travailleurs de tous les
pays, pour rendre la révolution permanente et pour la mener jusqu'à son
terme. Dans la mythologie des anciens Grecs, le héros Prométhée
avait volé le feu au dieu Zeus pour le donner aux hommes, leur permettre
d'être forts et de vivre mieux. A notre époque, c'est le feu de la
culture qui aidera les travailleurs à être forts, à avoir confiance
en eux, à avoir conscience qu'ils forment une puissance porteuse de
progrès pour toute l'humanité.
Depuis cinquante ans l'évolution sociale et les progrès
technologiques ont apporté des éléments de culture importants et
inédits à des centaines de millions de travailleurs sur la planète.
Mais cela s'est opéré au travers des contradictions de la lutte de
classes. Les médias ne fournissent pas telles quelles les armes intellectuelles
pour leur émancipation. La société actuelle est dominée par
le pouvoir de l'argent. Ce pouvoir détériore et pétrifie les
relations humaines de même qu'il dessèche la culture et limite sa
diffusion.
Les obstacles pour la majeure partie de la population pour accéder aux
formes de culture les plus toniques et les plus enthousiasmantes sont avant tout sociaux
et politiques. Il y a le temps qui manque après avoir fait face à toutes
les difficultés de son travail, sa recherche d'un emploi, l'alternance
d'emplois précaires avec des périodes de chômage, les
tâches familiales, les problèmes de santé, etc. Il y a surtout
l'idée que "Tolstoï, Darwin, Bach, Vermeer ou Marx, ce n'est
pas pour moi. " Cet obstacle n'est pas contrebalancé par
l'existence de mouvements de jeunes, de femmes, de travailleurs ou de chômeurs
mettant suffisamment l'accent sur l'importance de la culture dans la lutte pour
l'émancipation de tous. Le patrimoine du mouvement ouvrier, ses idées,
ses combats, la vie de ses militants s'est en grande partie effacé des
mémoires. S'approprier ce patrimoine nous est vital.
Ces aliments culturels qui nous manquent, il va donc falloir nous en emparer,
les chercher, les assimiler selon nos besoins et en accord avec nos aspirations
personnelles et collectives.
Génération après génération, des
révolutionnaires ont établi naturellement le lien entre culture et
révolution. Notre démarche n'a rien d'original et s'inspire de
celle de bien des militants connus ou peu connus dans l'histoire du mouvement
ouvrier.
Voici celle qu'exposait le révolutionnaire et poète Marcel
Martinet dans son livre " Culture prolétarienne " en 1934 : "
A la culture prolétarienne incomplète et malaisée, à la
culture prolétarienne instable et précaire, il faut travailler dès
maintenant, avec passion.
Il le faut pour préserver l'héritage du passé, ce qui
dans le passé est l'héritage encore vivant, pour en prendre possession
réelle et le revivifier. Il le faut pour maintenir et élever la
dignité ouvrière, qui ne peut se priver de culture, et pour préparer
ainsi la révolution profonde, la révolution ouvrière et humaine qui
ne sera profonde qu'enracinée dans la culture. " [
] Nous
n'avons pas la confiance ingénue des vieux anarchistes dans l'organisation
spontanée des masses, nécessairement, magiquement lucide, parfaite
d'instinct et promise à la victoire. Nous croyons juste le contraire, puisque
nous croyons à la nécessité de la culture, à la
nécessité de l'organisation, à la nécessité de la
culture pour l'organisation. Et il est vrai que cela implique une sorte
d'enseignement mutuel où ceux qui savent plus, qui savent mieux, devront
dans ce qu'ils savent soutenir et guider les autres, lesquels à
l'occasion leur rendront la pareille. Mais cette entraide mutuelle n'implique
nullement l'existence d'états-majors autonomes, tels que nous les voyons
fonctionner et sévir. Elle implique leur suppression et la transformation radicale
de l'idée même de chefs. " [
] Nous cherchons les routes de
continuité et d'expansion de la culture vers l'avenir du destin des
hommes, nous cherchons la place immédiate et la légitimation de la culture
dans la tâche d'émancipation révolutionnaire du
prolétariat. "
Aujourd'hui, sur internet et ailleurs, la recherche se poursuit dans cette
même direction fondamentale.